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Citations sur In Vino Veritas (8)

Elle avait quatorze ans. Les vendanges de l’an 40 avaient commencé sous les meilleurs auspices. Ils travaillaient depuis le matin sous un soleil ardent et la fatigue se faisait sentir. De part et d’autre d’un portique, ils cueillaient les lourdes grappes quand leurs doigts se frôlèrent et se nouèrent. Lucius se rapprocha d’Aldith, lui prit la main et embrassa sa paume poisseuse de jus de raisin. Le corps et le cœur en feu, elle s’était enfuie.
Les jours suivants, ils s’étaient épiés, intimidés par l’élan qui les poussait l’un vers l’autre. Partie chercher du bois de chauffe, Aldith avait surpris Lucius à ses ablutions aux thermes. Mille fois, elle l’avait vu nu, sans jamais être émue par l’eau ruisselant sur son torse et ses cuisses. Tout avait soudain changé. Lui, la guettait quand elle allait cueillir des herbes dans le potager. Elle en ressentait un trouble délicieux.
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De misérables jappements résonnèrent et une petite boule de poils blanche apparut sur le marchepied. Malgré la hauteur démesurée pour lui, le chiot sauta, roula et boula, se remit sur ses pattes et galopa jusqu’à sa maîtresse, qui le repoussa d’un pied dédaigneux, tout occupée qu’elle était à écouter Lucius lui faire les premiers honneurs du domaine. Désorienté, le petit chien s’assit sur son séant, regarda autour de lui et partit en courant vers Aldith qui se tenait en retrait, pâle et défaite. Lucius croisa son regard, baissa les yeux et entraîna sa conquête vers l’atrium.
Ce qu’Aldith craignait venait d’arriver.
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Elle avait huit ans. Elle courait entre les oliviers. Sa mère l’avait autorisée à quitter les cuisines pour aller jouer avec Lucius et ses amis. Seule fille parmi une horde de garçons, elle ne craignait pas de crapahuter dans la garrigue ou de nager dans l’Alzon. Rien ne pouvait lui arriver. Lucius, d’un an son aîné, l’avait toujours protégée. Elle ne regrettait qu’une chose : ses cheveux blonds, qui lui valaient des moqueries de la part de tous ces gamins au poil noir. Elle les devait à son père, né au bord du Rhin dans une peuplade germanique et devenu l’esclave de Cosconnius, le légionnaire reconverti en propriétaire terrien. Sa mère, esclave de Caius Savosius, le père de Lucius, l’avait épousé, mais son maître avait exigé qu’elle reste au domaine. Il ne pouvait se priver de ses talents cuisinière. Surtout, elle avait la confiance de Gaia, la mère de Lucius, atteinte d’égarement de l’esprit. Cosconnius avait accepté, à la condition de pouvoir venir manger quand il le désirait. Privilège dont il usait et abusait.
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Lucius aurait très bien pu l’épouser, il en avait le droit, mais cela n’arriverait jamais. Il était trop ambitieux et son père lui avait seriné toute son enfance qu’il épouserait une femme de qualité.
À vrai dire, Aldith se serait accommodée d’une épouse officielle et d’une place de concubine. C’était ainsi que, bien souvent, les choses se passaient. Elle aurait abandonné la haute main sur les esclaves et l’organisation de la maison. La cuisine serait restée son domaine, tout comme les nuits de plaisir.
Ce qu’annonçait l’arrivée de l’Arlésienne était tout autre.
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Aldith héla les deux hommes, qui pressèrent le pas et se glissèrent derrière un muret. Le temps qu’elle se rechausse en pestant contre les lanières de ses sandales, ils avaient disparu.
L’idée d’aller prévenir Lucius alors qu’il faisait le joli cœur de la présence d’individus louches rôdaient ne l’enchantait pas. Et la sauce des lièvres ne pouvait plus attendre.
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Son regard fut soudain attiré par deux ombres, le long du cellier. Lucius avait pourtant bien spécifié que seul Paulus avait le droit d’y pénétrer.
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Apercevant Lucius qui s’agitait dans le péristyle où il avait fait transporter trois lits de repas afin que ses hôtes bénéficient, le soir venu, de la fraîcheur du bassin central, elle lui adressa un petit signe de la main. Il ne répondit pas. Avec sa haute stature, ses cheveux châtain bouclés et ses yeux vert d’eau, c’était un homme séduisant. Aldith l’interpella joyeusement mais Lucius fit la sourde oreille. Quelle mouche le piquait ? Qu’il soit anxieux, elle le comprenait, néanmoins elle trouvait que l’affaire lui tournait un peu la tête.
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Dans la pénombre, ils virent s’avancer l’esclave aux cheveux gris. Avec une tige de roseau, il égalisait le sable recouvrant le sol du cellier. Absorbé par sa tâche et marchant à reculons, il n’avait pas remarqué leur présence. Ils l’avaient choisi car il avait la réputation d’être un homme bon et sage, loyal envers son maître.
L’odeur du vin contenu dans les dolia1 était si lourde et la chaleur de ce jour du mois d’août de l’an 50 si pesante qu’ils ne désiraient qu’une chose : en finir au plus vite et aller s’abreuver à l’eau fraîche de la nymphe Ura. Le temps était presque venu.
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