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EAN : 9791034909285
240 pages
Liana Lévi (04/04/2024)
4.08/5   43 notes
Résumé :
Antoine et Marie ont choisi de vendre leur maison en ville pour s’installer dans ce qu’ils appellent leur Refuge, un chalet sans eau courante ni électricité situé au pied d’une montagne, à deux pas d’une rivière. Ils y coulent les jours tranquilles de leur retraite jusqu’à ce qu’ils soient victimes d’un braquage de domicile par une nuit sans lune du mois de juin. À compter de ce moment, le couple aura à vivre avec la honte des gestes qu’ils ont posés dans la foulée ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Antoine et Marie, à la retraite, quittent la ville vers les bois où un refuge symbolise le renouveau d'une vie qui reste à découvrir.
« À peine avais-je entendu la voix d'Antoine que s'est imposée celle de Marie. Déterminée, elle m'a fait comprendre que cette histoire lui appartenait aussi et qu'elle ne laisserait personne parler en son nom. »
Un événement traumatisant est survenu dans ce refuge et c'est Antoine qui, le premier, se confie par écrit. Marie, le relisant, ajoute sa version, laquelle, au début, colle parfaitement à celle de son mari. Mais lentement, un décalage s'installe entre les deux et à partir de ce moment, le récit s'installe dans une dynamique synchrone bouleversée par les revers quotidiens et les aléas de l'existence.
Sur la forme, le fond et l'écriture, c'est un roman en adéquation totale. Un thriller philosophique sur fond de nature vierge qui s'inscrit parmi les plus réussis du genre.
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Un couple dans la soixantaine, Marie et Antoine, décide de quitter la ville pour s'établir dans une cabane dans le bois, sans électricité ni eau courante, au bord d'une rivière, au Québec. Ils aiment la vie et pour passer le temps, ils font, entre autres, du jardinage, de la lecture, de l'observation des oiseaux et de la nature ou encore ils font le farniente. Ils souhaitent plus que tout avoir la paix. Puis, en juin, ils sont victimes d'un braquage assez violent. Un événement tragique va découler de cet incident pour ce couple qui passait une vie bien paisible dans son Refuge. La cabane n'apparaîtra plus comme un lieu de paix, mais elle va devenir un lieu entraînant le couple dans une spirale infernale. Antoine et Marie vont être marqués et hantés par ce drame. Que s'est-il réellement passé? Comme l'a écrit Sartre : «L'enfer, c'est les autres.»

Mes impressions

Dans ce récit, la narration est alternée entre celle d'Antoine et de Marie pour raconter le terrible événement. Comme le mentionne Marie à propos de son choix de prendre la parole :

« Mais comme je ne suis pas que «la femme de », je parlerai pour moi et lui laisserai le monopole de ses révélations personnelles, m'octroyant cependant le droit de rectifier au besoin ce qui, dans sa version de ce qui nous est arrivé, me semble fautif.» (p.12)

À cet égard, la version de Marie au début du récit s'accorde à celle de son époux, ancien professeur d'université en création littéraire. Cependant, plus l'instance lectrice avance dans l'histoire, plus la voix de Marie tend à s'éloigner de celle d'Antoine. Cette alternance entre les voix s'avère fascinante et elle crée une tension dramatique chez l'instance lectrice. Cette dernière sent la perte de valeurs et le sens de la moralité du couple.

La perception de ce qui est arrivée engendre des doutes dans l'esprit de la lectrice ou du lecteur. Chacun vit son traumatisme à sa façon, parfois dans le silence ou encore dans la communication. Ils sont confrontés à leurs ténèbres intérieures. La nature agit sur leur système nerveux, mais plus comme avant. Marie observe la dégradation physique et psychologique de son époux et elle ne peut rien y faire. Pourquoi la vie leur a-t-elle envoyé un tel drame? le thème du déterminisme apparaît alors exploité par l'auteur. Ce déterminisme frappe le corps et l'esprit de ce couple lorsque le sentiment de sécurité n'existe presque plus.

«La vie est un combat perdu d'avance, mais nous allions nous battre jusqu'à la fin, en choisissant cependant le champ de bataille de nos dernières querelles.

Bien qu'en bonne forme physique, nous sentions les années que nos corps avaient traversées dans nos muscles moins fermes et nos articulations parfois douloureuses.

Antoine avait pris un coup de vieux au cours de la dernière année, et je m'inquiétais davantage pour lui que pour moi. Je surestimais sans doute ma capacité à contrôler mon stress, mais j'étais celle qui, de nous deux, savait le mieux réagir à l'adversité.» (p. 151)

J'avoue que ce livre m'a séduite, car j'ai été happée par le drame du couple habité par un sentiment de culpabilité immense. Il y a encore une fois un crime puis un châtiment. Je n'ai presque pas quitté l'histoire. Je voulais absolument savoir ce qui allait se passer pour Antoine et pour Marie. Je vous le recommande si vous voulez découvrir un récit possédant une forme particulière et un fond dramatique. C'est une rencontre avec la vie et l'horreur de cette dernière.

https://madamelit.ca/2023/12/03/madame-lit-le-refuge-dalain-beaulieu/
Lien : https://madamelit.ca/2023/12..
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Prix France-Québec 2023

Deux personnes, plus toutes jeunes se sont installées dans un chalet, une cabane, dans la forêt ; Antoine et Marie sont en retraite, ont fini d'élever deux enfants et se sont retirés du bruit du monde pour profiter de solitude et de tranquilité. Lui était professeur de littérature à l'université et il est écrivain, elle s'occupait de jeunes enfants ; ils se retrouvent dans la contemplation des paysages et des étoiles, dans les promenades, l'écoute de la musique, la lecture, le jardinage...
Un ancien étudiant à lui, installé dans une petite ville proche, vient les voir régulièrement ; Antoine continue d'écrire, et il y a de très belles pages sur la littérature québecoise et son évolution, tout au long du récit.

Ils sont attaqués une nuit par deux voyous et c'est le drame : lui tue avec son fusil l'un des deux voleurs sans vraiment le vouloir, plutôt par colère parce qu'il a frappé sa femme.
C'est le début d'une succession de remises en cause, d'émergence de souvenirs, de réflexions et de décisions qui les éloignent considérablement de la vie qu'ils s'étaient choisie ; le suspens augmente de page en page, parce que les choses ne sont pas "aussi simples" qu'elles en ont l'air, sur qui a-t'il tiré exactement, et a-t'il vraiment tué ?

Dans cette narration alternée - Marie réagissant aux écrits d'Antoine -, il y a beaucoup d'amour entre les deux personnages principaux, la question primordiale de ce qui peut faire basculer une vie, le ressenti que tous les humains connaissent de ce qu'on aurait pu et dû faire autrement - mais impossible de remonter le temps - le remord et la déception vis à vis de soi-même qui l'accompagne, et toujours la petite note un peu désespérée souvent présente chez les écrivains québecois...

Un livre très bien écrit et d'une grande finesse.

Extrait p 178 : " Nous traversions une drôle d'époque, où on reprochait aux écrivains de mettre en scène des personnages qui n'étaient pas de leur sexe ou qui n'avaient pas la même couleur de peau qu'eux, les accusant d'une indécente réappropriation alors que l'empathie, justement, est le moteur qui anime la littérature, l'écrivain laissant entrer en lui sous la forme d'un personnage par lequel une part de l'existence humaine lui sera révélée."
Lien : https://www.les2bouquineuses..
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« Mais je n'arrive plus à mettre le couvercle sur la marmite, et ça déborde partout. »
Alain Beaulieu est directeur littéraire aux Éditions Druide et professeur titulaire au Département de littérature, théâtre et cinéma de l'Université Laval à Québec. Il a écrit des nouvelles, des romans, des pièces de théâtre …
« le refuge » est son dernier titre et a été Lauréat du Prix France-Québec 2023. C'est un excellent livre qui explore avec une précision chirurgicale les conséquences d'un geste irréfléchi.
Marie et Antoine sont retraités, il était enseignant en création littéraire, elle était éducatrice. Pour profiter de chaque instant, à fond, et être près de la nature, ils se sont installés au « Refuge », un chalet près de la montagne. Ils y vivent tranquilles, avec peu de luxe, quelques voisins. En communion avec leur environnement, ils sont heureux.
Jusqu'à une nuit, périlleuse, où des voleurs se pointent chez eux, les agressant et leur demandant de l'argent qu'ils n'ont pas. Devant les blessures infligées à son épouse, Antoine est en colère, et lorsque les indésirables partent, avec trois fois rien, il sort son fusil et tire. Cet acte n'est pas neutre et aura des conséquences et des ramifications inattendues.
L'auteur « décortique » avec beaucoup d'intelligence tout ce que cela va engendrer. Ce qui est vraiment terrible, c'est de voir les options qui s'offrent au couple, les choix qu'ils font et ce que ça entraîne à chaque fois. Pendant plusieurs mois, régulièrement, ils sont confrontés à « un cas de conscience » et sont dans l'obligation de prendre une route ou une autre. Que faire ? Y-a-t-il de bonnes ou de mauvaises décisions ? Et qui doit les prendre ? À qui demander conseil ? Avec qui partager et est-ce une bonne idée ? Ne vaut-il pas mieux garder tout cela dans la sphère intime ?
Ce récit est surprenant, original, bien écrit, captivant bien qu'il y ait peu de personnages. La culpabilité est analysée de l'intérieur. Tout d'abord du point de vue du « fautif », de ce mari qui a commis l'irréparable et qui est hanté par son acte. D'ailleurs, il se décide à coucher sur le papier les événements de cette nuit puis de ceux que cela a provoqué, pour lui et tous ceux qui feront partie des dommages collatéraux. Il a besoin de prendre du recul, de réfléchir. Il écrit mais sa compagne décide de donner elle aussi son point de vue et chaque fois qu'il s'exprime, elle complète et éclaire les faits sous un autre angle. On a de ce fait deux narrateurs.
Le style et les réflexions sont parfaitement adaptés à chacun : l'homme ou la femme. On observe ainsi leurs dialogues, leur approche de ce qui les perturbe beaucoup, leurs échanges, leurs intentions suivies de ce qui se déroule réellement car on ne maîtrise jamais tout n'est-ce pas ? On découvre dans ce texte, comment un grain de sable, de petites choses peuvent bouleverser le cours d'une vie, de plusieurs destins ….
Au début de chaque chapitre une citation en exergue, bien ciblée, elle nous rappelle la fragilité de l'avenir qui ne nous appartient pas.
« le refuge », un endroit choisi par ces habitants pour son calme et vivre en paix jusqu'à ce que ….

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Je peux rester sept ou huit mois à avaler les livres sans éprouver le besoin d'en faire une chronique tant je les trouve insipides, et là, jackpot ! quatre d'affilée ont attiré mon attention.
J'ai déjà parlé ici de « La nuit, le sommeil, la mort, les étoiles » de la grande romancière américaine Joyce Carol Oates et deux autres retours se feront dans la foulée.
Aujourd'hui, je voudrais vous donner envie de lire « le refuge » d'Alain Beaulieu.
Je vous ai fait la chronique d'un roman qui s'appelait « Les Refuges ». Plusieurs titres de roman comportent le mot « refuge » en fait.

Ce refuge-là dont je vais vous parler est la cabane au Canada chère à Line Renaud.
Cela se situe au Quebec, un petit chalet sans électricité ni eau courante, au bord d'un lac où a eu envie de se réfugier un couple nouvellement retraité.
Anciens professeurs, Antoine et Marie ont mené jusque-là, en ville, une existence paisible et honnête. Ils sont heureux, dans cet habitat rudimentaire, de partager leur temps entre le travail de la terre le matin, le canotage sur le lac paisible l'après-midi et la farniente en chaise longue, en soirée.
Le luxe de la communion avec la nature.

Seulement voilà.
Ce livre, une fiction je précise, soulève un véritable cas de conscience. Son thème rejoint celui abordé par un de nos candidats à la présidentielle : « la défense excusable ».
Peut-on faire justice soi-même ?

Car ce couple paisible de retraités va se retrouver assassin du jour au lendemain.
Une nuit, ils sont tirés de leur sommeil par une voix qui leur crie à travers la porte : « vite, vite, sortez, il y a le feu dans la forêt toute proche ! ». Ni une, ni deux, le couple se rue vers la sortie et est stoppé net par deux individus cagoulés. Là, ils vont subir ce qu'a subi dernièrement le couple Tapie. Tabassage en règle pour obtenir d'eux la cachette du magot.
Une fois celui-ci dévoilé, maigre butin à dire vrai, les lascars prennent la fuite.
Antoine, dont la femme est encore évanouie, se précipite sur sa carabine rangée dans le placard, leur court après et dans un accès de fureur et de peur mêlées, tire dans le dos de l'un des voleurs tandis que l'autre réussit à prendre la fuite.
Horrifié de ce qui a été fait, incapable de se livrer à la justice, (il ne s'agit pas de légitime défense puisque les assaillants s'en allaient), le couple enterre le corps en forêt.
C'est le début du livre, tout le reste repose sur « l'après ». Les conséquences du meurtre avec ses suspens et ses revirements. Intrigue haletante, je vous le promets.

Comment des personnes dont la vie a été jusqu'ici exemplaire, déroulée dans la plus parfaite droiture, peuvent vivre avec un tel poids sur la conscience ?
Comment vit-on avec des évènements auxquels on a répondu (et pas de la bonne manière) de manière impulsive ?
C'est le sujet du livre. A vos réflexions Messieurs-Dames, vous avez deux heures.

Lien : https://www.murielmartinella..
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critiques presse (2)
LesEchos
30 avril 2024
Roman faussement bucolique, poignante histoire d'amour d'un couple vieillissant, drame de la culpabilité, palpitant thriller et réflexion subtile sur la littérature contemporaine : le livre du Québécois est tout cela à la fois.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeJournaldeQuebec
13 septembre 2022
Cette fois, un drame s’invite dans la vie calme et sans nuages d’un couple qui séjourne dans un chalet pour profiter de la nature et se ressourcer. Du jour au lendemain, la cabane au fond des bois n’apporte plus la paix, mais l’angoisse.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Je suis né Antoine Béraud dans une maison du quartier Saint-Roch à Québec qu'on a démolie deux ans plus tard pour y faire passer une autoroute. Issus d'un milieu ouvrier, mes parents ont connu leur lot de misère avant qu'un emploi dans la fonction publique n'offre à mon père l'occasion de se glisser lentement sous les jupes de la classe moyenne. Après l'entrée de ma sœur cadette à l'école primaire de notre quartier, ma mère a mis à contribution ses compétences en relations interpersonnelles pour se dénicher un emploi de secrétaire à l'université. Tout ça pour dire que je n'ai jamais manqué de rien, passant même mes étés d'adolescence à la campagne dans un chalet rudimentaire mais chaleureux situé dans le haut d'une avenue donnant directement sur un lac.
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La vie est un combat perdu d’avance, mais nous allions nous battre jusqu’à la fin, en choisissant cependant le champ de bataille de nos dernières querelles.
Bien qu’en bonne forme physique, nous sentions les années que nos corps avaient traversées dans nos muscles moins fermes et nos articulations parfois douloureuses.
Antoine avait pris un coup de vieux au cours de la dernière année, et je m’inquiétais davantage pour lui que pour moi. Je surestimais sans doute ma capacité à contrôler mon stress, mais j’étais celle qui, de nous deux, savait le mieux réagir à l’adversité.
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Avec novembre sont venues les premières gelées et la bordée de neige inaugurale de l'hiver. Trente centimètres de flocons mouillés, tombés du ciel en quelques heures à peine et qui n'allaient fondre qu'en avril ou en mai.
J'assistais au spectacle derrière notre fenêtre, alors qu'on diffusait à la radio l'Andantino de la Sonate no 20 pour piano de Schubert, et la neige qui fondait sur la vitre répondait aux larmes qui embuaient mon regard.
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Cette entrée en matière me semble convenue, voire réductrice, car mon mari aurait bien des choses à dire sur sa jeunesse en dehors de ces lieux communs. Mais comme je ne suis pas que “la femme de”, je parlerai pour moi et lui laisserai le monopole de ses révélations personnelles, m'octroyant cependant le droit de rectifier au besoin ce qui, dans sa version de ce qui nous est arrivé, me semble fautif.
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Je ne le vous cacherai pas, si je vous raconte tout ça, c’est en fait pour me guérir du traumatisme que m’a causé ce qui s’est passé au Refuge il y a exactement deux ans, trois mois et vingt-deux jours.
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