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Citations sur Ils voyageaient la France. Vie et traditions des comp.. (7)

A leur âge, on déniche les pies, on use ses sabots sur les mares gelées, on ornemente au canif des bâtons de coudrier, on galope de toutes ses forces d'un bout à l'autre de soi-même et s'il faut traverser seul quelque pan de nuit, on siffle fort pour faire le brave.
Mais en ce siècle-là, le XIX°, les enfants des pauvres gens ne vivent pas longtemps leur saison d'innocence. A huit, dix ou douze ans, ils doivent assurer leur part d'ouvrage, à la maison ou au dehors, mettre leurs bras maigres dans des gestes trop grands pour eux, entasser des heures qui n'en finissent pas avec, pour solde de tout compte, le répit - et quelle fierté - d'un fond de litre et d'un quignon frotté d'ail.
Ils ont huit, dix ou douze ans, on leur appuierait sur le nez qu'il en sortirait du lait, et trouvent tout naturel de devoir déjà faire l'ouvrier....
(extrait du prologue inséré en début de volume)
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Le temps d'une révolution, dirait-on, et l'époque n'est plus la même. Le siècle s'est cassé en son milieu. L'industrie crée un type d'ouvrier nouveau. La fabrique ignore la belle ouvrage, et on ne chante pas en servant la chaîne. Quant aux autres raisons d'être du compagnonnage - secours aux chômeurs, placement, maintien des salaires - une nouvelle forme de groupement de travailleurs va commencer à y répondre (...) : le "syndicat", qui s'adresse aussi bien aux éléments les moins qualifiés professionnellement qu'aux nouvelles professions nées de l'industrie. Le compagnonnage ne veut pas se transformer en syndicat, même pour bénéficier des protections de la loi : il lui semble essentiel de rester un monde à part, ni avec ni contre un pouvoir officiel, idéalement sans aucun rapport avec lui.
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Anthelme Corbon, l'un des trois « représentants des ateliers » à l'Assemblée constituante de 1848, auteur en 1863 d'un livre singulier, "Le Secret du peuple de Paris", pousse la réflexion plus loin : « Partout où va le compagnonnage, dit-il, l'ouvrier est habile, même s'il n'est pas compagnon ; le travail est relativement bien fait ; et quoique le salaire soit plus élevé qu'ailleurs, la main-d'œuvre est en définitive moins chère, sans compter que l'ouvrier est généralement sain de corps et de cœur.
« Au contraire, partout où le compagnonnage ne pénètre pas, ou bien l'esprit de corps fait défaut, l'ouvrier est moins habile, le travail est plus mal fait, le prix de revient est relativement plus élevé et le travailleur est à un niveau plus bas que là où l'esprit de corps a conservé sa puissance, c'est-à-dire là où la résistance collective est à peu près permanente. »
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Ce sont là, explique-t-il, les méfaits de la concurrence : « La corporation, vraiment ne se faisait pas respecter. La grande facilité de s'établir accordée à tous, bons ou mauvais ouvriers, faisait surgir de toutes parts ces gâte-métiers, ces bons à rien qui ouvraient boutique à tous les carrefours, travaillant au rabais, faisant baisser les paies. » Cinquante ans plus tôt, le serrurier Moreau disait la même chose : « La rivalité et la concurrence sont de mauvais stimulants. Elles obligent l'ouvrier à faire vite et à vil prix, mais non à bien faire. »
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Des chansons, les compagnons en ont pour toutes les occasions, pour le travail, pour l'amour, pour la marche, pour la guerre. Tout se met en rimes, sur l'air du "Roi Dagobert", de "La Marseillaise", de "Joséphine arrête ta machine" ou de "Dis-moi mon vieux, dis-moi t'en souviens-tu ?" "Tour de France" rimera aussi bien avec "espérance" qu'avec "Hortense", les "joyeux délires appellent "le doux accord des lyres" en attendant "l'instruction féconde" qui "éclairera le onde". Il en va de la chanson comme du pain : l'important est de pouvoir partager.
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L'étude du compagnonnage au XIX° siècle soulève la question de ses relations avec la franc-maçonnerie. La double appartenance est fréquente, surtout à partir de la fin de la Restauration (...) L'influence maçonnique est très visible, notamment dans les rituels qui sont profondément modifiés à partir du début du siècle. Certains en ont conclu trop vite que les deux organisations étaient nées d'une même source. Les documents actuellement connus montrent que le compagnonnage est beaucoup plus ancien que la franc-maçonnerie mais que celle-ci a influé sur celui-là au XIX°, lorsqu'elle a cessé de recruter exclusivement dans la noblesse puis la bourgeoisie pour s'intéresser aux ouvriers. Mais il ne faut pas oublier que les constitutions d'Anderson qui sont à l'origine de la franc-maçonnerie ont été établies d'après les "old charges", règles des corporations anglaises sédentaires, alors que le compagnonnage, association ouvrière, était assez naturellement l'adversaire des corporations.
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La règle, c'est parole d'évangile - transgressions et sanctions comprises. Le règlement de 1814 des blanchers-chamoiseurs rappelle solennellement aux compagnons de ce Devoir qu'il doit leur être « ce que sont le Talmud pour les juifs, l'Alcoran pour les turcs, la Bible pour les chrétiens. » Il n'en existe que quatre exemplaires, un par ville de boîte, ainsi nommée justement parce que le règlement y est serré dans une boîte, le maître chez les tailleurs de pierre, coffret de bois à triple serrure. Le document n'est que rarement exposé. Non seulement on ne peut le sortir devant un étranger, mais, dans la plupart des sociétés, in ne peut même pas être montré aux aspirants. Exposer le livre de règles, c'est exposer maître Jacques, c'est montrer le Maître : lors de cette cérémonie, les frères doivent garder une attitude respectueuse.
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