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Citations sur L'interrogatoire de Salim Belfakir (11)

Il y a chez les gens de ce pays, cher monsieur, et peut-être vous en êtes-vous déjà rendu compte, autant de couardise que de courage, autant d’apathie que de volonté, autant de naïveté que d’ingéniosité. Mais s’il est une chose que nous ne possédons pas, c’est l’honneur et la capacité de le défendre, car on ne nous a pas appris le respect de nous-mêmes, ce qui nous fait nous dénigrer à tout vent et idolâtrer, alors même que nous nous croyons plus fins que les autres, tout ce qui nous vient d’ailleurs. Car voyez-vous, ici, même les forts en gueule s’écrasent dès qu’on leur dit qu’ils dérangent les tranquilles, parce que nous ne sommes pas autre chose que cela, monsieur, des tranquilles souhaitant vivre dans un pays où il ne se passe rien. Nous aspirons d’une certaine manière à la béatitude. Or la béatitude, c’est bon pour l’au-delà, quand nous aurons l’éternité pour nous y complaire, vous comprenez ?
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Je connais mes moineaux, faut pas t’inquiéter, et je suis capable d’imaginer les sarcasmes qu’ils ont dû enchaîner. Mais à partir de maintenant, chaque fois qu’ils vont voir ou entendre parler de La Joconde, c’est à moi qu’ils vont penser, à mon sexe exposé devant le tableau et à ce que ça représente. Et c’est vrai pour tous ceux qui ont vu la vidéo, quelle que soit leur origine ethnique, sociale ou politique. Je suis devenue le sexe de La Joconde, et c’est par mon sexe que Léonard de Vinci et tout le patriarcat doit maintenant passer pour exister. Mon sexe est salvateur, tu comprends ? Il donne un sens nouveau à ce qui est né dans un monde que nous voulons changer et qui va changer…
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Éliane garda le silence un moment. C’était toujours comme ça avec les pères, et peut-être avec les hommes en général, il fallait attendre qu’ils soient disposés à parler pour que la discussion s’enclenche réellement. Cette fille avait souffert toute sa vie de son silence et aujourd’hui, parce qu’il était enfin prêt à s’ouvrir, elle allait tout lui pardonner et se soumettre à son agenda émotif.
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Je suis moi, avec mon corps et sa porte magique, écrin de chairs roses pour la semence, voie d’entrée dans l’existence, vous venez en moi, vous venez de moi, je suis la nourrice de ce que l’univers connu a produit de plus extraordinaire, alors cessez de me considérer comme un instrument à votre service, voici mon corps ouvert devant vous, il m’appartient et j’en fais ce que je veux.
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Elle n’en avait que pour les plaisirs solitaires, même avec son corps qu’aucun homme n’avait encore caressé. Quand sa mère l’appelait sa petite bête sauvage, Éliane le prenait comme un compliment, car c’était bien ainsi qu’elle se percevait. Petite, puisqu’elle avait l’impression de ne pas vieillir. Bête, puisque la compagnie des humains l’intéressait peu. Sauvage, puisqu’elle ne se sentait jamais aussi sereine qu’à l’écart de la civilisation.
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Insensible à tout ce qui intéressait les gens de son âge, sorties en boîte, réseaux sociaux, sports extrêmes, vêtements griffés, elle avait tissé autour d’elle un cocon opaque et imperméable dont elle gardait jalousement l’ouverture.
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La source de ma tristesse s’appelait Amandine, jouait du violoncelle et habitait à Rothéneuf une maison cossue appartenant à sa famille depuis cinq générations. Son père travaillait dans un secteur de la finance impossible à décrire, un métier qui l’obligeait à quitter son foyer plusieurs jours par mois. Pour tout dire, je ne l’avais pratiquement pas connu. Sa mère en revanche ne sortait jamais. Elle recevait ses copines les mardis et jeudis, puis s’occupait le reste du temps de son jardin et d’une parcelle de terre au bout de la rue où elle avait planté fleurs et légumes.
Amandine aimait les garçons, tous les garçons, et passait de l’un à l’autre sans transition. Je le savais, mais je m’étais laissé prendre au piège de sa beauté et de sa joie de vivre quand elle s’était intéressée à mon cas. Elle avait été ma copine officielle pendant près de trois semaines avant que je la découvre un soir sur la plage du Minihic dans les bras d’un type beaucoup plus vieux que nous, un gars du Central Ring Malouin, le club de boxe de la ville.
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Dans un réflexe, il leva la main pour la saluer, mais elle gardait la tête baissée, sans doute pour éviter les plaques de glaise sur lesquelles elle risquait de perdre pied. Car malgré leur apparence, ces rochers étaient dangereux, une fine couche de terre vaseuse pouvant vous envoyer valser dans les airs à tout moment. Julien en avait fait l’expérience la veille en s’estimant chanceux de s’en tirer avec une ecchymose sur la fesse gauche.
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Elle posa une main sur son ventre ballon puis se tourna sur le dos, en nage, avant de remonter sa chemise de nuit sur ses hanches, écartant les jambes et me laissant voir son sexe et sa toison de charbon. Immergé dans le silence depuis si longtemps, le cri qu’elle échappa me fit sursauter et à peine ai-je eu le temps de m’en surprendre qu’un vortex m’attira vers le lit, puis vers la femme, puis vers le sexe de la femme dans la noirceur duquel je m’enfonçai pour m’y retrouver coincé, regrettant déjà le brouillard blanchâtre de mon néant originel.
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Si on m’avait demandé de me décrire, je crois que j’aurais répondu que je n’étais plus que langage, et que ce verbe ne m’était pas d’une grande utilité puisque, sans passé ni avenir, je n’avais rien à nommer sinon l’absence, qui se conçoit en peu de mots.
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