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Critique de bdelhausse


On démarre plein pot dans cet Imajica avec un tueur à gages venu d'une dimension parallèle, immortel et surpuissant (bien que par la suite il se révèle assez vulnérable...). Puis on se pose, tranquillou-billou, et en tant que lecteur, on se demande où on est... On a l'impression rès rapidement que Clive Barker s'essaie à la littérature "générale", par opposition à la littérature dite "de genre" qu'on lui connaît.

Clive Barker met effectivement longtemps à faire monter la sauce. On est à Londres, à New York, on suit des alternativement des personnes en apparence déconnectées. Peu à peu une trame apparaît. Une confrérie multicentenaire de magiciens anglais... des créatures qui ont l'apparence d'humains mais n'en sont pas... Clive Barker tisse patiemment la toile où il compte prendre le lecteur. Les forces se dessinent peu à peu et le lecteur commence à identifier qui fait quoi.

Imajica est une sorte d'oeuvre cosmogonique dans laquelle Barker développe une vision d'un monde composé de 5 strates, 5 dimensions. Il y a bien longtemps, une Réconciliation a eu lieu, mais la 5è dimension, la nôtre, n'en a pas fait partie. Entre ces 4 dimensions et la nôtre trône l'In Ovo... un no-man's-land peuplé de créatures étranges, mortelles et inhumaines.

D'ailleurs, à ce stade de ma chronique un peu chaotique, j'aimerais m'apesantir sur le choix de la couverture dans la première édition chez Rivages/Fantasy... du Hieronymus Bosch. Et pas n'importe quel tableau du maître: dans la Tentation de Saint-Antoine, partie centrale, un détail appelé La Coloquinte habitée. Bosch est un excellent choix pour un tel roman. Et le symbole de la coloquinte est connu pour représenter l'alchimie, le fourneau alchimique. Autour de cette coloquinte règnent d'immondes créatures "à la Bosch", dignes de l'In Ovo de Barker.

Deuxième digression... pour les habitués de Clive Barker, on est dans Rivages/Fantasy... Pas dans Thriller, pas dans SF, pas dans Horror... Une fois la description (200 pages) des protagonistes faite, Barker plonge le lecteur dans une épopée très "dark fantasy" avec la progression de deux personnages dans les 4 dimensions vers la capitale et l'Autarch, despote sanguinaire (mais on a très peu de sang, malheureusement). Pas loin de 300 pages. le final est beaucoup plus séduisant, brutal, machiavélique et davantage conforme à l'idée que je me fais d'un roman de Clive Barker. Et dans la littérature "épopée Fantasy", il y a beaucoup mieux que cet Imajica.

Evidemment Clive Barker n'est pas un perdreau de l'année... il brouille les pistes. Parfois il nous brouile l'écoute, cela dit pour les amateurs de contrepèteries... Clairement, c'est très inégal. On a des longueurs inimaginables, des descriptions inutiles pour le bon déroulement du récit. Et paradoxalement, Barker décrit assez mal les dimensions et l'In Ovo. Je suis passé à côté de l'atmosphère qu'il aimerait créer. Mais à force de tergiverser et de revenir en arrière, on perd le fil de cette ambiance glauque. Barker rappelle plusieurs fois la même chose, même si c'est selon un angle différent, cela reste du rappel, inutile àmha. Redondances et lenteurs ne sont pas les mamelles de la littérature à mon avis.

Cela dit, il y a une sorte de fascination hypnotique qui se fait jour chez le lecteur. Mon rythme de lecture a été particulièrement lent. Lent mais continu. (Notez que j'ai acheté ce livre à sa sortie, et que je viens de le lire 25 ans plus tard). C'est le tome 1 d'un dyptique... dont je ne compte sans doute pas lire le tome 2... pas spécialement parce que je n'ai pas pris de plaisir à lire cet ouvrage, mais parce qu'il se clôt sur une sorte de fin qui me convient. Je ne vois pas trop l'intérêt d'en rajouter. On a des clés de lecture, des pistes pour se faire son idée, et cela me suffit. Sans doute avais-je des attentes en terme d'horreur, par rapport à Hellraiser dont je suis fan. Imajica n'a rien à voir avec Hellraiser. Mais on peut sans doute y trouver son bonheur, même si Barker n'est pas Moorcock ou Vonnegut pour n'en citer que deux qui ont (selon moi) particulièrement bien réussi leur passage de la Fantasy ou de la SF vers la littérature.
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