l'inepte insolent, qui nierait ou méconnaitrait la notion de Dieu n'aurait pas même le droit de mettre un syllogisme au service de son épouvantable négation.
Comme on ne prend bien la mesure des hommes que quand ils sont renversés, et que l'ombre et le corps ne s'ajustent exactement que par terre Lamennais tombé maintenant dans des doctrines de néant, comme Lucifer dans les ténèbres, nous fait mieux juger du Lamennais debout, dans la clarté vive de sa foi.
Le meilleur de ma tâche est fait. Joseph de Maistre et le vicomte de Bonald sont de ces hommes rares dans tout siècle, et plus rares encore dans le nôtre, dont la pensée et la vie ne flottèrent ni ne descendirent. Intelligences de sommet, ils restèrent toujours à la hauteur qu'ils avaient prise au premier essor de leur génie, au premier regard qu'ils lancèrent sur le monde de leur temps père de notre monde d'aujourd'hui.
L'histoire a marché sur les sophismes et les illusions de Chateaubriand.
Croire, en effet, que deux pouvoirs, – ou trois pouvoirs – pourront s'équilibrer en paix et se limiter avec harmonie c'est méconnaître l'immuable règle qui proclame que tout pouvoir a pour loi de s'étendre comme la lumière, et de faire sauter l'obstacle qui le comprime, comme la chaleur. Plus le pouvoir sera intelligent et fort, c'est-à-dire plus il sera pouvoir, et moins il souffrira devant lui de pouvoirs rivaux. Dresser donc un pouvoir devant, un autre, en dresser trois et faire leur partage, cela est vain, niais et insensé. L'un de ces pouvoirs, – le véritable – tuera les deux autres.
Quand une institution est vaine dans son principe, ce n'est plus qu'une ruine suspendue sur ceux qu'elle couvre de son apparente solidité.
Si j'avais à caractériser d'un seul trait le génie de Joseph de Maistre, je l'appellerais, avant tout, le Génie de l'Aperçu. Quand on lit ses œuvres, c'est d'abord cela qui frappe; et, quand on ferme le livre, c'est de cela que long-temps après on reste frappé.
Dieu, qu'ils ont servi de leur génie, les a payés d'assez de gloire pour que je n'en quête pas en leur nom une obole de plus.
Et nous, les amis et les serviteurs de ces principes immortels qu'on voudrait remplacer par des combinaisons d'un jour, nous acceptons le mot chargé de sa réprobation et de son injure. Nous le prenons pour ces grands esprits qui ne sont pas là pour le ramasser ; nous l'inscrivons sur leurs mausolées, car les plus beaux noms portés parmi les hommes sont les noms donnés par les ennemis.