Après
Donatienne, je poursuis ma découverte de René Bazin, et suis là encore éblouie par sa plume.
"Les
Oberlé" met en lumière, à l'aube naissante du 20ème siècle, les déchirements de la population alsacienne annexée depuis trente ans par l'Allemagne. Symbole de ces déchirements, la famille
Oberlé vit le drame intestin d'un clan dont les membres ont choisi des camps divergents : Jospeh
Oberlé, le père, tout puissant industriel qui règne en maître sur son foyer, a pris avec sa fille le parti de l'Allemagne et ourdit avec elle le projet de la marier à un prometteur lieutenant allemand bien né qui leur assurera la position sociale dans ce nouveau monde. Reclus dans sa chambre de malade, le grand-père fulmine et jette ses dernières forces dans le refus de cette trahison pendant que sa belle-fille, épouse soumise de Joseph, pleure en silence son attachement sali à la terre alsacienne. Ecartelé entre ces oppositions, Jean, le fils, tout juste rentré du service militaire en Allemagne, regarde vers la France...
Trois positions qui s'opposent dans ce roman tout en tensions intimes : l'Allemagne, la France et l'Alsace, cette dernière étant le véritable personnage central, évoquée avec une sensibilité émouvante dans tous ses paysages et ses saveurs.
Beau et lourd roman certes daté mais qui évoque avec finesse une page d'histoire douloureuse qu ne peut que laisser des traces.