Je fais parfois des découvertes dans les abysses de ma liseuse… Ainsi, je viens de lire les Journaux intimes de
Charles Baudelaire, un livre publié en 1887, vingt ans après la mort de son auteur,
Il s'agit d'un paquet de manuscrits, griffonnés, remplis de notes, anecdotes, pensées diverses qu'
Auguste Poulet-Malassis, un éditeur et bibliographe proche de
Baudelaire a réunis et tentés de classer.
Voilà un livre intéressant pour celles et ceux qui travaillent ou font des recherches sur
Baudelaire… Les lecteurs lambda seront sans doute déroutés par ses réflexions notées abruptement sur des feuillets dont l'ordre, un fois publiées, ne respecte sans doute pas la logique ou la démarche première de l'auteur.
Il ne s'agit, en effet, absolument pas d'un journal au sens strict. Les feuillets ont été regroupés en parties dont les titres, «
Mon coeur mis à nu » et « Fusées » peuvent surprendre le lecteur, brutalement immergé dans un enchevêtrement un peu brouillon de réflexions annotées par
Baudelaire depuis 1859 et jusqu'à sa mort ; le ton est souvent provocant, plein de parti-pris, sans nuances. Il y a de la colère, de la frustration, de l'amertume, de la rancune, du sexisme…
Personnellement, j'ai retrouvé dans ces lignes les thématiques chères au poète : exil, solitude, mort, ennui, mélancolie, fascination pour le mal et le vice… Il y évoque beaucoup Satan et ses turpitudes.
C'est normal et rassurant quand on connaît bien l'oeuvre de
Baudelaire. Cependant, le ton péremptoire peut choquer et déranger… En effet, si la manière dont l'auteur juge la société de son époque, de ses travers et de sa dégradation est très intéressante, avec son cortège d'angoisse, de révolte et d'expériences amères, d'autres annotations sont plus dérangeantes, misogynes et bassement critiques notamment envers
Georges Sand. Ainsi, « la femme est naturelle, c'est-à-dire abominable », « elle est simpliste, comme les animaux », tout le contraire du dandy et
George Sand est bête, lourde, inutilement bavarde… Je reconnais que sa dureté frappe aussi les hommes, ses contemporains.
Étant particulièrement séduite pour la poésie de
Baudelaire et n'étant pas dans une démarche de recherche universitaire, j'aurais sans doute pu faire l'impasse de cette lecture un peu rude et difficile, sans queue ni tête, brute et sans filtre.
Je préfère mettre ce court recueil au rang des curiosités intellectuelles et garder en mémoire les magnifiques vers et poèmes en prose de
Baudelaire. Pénétrer dans le travail préparatoire, le fouillis et les notes éparses de l'homme met un peu à mal l'aura du poète.
https://www.facebook.com/piratedespal/
https://www.instagram.com/la_pirate_des_pal/