Écoutons plutôt la description de l'atelier de David : « Les chaises courantes en bois d'acajou sombre, et couvertes de coussins en laine rouge avec des palmettes noires près des coutures, avaient été copiées sur celles dont la représentation est sur les vases dits étrusques. Au lieu des deux bergères d'usage, on voyait d'un côté une chaise curule en bronze, dont les extrémités des deux X se terminaient en haut et en bas par des têtes et des pieds d'animaux, et de l'autre un grand siège à dossier, en acajou massif, orné de bronzes dorés et garni de coussins et de draperies rouges et noires ; le tout avait été fidèlement imité de l'antique et exécuté par le plus habile ébéniste de ce temps, Jacob, d'après les dessins de David et de Moreau, son élève.
Après avoir pris soin de décorer son intérieur, Napoléon songe maintenant à costumer les personnages qui vont l'animer, et c'est David qui sera officiellement chargé de celte tâche, tandis qu'Isabey s'emploiera à dessiner des modèles de broderie. Mais le chapitre du costume étant en marge de notre travail, nous n'en toucherons quelques mots qu'en terminant.
Pour l'instant, nous cherchons à tracer l'ensemble des caractéristiques du style Empire, dont la manifestation la plus esthétique est le plus sensible, répétons-le, entre 1800 et 1815.
A partir du style François Ier, l'unité de l'architecture peut donner le change, en dépit de l'action des artistes italiens, à un véritable art national. Mais, en réalité, il n'y a pas d'autre art national pour les modernes, que celui qui sort, pour ainsi dire, des entrailles de la nation elle-même, comme le symbole et l'expression éloquente du système des idées et des sentiments qui forment la base de ses institutions, constituent sa vie collective et marquent son génie spécial.
Bref, Napoléon avait rencontré chez ces artistes des auxiliaires à la hauteur de son despotisme; grâce aussi à David, directeur du mouvement classique, il allait pouvoir commander à l'art comme il commandait à ses soldats et, «fils de la Révolution », il s'entourerait de tout ce qui lui rappelait ses campagnes d'Égypte et d'Italie.