C’est le sentiment, gai ou morose, d’une époque, c’est sa foi pacifique ou guerrière, religieuse ou païenne, qui font l’originalité d’un style. Ces différents idéals d’inspiration, ces influences diverses commandent au sujet du tableau comme .à la forme du meuble, dans la noblesse ou dans le charme. Et la technique de ce tableau ou de ce meuble relève également du goût et de la faveur d’une époque à la suite d’une expression magistrale (ou simplement en vogue) dont l’exemple fait École.
Celui qui désire et veut devenir un bon peintre
Doit se rendre familier le dessin de l'École romaine,
Le modelé de celle de Venise,
Et le coloris de l'École lombarde.
Qu'il admire la manière hardie de Michel-Ange,
Le naturel de Titien,
Le style, suave et gracieux, de Corrège,
El qu'il étudie dans les œuvres du grand Raphaël l'art difficile de la composition.
Tibaldi lui enseignera l'exécution des accessoires et la sagesse de la disposition ;
Qu'il observe dans Prirnalice l'heureux accord de l'imagination el du savoir ;
Enfin, qu'il emprunte à Parmegiano quelque peu de sa grâce,
Ou bien, sans tant d'efforts et d'étude,
Qu'il se borne à imiter tes œuvres immortelles
Que nous a laissées notre grand Niccotino.
En Flandre, au XVe siècle, la Renaissance due aux Jean et Hubert Van Eyck, associe curieusement l’inspiration religieuse au réalisme. C’est là le « commencement du Réalisme moderne, encore discret et timide (auquel concourront les Quentin Metsys et les Memling), placé sous les auspices de la tradition religieuse, en attendant qu’il s’affranchisse de toute entrave avec les Téniers, les Terburg et les Metzu ».
Aussi bien la littérature, la politique, la tyrannie d’un monarque ou le sourire d’une courtisane, influent tour à tour sur le style et le commandent. A la remorque d’un mouvement d’idées, sous le choc d’un événement, sous l’empire d’un grand homme de l’art, la manière de voir, de sentir, d’aimer, se modèle, s’égalise, se caractérise.