Le nationalisme est comme la culture de l'inculte, la religion de l'esprit de clocher et un rideau de fumée derrière lequel nichent, le préjugé, la violence, le racisme. – Vargas Llosa, prix Nobel de littérature 2010
Il ne se passe rien à Ciudad Juárez, c'est ça qu'il se passe ici. Rien. À vivre ici, on devient comme tout le monde, on ne voit plus de solution, plus d'espoir pour l'avenir. Tous les matins, on ouvre le journal et on découvre de nouveaux crimes, plus horribles les uns que les autres. Et après ? Ben rien, il y a toujours d'autres crimes. On voit des flics, des militaires… et puis après ?... La nuit tombe, on rentre se cacher, le jour se lève, on achète le journal. Rien de nouveau.
Je ne comprends pas grand-chose, mais la musique des mots est belle.
Un portrait c'est toujours un autoportrait. Le modèle éveille en nous quelque chose de nous. Ça ne peut pas être autrement, l'autre reste un inconnu, toujours.
Faire plusieurs portraits à la suite, c'est comme notre humanité multiple.
Et le vent de la mort souffle au-dessus des frontières. Parce que lui, rien ne l’arrête. Il se moque bien de savoir à qui appartient le sang versé
C’est une des filles d’Alberto, elle a seize ans. C’est une épreuve de dessiner un enfant. Il n’y a aucune retenue chez eux. Ils ont dans ce regard encore du questionnement des nouveaux-nés. Ils cherchent quelque chose dans mes yeux d’homme vieux. Et je ne suis pas sur d’être à la hauteur de ce genre de chose. Alors, mon pinceau pèse des tonnes.
Notre but était de raconter la vie dans cette ville où l’on meurt tellement. On a beaucoup voyagé, surtout Jean-Marc Troubs, dans des pays en difficulté, et partout il y a la vie. Même dans les pays en guerre il y a des gens qui se bagarrent pour la paix, pour la vie.
Angelica a 22 ans, Christian 20. Il est photographe, on pourrait dire de guerre. La plupart des individus qu'il a fait entrer dans sa boîte noire ont été abattus par balles. Voir les photos défiler sur l'écran de son ordinateur donne un drôle de goût dans le fond de la gorge.
Comprendre, je n'ai pas encore compris que je ne peux pas comprendre, et il faudrait que je me presse, je n'ai plus tellement de temps pour le comprendre.
Les échanges avec ceux qui sont là, presque tous les amis qu'en un petit mois nous nous sommes faits, sont d'une telle intensité que nous savons en le vivant qu'il nous sera impossible de la retranscrire dans ce livre.