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Critique de marchenry


Il faut se laisser prendre au charme vénéneux des romans brefs de Dominique Barberis, où rien ne se passe vraiment, des instants, où rien ne ressort véritablement, des détails, des souvenirs isolés, des sortes de lumières lointaines, des étoiles peut-être ou des loupiotes de bateaux dans un port allez savoir, jusqu'à ce que nous nous rendions compte que ces riens, ces instants, ces souvenirs et ces détails forment la trame lâche de nos vies, incertaines, peu et mal vécues, indéchiffrables

- « tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent/ pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne », on se croirait dans Alcools d'Apollinaire.

L'année de l'éducation sentimentale, vers le début des années 80, avait réuni à La Sorbonne trois jeunes étudiantes Anne, Florence et Muriel. Elles étaient amoureuses d'un professeur, Boulis, elles s'asseyaient au premier rang, Boulis « un mélange très normalien d'académisme et de gouaille » qui zézayait et qui consacrerait sa vie « façon de parler » au roman de Flaubert.

Elles se revoient trente ans après, deux jours de fin août, chez Muriel, dans sa grande maison à la campagne. Elles se sont perdues de vue, elles ne retrouvent pas leur complicité enfuie, leurs conversations font des zigzags, s'interrompent soudain. La chaleur de l'été brûle tout. Elles ont des secrets, des souvenirs qui remuent. Un orage tourne, qui finit par percer, une révélation aussi, c'est la fin du livre.

Boulis dit de l'Education sentimentale : « Rien n'arrive. Pas de sujet. Rien de décisif, la vie, n'est-ce pas, la vie... ».

L'année de l'éducation sentimentale est très réussi, très mélancolique, très vrai, la vie, n'est-ce pas, la vie. Il serre le coeur.
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