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Critique de LesMondesdeSophie


Ce roman raconte l'histoire de Majésu, brocanteur-menteur au sommet de son art, et de Noème, jeune femme un peu paumée issue d'un milieu très aisé, haïssant la bourgeoisie et ne rêvant que de tuer des patrons. Ces deux personnages hautement improbables tombent amoureux et décident de se marier. S'en suivent alors des aventures toutes plus abracadabrantes les unes que les autres, avec rebondissements à la pelle dans une ambiance de polar loufoque. Ce livre aurait pu beaucoup me faire rire mais m'a tout simplement exaspérée. Je ne compte pas le nombre de fois où j'ai levé les yeux au ciel durant ma lecture.

Le premier défaut de ce livre, à mes yeux, est le personnage principal. J'ai rarement lu un personnage aussi agaçant que Majésu Monroe. Ce qui est dommage, c'est que c'est également le narrateur de cette histoire. Impossible donc d'échapper ne serait-ce qu'un paragraphe à ses exagérations de tous les instants. Il se dote de toutes les qualités : il est beau, intelligent, cultivé, gentil, honnête, généreux, sensible, fort et surtout modeste. Cela pourrait être très drôle si ce trait de caractère n'était pas aussi exagéré.

J'aime beaucoup l'idée d'un narrateur auquel le lecteur ne peut pas toujours faire confiance, qu'il soupçonne de taire certains passages ou d'en enjoliver d'autres). Cela ajoute une dimension très intéressante à la lecture (je pense par exemple à La servante écarlate de Margaret Atwood, où cette question se pose parfois). Mais dans le fémur de Rimbaud, je n'ai pas du tout apprécié la façon dont cela était amené. Ce mensonge permanent de Majésu m'a fatiguée tout au long de cette lecture. Il y a des passages où la vérité transparait derrière le récit et où le personnage se dévoile un peu au lecteur. Ils sont malheureusement immédiatement contrebalancés par un mensonge encore plus énorme encore de Majésu. J'aurais pu aimer ce personnage, qui aurait pu être à la fois attachant et intéressant. J'ai fini par le détester.

Les autres personnages sont tout aussi caricaturaux et insupportables, notamment Noème. Cette jeune femme bourgeoise malgré elle est un cliché ambulant, dont la folie aurait pu la rendre, encore une fois, intéressante. Mais ce n'est pas la voie que l'auteur a choisi, ce que je respecte totalement sans pour autant l'apprécier. On trouve également un flic véreux et sournois, des gardes du corps un peu benêts, un couple d'homosexuels bulgares étranges. Toute une galerie de personnages loufoques qui auraient mérité un peu plus de soin, à mon avis. Ils sont beaucoup trop caricaturaux pour que l'on puisse y croire ne serait-ce qu'un instant.

L'intrigue, ensuite, tient le lecteur en haleine une partie du roman, avec une histoire rocambolesque dans laquelle les rebondissements sont tous plus incroyables les uns que les autres. Ce n'est pas le point sur lequel j'aurais le plus de critiques à formuler. L'histoire met beaucoup (trop ?) de temps à démarrer, mais en suivant par la suite le modèle du polar, elle réussit à intéresser le lecteur.

Ce qui m'a le plus gênée dans ce roman, c'est le style. On parle de « verve anarchisante » de l'auteur, mais je n'ai pas eu l'impression que les classes aisées étaient celles qui en prenaient le plus pour leur grade. En effet, les seuls personnages qui apparaissent un tant soit peu sympathiques aux yeux du lecteur, ce sont les parents de Noème, à savoir les personnages les plus riches de l'histoire. On ne sait jamais réellement de qui l'auteur se moque, notamment en raison du caractère du narrateur. Et certains passages concernant « les pauvres » m'ont beaucoup gênée. Je sais qu'il s'agit d'un livre drôle, qui se veut être une caricature. Mais cela m'a parue souvent très mal amené et m'a souvent mise mal à l'aise. On peut rire de tout et de toutes les opinions, y compris les plus crasses. Mais il faut que le lecteur sache de qui l'on se moque. Je n'aime pas ne pas savoir sur quel pied danser. Or, c'est ce que j'ai ressenti tout au long de ce roman.

Je suis finalement presque en colère contre ce roman, que j'aurais pu beaucoup apprécier mais que j'ai détesté. Si tout n'avait pas été aussi exagéré et lourd, j'aurais pu passer un très bon moment de lecture. Je comprends cependant tout à fait ce qui peut plaire chez cet auteur et pourquoi ce roman peut faire rire. Cela n'a simplement pas fonctionné avec moi. Comme pour le reste, il y a certaines rencontres littéraires qui ne marchent pas. Ça a été le cas pour moi avec Franz Bartelt.

En résumé, le fémur de Rimbaud n'a pas été une bonne expérience pour moi. Il s'agit d'un roman où tout est bien trop exagéré à mon goût. Je ne peux donc vous recommander cette lecture. Néanmoins, si ce style de lectures vous tente, ne vous laissez pas arrêter par mon avis, qui est très personnel. Je tiens à préciser que je ne qualifie pas cette oeuvre de mauvaise. Elle n'est juste pas pour moi.

Note : 1,5 étoile sur 5
Lien : https://libriosophie.wordpre..
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