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Citations sur Omar et Greg (14)

Je crois que si l’on veut qu’une personne nous reste antipathique, il nous faut absolument refuser de la connaître.

Milena Agus
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J'avais une prof de maths, j'étais son désespoir. J'avais 1,5 de moyenne ! Mais sur le bulletin, que j'ai gardé précieusement, elle marquait "Malgré ses difficultés, Omar est toujours présent." Et c'est vrai que j'ai jamais loupé un cours, je passais ma vie au fond de sa classe.
"Omar, elle me disait, tu veux pas apprendre les maths, hein ?" Je lui répondais "Madame, 1+1 ça fait 2, mais 1A + 2B je suis perdu, il faut pas mélanger les chiffres et les lettres !"
Il y avait du respect entre nous. Elle allait au CDI, et elle m'amenait des magazines, 'Le nouvel Obs', 'L'Evénement du Jeudi'. A chaque cours, pour que je m'ennuie moins. C'est avec ces magazines, sans le savoir, que j'ai commencé à forger ma conscience politique.
(p. 14)
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Après quelques verres, l’ambiance est aux confidences. Stéphanie nous raconte ces jeunes qu’elle suit au quartier des Rosiers, les familles aussi, pour lesquelles elle s’échine à faire mettre tous les papiers à jour. Puis elle parle de moi, de ce métier d’écrivain et de cette manie que j’ai de collecter des histoires, de fouiner un peu partout. En fait si j’ai bien compris, toi tu fais le lien, c’est ça ? Tu fais remonter l’info aux Parisiens pour que les mecs qui nous dirigent comprennent mieux qui on est ? Comme un passeur qui relie les deux mondes, en vrai c’est pas un peu ça ton taf ?
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L’immigration, ça existera toujours. Tu mets un enfant qui sait marcher au milieu d’une pièce, tu fais plus attention, le gosse il est déjà à l’autre bout de la rue. Les gens sont faits pour marcher, voyager, bouger. Les migrations, en soi, c’est naturel. Maintenant quand ces vagues sont créées dans les intérêts de Bouygues, Bolloré, Vinci, Total, qui ne payent pas leurs impôts en France, et qu’on envoie nos soldats se faire crever pour leurs projets à l’étranger, on doit réagir. Il faut arrêter toutes ces guerres coloniales. Le devoir universel de la France, c’est de tout faire pour instaurer la paix. Alors que là c’est nous qui déclarons la guerre.
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Pendant longtemps mes grands-parents ont été interdits de territoire algérien, puis l'Etat a levé l'interdiction. Après il a fallu se réconcilier avec la famille. (...)
Quand tu quittes ton pays avec des convictions, il est très difficile de se renier. Il reste des douleurs, des souffrances personnelles. Ça a mis plus de quinze ans à se tasser, et encore c'est pas fini. Imagine, quand tu as cinq frères, et que deux sont dans un camp, trois dans l'autre.
Le côté FLN de ma famille disait à mon grand-père, "mais pourquoi t'es allé vivre dans ces bidonvilles, te faire traiter comme un chien [en France] ?! Après l'indépendance, tu serais resté, tu aurais gardé tes terres, tu aurais vécu comme un notable ! Est-ce que la France t'a jamais donné les compensations qu'elle t'avait promises ?"
(...)
A l'origine de notre lignée, il y avait deux frères. L'état civil français leur a donné des noms. L'un a été appelé Guellil, qui veut dire mal habillé, puis Djellil, et l'autre Guétécha, le porteur de queue de cheval, en référence à ses longs cheveux, pour simplifier, mais aussi avec l'arrière-pensée de nous diviser, de scinder les familles.
Notre vie familiale chaotique, elle remonte jusque-là, et la suite est pas triste. On a subi de plein fouet les événements dans les trois départements de France qui sont ensuite devenus l'Algérie. Parce que chez nous il y a ceux qui ont fait le choix de la France, et ceux qui ont fait le choix de l'Algérie. C'était soit les maquis soit l'armée.
Je crois que c'est ça entre autre qui a forgé tous les paradoxes de ma vie. Je suis un homme avec beaucoup de contradictions, qui ont une histoire, et des racines dans ce conflit fratricide.
(p. 51-53)
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Mon premier engagement au FN, c'était par haine, et d'ailleurs pas spécifiquement des étrangers. C'était une haine de tout, de mes parents, de ma condition sociale, du système, de mes propres frustrations. Il y avait pas que les Arabes. J'étais aussi emmerdé par des Blancs. Mais à Vaulx[-en-Velin], dans mon quartier, on était surtout emmerdés par des jeunes issus de l'immigration, c'est sûr. Après tu es dans une phase de contestation extrême, tu t'aimes pas, tu te cherches des potes, une voix, et la seule qui nous parlait c'était [JM] Le Pen, tout naturellement, celui qui nous ressemblait.
(p. 57)
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Le FN je regrette rien, c'est mon histoire. Il a fallu que j'en passe par là pour comprendre aujourd'hui que le patriotisme c'est pas du tout ça. Que les Ravier, Marine et Maréchal-Le Pen sont les ennemis du peuple. Maintenant je peux partir de mon expérience pour les combattre et montrer que ces imposteurs ne sont pas pour le changement mais au contraire qu'ils contribuent à maintenir le système et à le pérenniser.
(p. 126)
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L'immigration, ça existera toujours. Tu mets un enfant qui sait marcher au milieu d'une pièce, tu fais plus attention, le gosse il est déjà à l'autre bout de la rue. Les gens sont faits pour marcher, voyager, bouger. Les migrations, en soi, c'est naturel.
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Omar : Quand le mouvement skinhead s’implante dans les années 80, Reims est la ville de France où il y a la plus forte concentration, avec par-dessus les troupes de bat-skin de Serge Ayoub qui font les allers-retours de Paris.
Plus personne des quartiers osait aller en centre-ville, c’était chaud. Comme j’étais au lycée Europe, à l’opposé d’Orgeval, il fallait changer deux fois de bus. Pendant des semaines avec les potes on allait plus en cours parce qu’on se faisait défoncer.
Sur Reims, si tu veux, nous, les Arabes, on est interdits de sortie de ZUP. Fini la patinoire, la piscine municipale. Les skins faisaient la loi, et les policiers voulaient pas intervenir contre leurs gosses, et aussi des enfants de magistrats, de notables, des mômes qui avaient rien à voir, des bourgeois, mais c’était l’effet de mode, ils suivaient. Au début, les pouvoirs étaient très complaisants avec eux, parce qu’ils nettoyaient les rues des bougnoules.
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Quand le mouvement skinhead s'implante dans les années 80, Reims est la ville de France où il y a la plus forte concentration, avec par-dessus les troupes de bat-skin de Serge Ayoub qui font les allers-retours de Paris.
Plus personne des quartiers osait aller en centre-ville, c'était chaud. Comme j'étais au lycée Europe, à l'opposé d'Orgeval, il fallait changer deux fois de bus. Pendant des semaines avec les potes on allait plus en cours parce qu'on se faisait défoncer.
Sur Reims, si tu veux, nous les Arabes, on est interdits de sortir de ZUP. Fini la patinoire, la piscine municipale. Les skins faisaient la loi, et les policiers voulaient pas intervenir contre leurs gosses, et aussi des enfants de magistrats, de notables, des mômes qui avaient rien à voir, des bourgeois, mais c'était l'effet de mode, ils suivaient. Au début, les pouvoirs étaient très complaisants avec eux, parce qu'ils nettoyaient les rues des bougnoules.
(p. 17)
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