— Ton Prince Charmant ne t'enlevait pas dans ses bras pour te déposer au milieu d'un lit immense et ne te faisait pas tendrement l'amour ? insiste-t-il en faisant semblant de s'indigner.
Je chuchote que non.
— Et pourquoi ce crétin ne faisait-il pas ça ?
— Parce qu'il avait mis tellement de temps à monter les étages que
généralement, mon réveil sonnait et que je me suis toujours réveillée
avant, je réponds en réprimant un rire.
— Si tu ne cesses pas de donner du « Monsieur » à chaque phrase, je
t'étrangle, menace-t-il, un sourire aux lèvres.
— Je suis désolée, c'est... plus fort que moi, je bredouille, ahurie.
— Par ailleurs, j'apprécierai que tu me livres le fond de ta pensée, je
sais que tu en brûles d'envie parfois. Sache que je ne suis à cheval sur
aucune étiquette et que je n'attends pas forcément de toi que tu joues les
gouvernantes zélées même si je sais aussi que tu peux l'être.
— C'est que je crains toujours d'outrepasser mes fonctions et de vous...
contrarier.
— Je préférerais que ce soit le cas, affirme-t-il très sérieusement en
sondant mon âme de son regard clair. Je n'ai pas réclamé une potiche et
je doute que tu en sois une.
Le ton est donné ! Si Monsieur Daniel Sitrange se contente de ce genre
de services, je n'y vois aucun inconvénient. Mon seul problème est de
contenir les élans de mon propre ventre qui ont légèrement imbibé ma
petite culotte.
Bon sang, que j'avais envie de lui !
Parfois, je me demande si je suis tout à fait normale.
— Je crois que vous avez fait un excellent choix pour ce collier qu'il soit d'adieu ou d'autre chose.
Je m'éloigne vers la sortie mais il me rappelle avant que je referme la
porte.
— Combien de bijoux de valeur possèdes-tu ? me demande-t-il
gentiment.
— Aucun, Monsieur Sitrange, lui dis-je sans amertume.
— Et combien d'hommes mets-tu à ton cou ?
— Autant que de bijoux, ce qui me permet d'être aussi lucide sur l'un
que sur l'autre.
Je souris malicieusement et je m'en vais. J'ai à peine fait trois pas qu'un
éclat de rire sonore me parvient.
il est déjà là en compagnie d'une femme d'une trentaine d'années et de deux hommes, un jeune blond à l'allure sportive dans son costume gris tout neuf et un autre que je qualifierais volontiers de têtard à hublots avec ses drôles de lunettes rondes. Celui-là a tout l'air d'un banquier ou d'un comptable.
— Si tu veux un très bon conseil de ma part, Cali, n'aie jamais de meilleure amie.
Je fais une moue sceptique en lui en demandant la raison.
— Les femmes se font toujours trahir par leurs meilleures amies. Sous couvert de bons sentiments, elles les envoient droit dans le mur et minaudent quand il s'agit de ramasser les morceaux. Par-derrière, elles sont prêtes à toutes les bassesses pour récupérer ce que l'autre a perdu.
J'adore sa manière un peu brutale de me contraindre et la couleur de ses yeux qui m'ordonnent, j'adore ses fossettes qui se creusent aux coins de son sourire.