J'ai été extrêmement séduit par ce roman. Thomas s'est créé son monde. Ses poèmes, vendus à un prix symbolique, ne sont pas signés. Tel Cyrano de Bergerac il prête son talent aux soupirants transis, aux timides, aux amoureux des mots… Il erre dans les parcs et les rues, personnage pittoresque de la ville, vêtu de son éternel costume d'où débordent de tous côtés ses poèmes uniques et éphémères offerts aux passants et au temps qui passe.
Mais a-t-on encore le droit dans notre monde d'être un artiste, un rêveur, un poète ? Les injonctions sociales sont là : trouver un travail, se marier, gagner de l'argent, avoir des relations, un statut social… A plus de 30 ans, ne serait-il pas temps de devenir un peu sérieux ? Mais Thomas n'a pas envie. Et puis, au fond, tout cela pour quoi ? Pour perpétuer un système et reproduire encore et encore ces mêmes injonctions ?
L'écriture de
Thaïs Barbieux est savoureuse, pleine de poésie et d'humour. Elle ne juge pas, ne cherche pas à justifier. Elle aussi, comme Thomas, s'est créée son monde à part. Et son monde est beau.
Tomas est trop sensible, trop sincère, trop honnête, trop tout, quoi. Il ne peut supporter que ses poèmes servent à de mauvaises fins. Qui est responsable : celui qui crée ou celui qui utilise à de mauvaises fins ?
Mais
Thaïs Barbieux n'est pas naïve. Elle sait bien que le monde n'est pas facile. Alors elle nous fait passer de petits messages, nous incite à l'action, nous dit qu'il faut oser, qu'on se fait parfois des montagnes, que, finalement, ce n'est pas si difficile. Tant de malentendus qui durent des années… et qu'un sourire, un regard, une parole peuvent désamorcer. Peut-être qu'au fond, c'est ça grandir. Et peut-être que Thomas, lui aussi, a une chance de trouver sa place dans ce monde.
L'autrice ne s'est pas enfermée dans les codes. Elle se fait plaisir, s'autorise de petits commentaires : « Attention, c'est la scène du baiser ! ». Ses poèmes, ses références à la mythologie grecque, même ses petites notes de fin d'ouvrage en font un ouvrage unique. J'ai adoré. Merci
Thaïs Barbieux. Je crois que je vais continuer à vous suivre