C'est une histoire d'amitié, un bel hommage à une femme, également, que je viens ici de terminer. Alicia Zitouni, née d'un père algérien et d'une mère marocaine, a grandi à Bruxelles. Au moment où nous la rencontrons, elle est devenue une cheffe accomplie et vient d'inviter son amie Mathilde, journaliste, à l'interviewer à Essaouira où elle vit désormais. Les circonstances feront bientôt que Mathilde, à la place d'un entretien, écrira un roman à la première personne, en se glissant dans la peau de son amie… et quel roman…
Si j'étais un peu dubitative en débutant ce roman, j'ai rapidement été entraînée par l'écriture d'
Isabelle Bary et cette personnalité solaire qu'est celle d'Alicia (qui s'appelle ainsi parce qu'à l'époque à laquelle elle est née, l'administration communale bruxelloise qui avait accueilli son père au moment de la déclaration de naissance avait refusé le prénom d'Alisha – Protégée de Dieu). L'histoire est construite de façon à ce qu'en alternance, nous ayons le point de vue de Mathilde et le roman qu'elle écrit et qui se dessine au fur et à mesure des pages (ces pages sont en italique). Et nous sentons, au fil du temps, que ce qu'écrit Mathilde la soigne, la fait avancer vers une meilleure compréhension d'elle-même.
Isabelle Bary explique s'être inspirée d'une histoire vraie pour écrire ce roman. Comme elle l'explique au début du livre, « Je l'ai écoutée des heures durant, prenant note, parfois pas, afin de laisser mon imaginaire travestir les images et les mots. Une fiction, en moi, prenait forme. » Mathilde, Alicia, les histoires se confondent, s'inventent dans le jeu de l'écriture, et nous parlent du fait que, même si on ne choisit pas sa vie, on peut choisir comment on l'appréhende. Par petits chapitres emplis de densité, j'ai été absorbée par la vie d'Alicia, faite de violence et de précarité, mais aussi de recherche du beau dans les plus petites choses, de non-jugement et de l'envie de continuer à avancer, toujours, quelles que soient les circonstances.
En résumé, la rencontre d'une belle femme, et une naissance… ou une renaissance ?