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EAN : 9782258061323
216 pages
Omnibus (13/05/2004)
5/5   1 notes
Résumé :
Ce livre est à ce jour le seul témoin d'une aventure qui a traversé les siècles. De l'origine du mot " guinguette ", né vers 1715, aux premiers établissements situés au-delà des barrières fiscales de l'ancien Paris, de la Belle Époque à nos jours, sur les bords de la Seine, de la Marne ou ailleurs à l'ombre des tonnelles, c'est l'histoire des loisirs populaires qui défile : canotage, attractions, danses, gastronomie...

Un art de vivre que l'on voit a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« le musette est l'âme des guinguettes. Il ne faut pas confondre guinguettes et goguettes, sociétés chantantes ouvrières et revendicatrices nées au cours de l'avant-dernier siècle. Ce qui n'empêche pas d'être en goguette dans une guinguette, où l'on servait autrefois le « guinguet » que l'on qualifiait ainsi : vin tellement aigre qu'il fait danser les chèvres ».


Un art de vivre typiquement français, un air d'accordéon, des lampions la nuit, des rires et des chansons. Tout au long de ce livre on les imagine ces guinguettes : « les guinguettes n'ont pas d'histoires, elles n'ont que des histoires ».

Vers la moitié du 19e siècle, progressivement, les guinguettes parisiennes, genre de cabarets dansant, vont s'éloigner de la capitale. Avec les nouvelles facilités de déplacement, les parisiens découvrent de nouveaux loisirs. Sur les bords de Seine, de l'Oise, et de Marne, la baignade, les fêtes nautiques et le canotage vont devenir des éléments indispensables de la sortie du dimanche. Tout le long de ces cours d'eau, de nombreuses guinguettes vont s'installer. Danse, ripailles et flirts se mélangent dans un rythme de polka très enlevé que de petits orchestres le plus souvent composés d'un piano, de violons et d'instruments à vent (piston ou clarinette) animent.

Curieux établissement que les bains froids de la Grenouillère, un café-guinguette flottant installé sur l'île de Croissy, face à Bougival, dans une boucle de la Seine. le nom de la Grenouillère ne venait pas de ces batraciens qui peuplaient la rivière ou les prés environnant. On appelait « grenouilles » des femmes légères, de petite vertu, libres, s'amourachant rapidement.
Le dimanche soir on y dînait et dansait la valse, le quadrille ou la polka dans un joyeux désordre de groupes de canotiers qui venaient avec leurs compagnes habillées de robes courtes légères. Des filles au maquillage criard, le plus souvent des demi-mondaines ou des filles du peuple dévergondées, venaient se faire offrir un verre, voire plus… La soirée se terminait par cette nouvelle danse : le chahut. Un peu n'importe quoi : Les danseurs lançaient leurs jambes en avant, effectuaient des pirouettes, se saluaient, en totale liberté. Des femmes passaient, l'oeil aguicheur. Un cancan endiablé s'invitait au final et la soirée se terminait autour d'une friture de goujons des bords de Seine arrosée de vin de chablis.

Des chansons comme la « Polka des canotières » fleurissent (extrait) :

Ohé ! Ohé ! Mes belles amoureuses
Surtout prenez garde à vous
Les rameurs vous font les yeux doux.
Ohé ! Ohé ! Les ondes sont trompeuses
Et la vertu dans un coup d'vent
En canot chavire souvent.

Les écrivains s'inspirent de ces lieux de plaisir. Emile Zola dans « Au bonheur des dames » nous emmènera passer un dimanche à Joinville. Guy de Maupassant décrira merveilleusement ces guinguettes qu'il fréquentait assidument.

LA FEMME DE PAUL – Guy de Maupassant

« Dans l'établissement flottant, c'était une cohue rieuse et hurlante. Les tables de bois, où les consommations répandues faisaient de minces ruisseaux poisseux, étaient couvertes de verres à moitié vides et entourées de gens à moitié gris. Toute cette foule criait, chantait, braillait. Les hommes, le chapeau en arrière, la face rougie, avec des yeux luisants d'ivrognes, s'agitaient en vociférant par un besoin de tapage naturel aux brutes. Les femmes, cherchant une proie pour le soir, se faisaient payer à boire en attendant ; et, dans l'espace libre entre les tables, dominait le public ordinaire du lieu, un bataillon de canotiers chahuteurs avec leurs compagnes en courte jupe de flanelle.

YVETTE – Guy de Maupassant

Ils l'aperçurent tout à coup. Un immense bateau, coiffé d'un toit, amarré contre la berge, portait un peuple de femelles et de mâles attablés et buvant ou bien debout, criant, chantant, gueulant, dansant, cabriolant au bruit d'un piano geignard, faux et vibrant comme un chaudron.
De grandes filles en cheveux roux, étalant, par devant et par derrière, la double provocation de leur gorge et de leur croupe, circulaient, l'oeil accrochant, la lèvre rouge, aux trois quarts grises, des mots obscènes à la bouche.
D'autres dansaient éperdument en face de gaillards à moitié nus, vêtus d'une culotte de toile et d'un maillot de coton, et coiffés d'une toque de couleur, comme des jockeys.
Et tout cela exhalait une odeur de sueur et de poudre de riz, des émanations de parfumerie et d'aisselles.


Les peintres fréquentaient aussi beaucoup ces lieux de plaisir qui leur fournissaient de nombreux thèmes de tableaux. En 1880, Auguste Renoir peindra son « Déjeuner des Canotiers », et sa série des « Danses ». En 1869, avec son ami Claude Monet, ils planteront leurs chevalets devant la « Grenouillère » dont j'ai parlé plus haut et peindront dans un style différent les premières toiles impressionnistes.

Avant 1906, il ne faut pas oublier qu’une partie de la population ne pouvait se joindre à la foule en liesse pour profiter de ces amusements : ceux qui travaillaient sept jours sur sept ! Il faut attendre le 13 juillet 1906 pour que soit votée la loi sur le repos hebdomadaire obligatoire le dimanche.

Les guinguettes perdureront jusque dans les années 1960. Avec le développement des voies de communications autoroutières, une urbanisation dévastatrice, la voiture devenant reine les parisiens s'éloignent des environs de la capitale. Progressivement, les guinguettes disparaissent avant les prémices d'un renouveau possible dont on parle aujourd'hui.


Si vous voulez retrouver des souvenirs anciens, revivre un monde de fêtes, d'eau et de musiques, vous entendre conter l'aventure trois fois centenaire des guinguettes, ce livre superbement documenté est fait pour vous.

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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
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QUAND ON S’PROMÈNE AU BORD DE L’EAU (1936)

Valse Musette créée par Jean Gabin dans le film de Julien Duvivier « La Belle Équipe ».
Cette chanson, qui symbolise le mieux aujourd’hui l’échappée des guinguettes comme lieu de bonheur au moment de l’avènement du front populaire généralisant les congés payés, a curieusement connu un succès assez tardif.


Quand on s’promène au bord de l’eau,
Comm’tout est beau…
Quel renouveau…
Paris au loin nous semble une prison,
On a le cœur plein de chansons.
L’odeur des fleurs
Nous met tout à l’envers
Et le bonheur
Nous saoule pour pas cher.
Chagrins et peines
De la semaine
Tout est noyé dans le bleu, dans le vert…
Un seul dimanche au bord de l’eau,
Aux trémolos des p’tits oiseaux,
Suffit pour que tous les jours semblent beaux
Quand on s’promène au bord de l’eau.
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LA SORTIE À LA GUINGUETTE

On en trouve une parfaite illustration dans le célèbre roman populaire d’Eugène Sue « Les mystères de Paris » publié en 1842-43 : « Le Chourineur (nom du personnage) avait oublié qu’on était au lendemain de la Mi-Carême. (…) Poussé par le reflux de la foule jusqu’auprès d’une des guinguettes dont fourmillent ces boulevards (le boulevard Saint-Jacques), il assista malgré lui à un spectacle étrange… Dans une vaste salle basse, occupée à l’une des extrémités par les musiciens, entourée de bancs et de tables chargés de débris de repas, d’assiettes cassées, de bouteilles renversées, une douzaine d’hommes et de femmes déguisés, à moitié ivres, se livraient avec emportement à cette danse folle appelé le chahut. »
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