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Critique de motspourmots


Mais où va-t-il chercher tout ça ? J'étais à peine remise de ma course folle auprès de L'homme qui s'envola, les maximes d'Ada me trottaient encore dans la tête et voilà qu'Antoine Bello remet ça ! le pitch est alléchant. Ce portrait d'un imposteur de génie qu'un psychiatre se met en tête de diagnostiquer puis de guérir... Encore un face à face comme sait les orchestrer Antoine Bello, après le fuyard et l'enquêteur, le détective et l'intelligence artificielle voici donc le thérapeute et le caméléon.

Ce qu'Antoine Bello nous met entre les mains est un livre rassemblant les six éditions de l'étude publiée par Maxime le Verrier aux Editions du Sens, entre 1978 et 2004. Une étude dont l'unique sujet est le fameux Scherbius qui débarque un jour dans le cabinet du jeune psychiatre alors débutant et qui est loin de se douter que la relation avec son patient va l'occuper durant toute sa vie active. Scherbius est un individu étrange et captivant, une sorte de caméléon qui se glisse dans la peau de tas de personnages et chez lequel le Verrier, après l'avoir écouté exposer sa vie, finit par diagnostiquer un syndrome de personnalités multiples. La publication de la première édition de son étude est un immense succès qui lance sa carrière et sa réputation. Pourtant, ce n'est que le début de l'aventure. Car Scherbius ne se pose jamais, ne cesse d'inventer... au point que le jour où les organisateurs d'un colloque dans lequel le Verrier doit intervenir lui demandent d'apporter quelques éléments factuels, le psy va s'apercevoir que la dimension de la pathologie de Scherbius déborde largement du cadre initial. Alors ? Imposteur ? Affabulateur ? Malade ou menteur ?

C'est tout le jeu auquel Antoine Bello convie son lecteur avec, encore une fois, un certain brio. D'abord dans la forme et la construction narrative avec lesquelles on a vraiment l'impression d'avoir affaire à un véritable psy. Rien ne manque, ni les références aux études américaines, les rivalités entre chercheurs, ni même les notes de bas de page (savoureuses !). Ensuite dans le propos où l'on retrouve l'un des thèmes favoris de l'auteur, cette réflexion autour du rôle de la littérature, de la façon dont elle inspire nos vies, avec, cette fois une ode au pouvoir de l'imaginaire. Quand Scherbius déclare à le Verrier "Rien ne risquait de leur arriver. Ils n'étaient qu'eux", on mesure à quel point s'inventer de multiples personnages est plus que vital pour lui. Tandis que de son côté le psy s'inquiète pour son patient de "l'effet sur son psychisme de toutes ces histoires qu'il se raconte. La fiction est un virus qui contamine tout ce qu'il touche."

J'ai l'impression de dire la même chose pour chaque nouveau roman d'Antoine Bello mais tant pis : c'est intelligent (parfois brillant), troublant (on se demande sans cesse où est la vérité) et ludique (pas sûr que les études des psys soient teintées de tant d'humour d'habitude). Ceux qui aiment s'évader avec les livres sont doublement servis (je vous laisse découvrir pourquoi). Je suis épatée par la consistance de l'ensemble (la trame de fond qui reprend l'actualité des trois dernières décennies, Scherbius en plus !) au point de me demander si, tout comme il avait mis beaucoup de lui dans John Walker, le héros de L'homme qui s'envola, Antoine Bello ne serait pas lui-même atteint du syndrome de personnalités multiples. En tout cas une chose est sûre, ce livre n'est pas une imposture.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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