Comme le sang irrigue le corps, les canaux, les rii, sillonnaient la ville comme des veines, portant au soir le reflet soudain pesant des maisons sur l’eau opaque. Au-dessus de certains ponts, des femmes charnelles exposaient une nudité conquérante.
Marionnettes impassibles, elles ignoraient la peur et remettaient leur destin entre ses mains à elle, créature femelle aux contours indistincts dans l’obscurité.
Elle ne disait rien. Tous la regardaient, confiants et pleins d’espoir, cherchant un sens à son silence.
Silvio Corvinus est un jeune homme étrange qui fabrique des masques sur lesquels il peint parfois des choses très macabres. Mais après tout, nous utilisons le même mot pour visage et pour masque en dialecte vénitien. Corvinus ne fait qu'habiller notre apparence ou refléter ce que nous sommes vraiment. C'est selon...
Il n'y a qu'à Venise où les pigeons vont à pied et où l'on met des ailes sur le dos des lions !