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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Charles Baudelaire, ulcéré par les critiques et le procès essuyés par son recueil des Fleurs du Mal, travaille à un projet-défouloir très justement intitulé Mon coeur mis à nu qui ne sera jamais mis en forme.

C'est donc un recueil de notes, de phrases nominales pas toujours faciles à interpréter. Je m'élève d'ailleurs contre l'interprétation antisémite de "Belle conspiration à inventer pour l'extermination de la race juive". J'ai ressenti cette phrase comme ironique, d'autant qu'elle était suivie par "Les Juifs, Bibliothécaires et témoins de la Rédemption". Ce serait bien la seule trace d'antisémitisme de toute son oeuvre, ce que reconnaît elle-même Florence Bouchy, que cela n'incite pourtant pas à de la prudence.

Ne faisons cependant pas de ce recueil souvent aphoristique quelque sagesse à faire apprendre aux enfants : sexisme, invectives politiques, sociales, opinions tranchées sur la peine de mort, mouvements d'humeur, manifeste dandy, on y trouve tout.

Et cependant, quelques pépites poétiques, bien longues à citer :

"Pourquoi le spectacle de la mer est-il si infiniment et si éternellement agréable ?

Parce que la mer offre à la fois l'idée de l'immensité et du mouvement. Six ou sept lieues représentent pour l'homme le rayon de l'infini. Voilà un infini diminutif. Qu'importe s'il suffit à suggérer l'idée de l'infini total ? Douze ou quatorze lieues de liquide en mouvement suffisent pour donner la plus haute idée de beauté qui soit offerte à l'homme sur son habitacle transitoire." (XXX)

Je les trouve trop rares mais je me suis consolée avec certains passages touchants ou d'une ingénieuse rosserie.
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Je fais parfois des découvertes dans les abysses de ma liseuse… Ainsi, je viens de lire les Journaux intimes de Charles Baudelaire, un livre publié en 1887, vingt ans après la mort de son auteur,
Il s'agit d'un paquet de manuscrits, griffonnés, remplis de notes, anecdotes, pensées diverses qu'Auguste Poulet-Malassis, un éditeur et bibliographe proche de Baudelaire a réunis et tentés de classer.

Voilà un livre intéressant pour celles et ceux qui travaillent ou font des recherches sur Baudelaire… Les lecteurs lambda seront sans doute déroutés par ses réflexions notées abruptement sur des feuillets dont l'ordre, un fois publiées, ne respecte sans doute pas la logique ou la démarche première de l'auteur.
Il ne s'agit, en effet, absolument pas d'un journal au sens strict. Les feuillets ont été regroupés en parties dont les titres, « Mon coeur mis à nu » et « Fusées » peuvent surprendre le lecteur, brutalement immergé dans un enchevêtrement un peu brouillon de réflexions annotées par Baudelaire depuis 1859 et jusqu'à sa mort ; le ton est souvent provocant, plein de parti-pris, sans nuances. Il y a de la colère, de la frustration, de l'amertume, de la rancune, du sexisme…

Personnellement, j'ai retrouvé dans ces lignes les thématiques chères au poète : exil, solitude, mort, ennui, mélancolie, fascination pour le mal et le vice… Il y évoque beaucoup Satan et ses turpitudes.
C'est normal et rassurant quand on connaît bien l'oeuvre de Baudelaire. Cependant, le ton péremptoire peut choquer et déranger… En effet, si la manière dont l'auteur juge la société de son époque, de ses travers et de sa dégradation est très intéressante, avec son cortège d'angoisse, de révolte et d'expériences amères, d'autres annotations sont plus dérangeantes, misogynes et bassement critiques notamment envers Georges Sand. Ainsi, « la femme est naturelle, c'est-à-dire abominable », « elle est simpliste, comme les animaux », tout le contraire du dandy et George Sand est bête, lourde, inutilement bavarde… Je reconnais que sa dureté frappe aussi les hommes, ses contemporains.

Étant particulièrement séduite pour la poésie de Baudelaire et n'étant pas dans une démarche de recherche universitaire, j'aurais sans doute pu faire l'impasse de cette lecture un peu rude et difficile, sans queue ni tête, brute et sans filtre.
Je préfère mettre ce court recueil au rang des curiosités intellectuelles et garder en mémoire les magnifiques vers et poèmes en prose de Baudelaire. Pénétrer dans le travail préparatoire, le fouillis et les notes éparses de l'homme met un peu à mal l'aura du poète.


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