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Critique de hanyrhauz


On parle beaucoup du roman de Despentes en cette rentrée. Et pendant ce temps là, on ne lit pas l'un des grands romans féministes de cette année. Pas besoin d'afficher un connard de bon aloi en couverture, il est bien plus subtil de tisser sur 360 pages un état des lieux des rapports amoureux entre une femme (Emma Becker) et des hommes.

Si La Maison était le roman de la sororité exacerbée (et mon coup de coeur ultime de 2019), L'Inconduite est le roman du masculin (et peut-être mon coup de coeur ultime de 2022.) Livre du corps des hommes, beaucoup, de leurs regards sur les femmes, de leurs parades amoureuses, de leurs limites. Et il y a quelque chose de neuf dans cette capacité d'une jeune femme à dire sans filtres ce qu'elle connaît d'eux, du désir qu'elle leur porte, de leurs prouesses à leurs bassesses, dire qu'elle a besoin, envie d'eux et qu'elle sait pourtant qu'aucun ne sera à la hauteur de son attente. Lenny, Jon, Gaspard, Vincent et les autres, ont une place prépondérante dans sa vie. Ils alimentent son texte, ses pensées et sa réflexion. Évidemment, à la lecture de ce roman, on peut voir exclusivement une succession de bites et de chattes. Comme chez Nicolas Rey, on peut rester en surface et ne voir que l'autofiction avec de vrais morceaux de sexe dedans. Ici, comme là-bas, c'est nier la portée sociale du texte.
Emma Becker porte son regard plus loin. Sur le fait de ne pas avoir les codes des bonnes classes sociales (le passage sur Goldman est d'une grande intelligence), le fait d'être une trentenaire cultivée regardée avec condescendance par des hommes plus âgés (là c'est le passage avec Balavoine que je souligne).

Et puis, Emma Becker est une grande autrice, de celles dont j'admire le ton, le drôlerie, la capacité à jouer d'elle-même. Il y a des citations de choix, des chapitres que j'ai lu, relu (Jane, Serge et l'Anamour, oui, j'ai une obsession pour la chanson). Je lis de plus en plus d'autrices nées à la fin des années 80. Moi qui pensait stupide de parler de voix d'une génération, je m'y retrouve pourtant. Et je suis heureuse de voir émerger cette parole on ne peut plus libératrice et portée de si belle manière.

Lâchez Despentes, lisez Becker.
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