Citations sur Anomalies cosmiques : La science face à l'étrange (37)
L'humanité occidentale ne souhaite pas revoir ses valeurs et choisit de sacrifier la Vie plutôt que de repenser sa manière d'habiter l'espace. C'est pourrait-on dire, un méta-drame trop souvent rabattu sur les seules dimensions "pollution" ou "réchauffement climatique" alors qu'il relève, en réalité, d'une faillite axiologique radicale bien plus profonde et plus systémique.
La physique fonctionne remarquablement bien. Elle n’embrasse pas la totalité du réel : elle ne répond finalement à presque aucune des questions fondamentales qui traversent quotidiennement nos esprits. Mais, dans son champ propre d’application, son efficacité n’est plus à démontrer. Une sorte de logique « sérielle » des événements permet de faire émerger des invariances subsumées par des lois.
Pourtant, des anomalies. Presque partout.
[...] il n'est pas exclu que le temps, au sens où nous le connaissons, émerge avec la complexité. Il ne serait défini que du point de vue des systèmes comportant suffisamment de particules pour qu'une entropie puisse être définie. Et l'inexorable augmentation de celle-ci impliquerait de fait l'évolution à sens unique dont nous dépendons si aigument.
Il est absolument essentiel de ne jamais confondre la faculté anticipatoire avec la compréhension.
L'enjeu, pour les chercheurs, ne consiste pas à trouver des astuces techniques. Elles auraient à peu près l'effet du paracétamol face à un cancer généralisé. Il s'agit — bien plus profondément — de ne plus penser qu'avec le désir inconditionnel d'une déconstruction radicale de l'ordre hérité. Demain sera tout autre ou ne sera pas.
La bêtise endémique des obsessions managériales déshumanisantes, de la prolifération littéralement tumorale des pratiques gestionnaires et des commissions ubuesques, du règne grandissant des machines et des logiciels, de la glorification de pratiques mortifères, éblouit ce temps d'une triste lassitude.
Nous avons aujourd'hui la chance d'être condamnés, au niveau politique comme au niveau scientifique et philosophique, à devoir tout réinventer. C'est à la fois un privilège immense et une responsabilité écrasante. Il faut, à l'évidence, devenir des bandits de la pensée.
... Certains y virent un échec criant de la communauté scientifique. J'y vois plutôt un geste exemplaire : pouvoir, sans honte, déclarer « nous nous sommes trompés » est un privilège. L'aventure de la connaissance fonctionne par tâtonnements. Elle est jalonnée d'incertitudes et de faux pas. Elle n'a pas à rougir de ses anicroches. Lorsque la visée est honnête et la démarche modeste, l'erreur n'est pas une tromperie.
Les théories qui fonctionnent, une fois admises par la communauté des spécialistes, forment ce qu'on nomme un « modèle standard ». Cela ne signifie pas qu'elles soient exemptes de défauts ou que leur origine soit parfaitement comprise ou contrôlée. Cela ne les rend pas non plus définitives et moins encore prouvées.
Une erreur banale et dangereuse consiste d’ailleurs à supposer que les objets décrits pas la science appartiennent, en droit, à la science. Ce n’est pas le cas.
Il est parfois argué que la science touche la Vérité, plus que tout autre champ cognitif, parce que la chute des corps n’est manifestement pas une simple convention sociale. Certes. Mais le fait que les objets massifs tombent n’est pas, en tant que tel, d’essence scientifique !
Les animaux ignorent sans doute les lois de Newton mais n’ignorent pas le risque de choir dans un ravin. Il est important de ne pas confondre une projection discursive sur un phénomène avec le phénomène lui-même.
Si tant est que ce dernier puisse être pensé indépendamment de tout cadre d’appréhension, ce qui n’est pas même assuré : comme le rappelait Michel Foucault sur les pas de Nietzsche, pour vraiment connaître les graminées, il ne suffit pas d’être biologiste, il faudrait aussi être ruminant.