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3,72

sur 137 notes
Quel roman pour le moins original et combien intrigant. Un roman décomposé en six éditions, six versions, six approches du mystérieux Scherbius. Pas facile d'étayer une critique tant sa composition est ardue.

Maxime le Verrier est psychiatre, on lui envoie l'énigmatique Alexandre Scherbius. Ce dernier est un mystère, son profil fantasque et élastique le conduit à s'approprier ou ursurper différentes identités. On le pense atteint d'un trouble de la personnalité multiple. Mais Scherbius sait se montrer affabulateur et digne des plus grands imposteurs.

On suit dans toutes ces éditions au sein même du roman une anamnèse précise dudit Scherbius avec conclusions et diagnostic à la clé. Face à un tel manipulateur, les dés sont sans cesse rejoués. Scherbius fait tourner son monde en bourrique.

Maxime le Verrier s'attelle à écrire un roman sur Scherbius ce qui est du moins assez original : nous avons affaire à un roman (même six romans) à l'intérieur du roman principal d'Antoine Bello. C'est assez désarçonnant. Je relève surtout les informations psychiatriques d'une très grande qualité. Ce Scherbius et moi est un roman écrit comme un ouvrage psychiatrique, sur un ton plutôt neutre et dénué d'émotions. C'est cartésien, rationnel, droit et propre. Inhabituel en somme où en tant que lectrice, j'ai éprouvé des difficultés à étayer un avis clair perdue entre un roman didactique de qualité et cette impression de ne pas avoir trouvé le roman, vous savez, celui qui touche, dépayse, embarque et vous met le feu à l'âme...
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Voici un roman à la construction pour le moins originale : six éditions de Scherbius , chacune a sa page de garde insérée ....cette maniére de procéder nous fait douter de tout...
L'auteur dresse le portrait passionnant ( peut être un peu long) d'un imposteur génial que le jeune psychiatre Maxime le Verrier se donne pour mission de guérir : Scherbius, un vrai caméléon un homme étrange et captivant , fantasque....menteur? Malade? Affabulateur ?
Il se met dans la peau de nombreux personnages chez lequel le jeune psychiatre après avoir rassemblé mille preuves, soupesé, comparé , mis bout à bout pour comprendre le mécanisme diagnostique le TPM : Scherbius serait atteint du syndrôme de personnalités multiples...
La structure de ce roman est inédite et brillante : des notes rédigées en bas de page qui nous éclairent, l'histoire intéressante de la psychiatrie française au XX° siécle, détaillée et expliquée , la construction du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux ( DSM ) publié par l'association américaine de psychiatrie , les tendances ....l'accomplissement personnel, le travestissement de la réalité .....l'usurpation d'identité ...
On suit le diagnostic du fantasque Scherbius puis sa thérapie ...
Ce que j'ai le plus aimé c'est l'éclairage documenté , réaliste sur la psychanalyse.
L'auteur est bien renseigné et on apprend énormément de choses ...
La relation entre le patient et son psy oscille entre admiration et antipathie, volonté de nuire ?
L'auteur à l'imagination débordante nous manipule sans doute.
Nous allons de surprises en rebondissements , la relation entre un écrivain et son modéle vivant , est aussi abordée à travers le travail de l'écrivain et la littérature.
Une fiction vertigineuse et intelligente qui nous donne à réfléchir , nous instruit tout en nous divertissant, pas du tout facile à critiquer ....
Ce n'est que mon avis bien sûr.
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Ce livre , je l'ai choisi pour son auteur . Après "L'homme qui s'envola ", il me tardait de retrouver Antoine Bello .

Et, je n'ai pas été déçue : en effet , s'il met en scène Scherbius un personnage atypique et son psychiatre Maxime le Verrier, c'est l'auteur qui ,à mon sens ,crève l'écran ! le psy , ma parole , c'est lui !

Je m'explique : le roman est écrit à la première personne . le psy relate en détail les multiples facettes de son patient .
Au fil des entretiens , on découvre la personnalité fascinante d'un imposteur , affabulateur de grande envergure , manipulateur et pervers à souhait .

Mais , bizarrement , derrière ces personnages, l'auteur apparaît en filigrane ; il semble oublier qu'il écrit un roman et part dans de longs chapitres très pointus sur l'histoire de la psychiatrie ou encore sur les troubles de la personnalité , les syndromes dissociatifs et les diagnostics .
Là, on est en train de lire des articles de revues spécialisées ou des traités de psychiatrie .

Et puis, sans crier gare , on bascule dans un univers satyrique .
Voilà que le psy se plante de façon éhontée dans le diagnostic , sa méthodologie très personnelle l'égare , l'envahit ...
Des comptes à régler on dirait !
Voilà encore que la psychiatrie américaine ne vaut pas tripette , qu'elle impose ses travaux en occultant ceux de nos valeureux Charcot, Freud et les autres .
Quoiqu'il en soit , on profite d'une belle synthèse sur le sujet .

Alors , qu'est-ce qu'un trouble de la personnalité multiple , un "TPM " ?
Eh bien , dans le cas présent , je dirais que c'est un désordre psychique auquel s'expose le lecteur d' un roman qui devient un traité masquant un pamphlet écrit par un auteur caméléon !
Et, attendez , c'est qui le "moi" du titre ?

Mais, si le fond reste sérieux par sa documentation très élaborée, la forme , elle , prend des allures de fine parodie et ramène heureusement l'aspect fictif au premier plan de temps en temps avec des rebondissements .

Cependant, je tiens à souligner que cette lecture est attractive si la psy intéresse elle n'est pas toujours facile , traitant en profondeur des domaines bien spécifiques .
J'ai aussi regretté quelques longueurs ou des répétitions .
Mais , c'est bien peu de désagréments au regard de la qualité de l'ensemble .

L'auteur a mis en scène génie et folie et , comme on le sait , si l'un et l'autre se confondent parfois, ils intriguent, fascinent ou effrayent car ils échappent au rationnel mais ici , du génie, il en faut pour présenter un tel sujet en dilettante !

Voilà donc mon humble avis . C'est un ouvrage pour le moins étonnant et qui renforce ma curiosité pour l'oeuvre d'Antoine Bello .



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Quelle formidable construction ! Une idée originale qui vous entraîne et vous fait finalement douter vous-même de tout. Un écrivain bien informé sur les maladies en psychiatrie. Un auteur que je découvre et dont je vais certainement lire plus de livres. Je vous conseil vivement de le lire, si vous avez envie d'autres chose...
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Cabinet Boulevard Saint-Germain. 6 octobre 1977. C'est la première rencontre entre Scherbius et Maxime le Verrier. L'un est psychiatre, l'autre est patient, ou l'inverse, je ne sais plus trop. Débute alors un premier récit sur la tentative du psychiatre du diagnostiquer son patient : est-il un simple imposteur, un escroc ? Souffre-t-il d'un trouble mental ? le psychiatre le sait, un diagnostique éclairé nécessite tout un tas de variables et de symptômes, qui peuvent être autant vrais que falsifiés par le patient. Alors, en tout état de cause face au patient, la prudence est de mise.

Oui mais voilà, d'un côté, le psychiatre prudent pour diagnostiquer, analysant les comportements et les dires de son patient, observant et décrivant les éléments déclencheurs, les grands bouleversements dans sa vie ; de l'autre, un patient bien trop intelligent pour laisser le psychiatre faire correctement son boulot. Que se passe-t-il quand un patient affabule l'intégralité de sa vie ? Que fait un psychiatre face à un patient qui invente toute son existence, pour correspondre aux mieux aux symptômes, aux signes et aux causes d'une pathologie ? Il le diagnostique tout de même.

Imaginez maintenant un psychiatre ayant vécu cette relation précédente, diagnostiquant un patient inventif et trop intelligent. Ce psychiatre, fort de cette expérience, décide de publier le fruit de sa relation dans un ouvrage, avec l'intention de chambouler tout un pan de la psychiatrie, dominée par les anglo-saxons. C'est exactement l'histoire rapportée dans ce roman : celle d'un psychiatre prudent et d'un patient affabulateur.

L'histoire ne s'arrête pas là. En effet, après la publication de son livre, le psychiatre apprend que son patient lui a menti sur toute la ligne. Alors que le médecin doit faire confiance à son patient – sinon comment le soigner, comment le psychiatre peut-il voir son nom et sa crédibilité associés à un mensonge ? C'est là toute la suite de l'histoire du psychiatre, publiée dans 6 volumes différents.

La vie du psychiatre est intrinsèquement liée à celle de son patient, l'une nourrissant l'autre, et inversement. Dans Scherbius (et moi), l'histoire n'est pas simplement deux vies mises en parallèle, les vies s'entrecroisent et s'enrichissent, quand l'une dépérit, l'autre au contraire se fructifie. La frontière entre soignant et soigné devient ténue. Qui est finalement le thérapeute ?
Lien : https://thesaurex.fr/2022/01..
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Quel livre original !
En 1977, Maxime le Verrier, jeune psychiatre prometteur, reçoit Sherbius comme patient.
Il serait à priori atteint de TPM (trouble de la personnalité multiple) ou alors ne serait-il qu'un imposteur.
Il va le suivre jusqu'en 2004, avec de longues coupures dans leurs relations.
Jamais il ne réussira à savoir qui est réellement Sherbius.
Le roman se présente sous forme de six romans à succès écrits par LeVerrier, tous traitant du cas Sherbius.
Ils passeront presque trente ans en dépendant de plus en plus l'un de l'autre.
Ce cas est devenu obsessionnel pour le praticien, et son patient aux facettes multiples et à l'intelligence débordante le mettra malgré lui dans de drôles de situations.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman qui sort des sentiers battus.
Il tombe à point nommé au milieu de tous ces livres actuels plus au moins déprimants traitant de sujets trop réalistes pour pouvoir s'évader.
Ici, l'imagination est débridée, on est en pleine fiction, les tracas sociétaux quotidiens sont loin, et on part à fond dans cette histoire au demeurant fort bien écrite.
Je ne connaissais pas Antoine Bello, il est vraiment intéressant.
A suivre.
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Imaginez : vous êtes un jeune psychiatre et vous vous installez dans ce cabinet dont vous rêviez depuis longtemps, situé sur le prestigieux boulevard Saint-Germain. Ici vous placez une bibliothèque bourrée de livres qui saura certainement rassurer votre clientèle, là un beau bureau avec un plateau en verre où vous poserez votre bloc tout neuf d'ordonnances. Vous vous reculez un peu, admirez l'ensemble, fier d'imaginer l'avenir prometteur qui se dessine devant vous lorsque, soudain, le téléphone sonne.
Premier appel…
Pour un rendez-vous?
Non, pas vraiment… C'est un éminent collègue, Francis Monnet, directeur du service de psychiatrie de l'hôpital Cochin… Un ponte, quoi !… Comme tous les étudiants en psychiatrie, vous connaissez par coeur son Manuel de la schizophrénie paranoïde.
Pourquoi appelle-t-il ? Votre curiosité s'en trouve pour le moins aiguisée !
Il vous explique que les services du Premier Ministre lui ont confié le soin de s'occuper d'un « imposteur » (les guillemets sont importants), un certain Scherbius, est-ce que vous accepteriez de vous occuper de lui? Vous venez juste de vous installer et l'on ne peut pas dire que vous crouliez sous les rendez-vous, alors, vous acceptez. Votre collègue viendra chez vous demain pour vous expliquer le cas. Vous acceptez…
Vous acceptez, certes, mais avez-vous pris conscience de ce qui venait de se passer ? Dans quelle galère vous vous étiez embarqué ? Non ? Eh bien, sachez-le quand même, c'est fort dommage pour vous… Vous êtes maintenant embarqué… POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE… C'est le moins qu'on puisse dire !!!
Bon, que je vous dise tout : je ne connais Antoine Bello que depuis peu mais je suis FAN. 2016 : Ada, j'adore ; 2017 : L'homme qui s'envola, même chose ; 2018 Scherbius (et moi), et toujours le même enthousiasme. J'ajouterais même qu'il me semble que le 2018 est un très très bon cru. Pourquoi ? Parce que ce texte est bourré d'humour (ah, les scènes improbables, les notes en bas de page etc, etc !) Franchement, je ne me souviens pas de m'être autant amusée en lisant un texte littéraire. Quelle invention, mais quelle invention !
Et je ne vous parle même pas de la construction… Je vous laisse la surprise !
On se balade entre la franche parodie, un mélange de vrai… (c'est hyper-documenté : vous saurez tout sur le DSM, le TPM et la psychanalyse n'aura plus aucun secret pour vous…), et de faux (à vous de démêler l'un de l'autre - après tout, Scherbius n'est-il pas un imposteur ?) Franchement, certaines situations sont hilarantes et j'imagine aisément avec quel plaisir Bello s'est amusé à raconter les histoires les plus folles, les plus déjantées… On se régale, on rit, on sent que Bello nous manipule à travers ses personnages et on en redemande.
Car au fond : QUI EST SCHERBIUS ? A cette question, s'en ajoutent bien d'autres : d'où vient-il, que veut-il, que cherche-t-il, quelles sont ses motivations, qui parle lorsqu'il prend la parole - lui ou un autre ? Porte-t-il toujours un masque ? Qui est cet homme ?
Un mystère… Une énigme…
Il faudra tout le talent de notre jeune psychiatre pour tenter de cerner ce personnage à faces multiples…
Mais Scherbius est-il un personnage classable, étiquetable, son cas est-il diagnosticable ? Est-il un escroc ou un malade ? Doit-on le mettre en prison ou tenter de le soigner (ou les deux à la fois?) Un manipulateur ou un manipulé ? Et s'il n'était pas celui qu'on croyait, à moins que...
Mais chut...
J'ajoute juste une chose : vous trouverez, au coeur de l'oeuvre, comme souvent chez Bello, une réflexion sur les pouvoirs de la littérature, de la fiction, une interrogation sur l'acte même d'écrire...
Un roman brillant, complètement JUBILATOIRE et, évidemment, à lire ABSOLUMENT !!!
(Volontairement, je vous en dis peu sur l'intrigue… croyez-moi, j'ai mes raisons!)
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Mais où va-t-il chercher tout ça ? J'étais à peine remise de ma course folle auprès de L'homme qui s'envola, les maximes d'Ada me trottaient encore dans la tête et voilà qu'Antoine Bello remet ça ! le pitch est alléchant. Ce portrait d'un imposteur de génie qu'un psychiatre se met en tête de diagnostiquer puis de guérir... Encore un face à face comme sait les orchestrer Antoine Bello, après le fuyard et l'enquêteur, le détective et l'intelligence artificielle voici donc le thérapeute et le caméléon.

Ce qu'Antoine Bello nous met entre les mains est un livre rassemblant les six éditions de l'étude publiée par Maxime le Verrier aux Editions du Sens, entre 1978 et 2004. Une étude dont l'unique sujet est le fameux Scherbius qui débarque un jour dans le cabinet du jeune psychiatre alors débutant et qui est loin de se douter que la relation avec son patient va l'occuper durant toute sa vie active. Scherbius est un individu étrange et captivant, une sorte de caméléon qui se glisse dans la peau de tas de personnages et chez lequel le Verrier, après l'avoir écouté exposer sa vie, finit par diagnostiquer un syndrome de personnalités multiples. La publication de la première édition de son étude est un immense succès qui lance sa carrière et sa réputation. Pourtant, ce n'est que le début de l'aventure. Car Scherbius ne se pose jamais, ne cesse d'inventer... au point que le jour où les organisateurs d'un colloque dans lequel le Verrier doit intervenir lui demandent d'apporter quelques éléments factuels, le psy va s'apercevoir que la dimension de la pathologie de Scherbius déborde largement du cadre initial. Alors ? Imposteur ? Affabulateur ? Malade ou menteur ?

C'est tout le jeu auquel Antoine Bello convie son lecteur avec, encore une fois, un certain brio. D'abord dans la forme et la construction narrative avec lesquelles on a vraiment l'impression d'avoir affaire à un véritable psy. Rien ne manque, ni les références aux études américaines, les rivalités entre chercheurs, ni même les notes de bas de page (savoureuses !). Ensuite dans le propos où l'on retrouve l'un des thèmes favoris de l'auteur, cette réflexion autour du rôle de la littérature, de la façon dont elle inspire nos vies, avec, cette fois une ode au pouvoir de l'imaginaire. Quand Scherbius déclare à le Verrier "Rien ne risquait de leur arriver. Ils n'étaient qu'eux", on mesure à quel point s'inventer de multiples personnages est plus que vital pour lui. Tandis que de son côté le psy s'inquiète pour son patient de "l'effet sur son psychisme de toutes ces histoires qu'il se raconte. La fiction est un virus qui contamine tout ce qu'il touche."

J'ai l'impression de dire la même chose pour chaque nouveau roman d'Antoine Bello mais tant pis : c'est intelligent (parfois brillant), troublant (on se demande sans cesse où est la vérité) et ludique (pas sûr que les études des psys soient teintées de tant d'humour d'habitude). Ceux qui aiment s'évader avec les livres sont doublement servis (je vous laisse découvrir pourquoi). Je suis épatée par la consistance de l'ensemble (la trame de fond qui reprend l'actualité des trois dernières décennies, Scherbius en plus !) au point de me demander si, tout comme il avait mis beaucoup de lui dans John Walker, le héros de L'homme qui s'envola, Antoine Bello ne serait pas lui-même atteint du syndrome de personnalités multiples. En tout cas une chose est sûre, ce livre n'est pas une imposture.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Maxime le Verrier est psychiâtre et il vient d'emménager dans son nouveau cabinet. A peine son téléphone branché, qu'il se met à sonner. C'est un certain Dr. Monnet, confrère dans un hôpital prestigieux à Paris, qui demande à le rencontrer. Surchargé, il aimerait lui confier un patient, diagnostiqué « imposteur pathologique ». Celui-ci s'est fait passer pour un diplomate français auprès de dirigeants africains sur le tarmac d'un aéroport lors de leur arrivée, suite à quoi on l'a immédiatement arrêté, et le juge exige des séances chez le psy.

Ce patient incroyable sera le tout premier de la carrière de Maxime le Verrier. Qui est-il ? Scherbius souffre d'un mal, c'est certain, car il n'en est pas à son premier coup. Il faut l'identifier, pour mieux le soigner. C'est la base pour avancer. Scherbius possède plusieurs dons d'improvisation, de la mémoire, il est très intelligent. Pour vivre, il joue au black jack. Il n'a aucun toit et vit à l'hôtel. Il n'a aucune famille. Il prend des identités différentes, et trompe les autres, en n'en tirant aucun bénéfice. Au cours de séances, Maxime le Verrier recueille les éléments de sa biographie, et essaye de le cerner, de le guérir aussi par le moyen de l'hypnose.

Un livre qui m'a passionnée, d'autant que tout cela se base sur une réalité bien vraie de la maladie. le suspense est là. C'est bien construit. Grâce à ce livre, on approfondit diverses notions psychiatriques, des classements divers, et des mécanismes étranges que l'humain peut développer parfois pour exprimer son mal-être. Parfois, l'humour est poussé jusqu'aux limites du burlesque.

« Quels que soient les mots que j'emploierai pour vous décrire le fond de mon âme, ils ne revêtiront pas le même sens pour vous. Franchement, à quoi bon vous donner l'illusion que vous me comprenez ? »
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Je me suis régalée. Oui, je sais bien que j'avais commencé ma chronique de Ada de la même manière mais j'ai retrouvé la plume et l'inventivité de cet auteur avec autant de délectation et peut-être même davantage !
Avec le dernier Bello, vous n'aurez pas un mais six romans. Six éditions de Scherbius (chacune a sa page de garde insérée), rédigées par son psychiatre, Maxime le Verrier entre 1978 et 2004. le tout agrémenté par de savoureuses notes de bas de page. Autant dire que le jeu des entrées narratives est complexe et s'avère délicieux pour le lecteur qui apprécie les constructions un peu subtiles (cela m'a rappelé La Caverne des idées de Somoza).
Alexandre Scherbius est le patient de Maxime le Verrier. Lorsqu'il frappe à sa porte en 1977, ce dernier perçoit assez vite l'aubaine que va représenter ce cas dans sa jeune carrière. En effet, tout comme les cas d'hystérie avaient fait la renommée de Charcot, figure principale de l'Ecole de la Salpêtrière, Maxime pose assez vite un diagnostic de TPM (trouble de la personnalité multiple) et acquiert une notoriété quasi immédiate après la première édition de son livre, profitant de la publicité que des oeuvres telles que The three faces of Eve, film sorti en 1957 ou Sybil, roman biographique publié en 1973, ont pu donner, outre-Atlantique, à cette pathologie, au point de l'intégrer en 1980 dans le fameux DSM-III (Diagnostic and statistical manual of mental disorders).
Antoine Bello, par le biais de la plume de Maxime le Verrier (qui voue une admiration à "ses maîtres de la Salpêtrière") trouve le moyen de nous proposer une fort intéressante histoire des TPM, rappelant les oppositions entre Pierre Janet, partisan du recours à l'hypnose et Freud, la délaissant (et la discréditant quelque peu au passage) car il la trouve trop limitée dans ses possibilités thérapeutiques. Tout ceci est bien plus savamment détaillé et expliqué que je ne saurais le faire et si, comme moi, vous aimez apprendre au détour de votre lecture, vous irez sans doute consulter quelques pages Wikipédia ou d'autres sources pour en apprendre davantage.
Mais revenons à Scherbius. Il ne se laisse pas si facilement découvrir comme en témoignent les différentes éditions qui tentent de le cerner. Est-il un imposteur ? un menteur pathologique ? un escroc surdoué pour le camouflage et doué d'une mémoire prodigieuse ? Considère-t-il qu'il n'y a d'intérêt dans la vie que si l'on peut jouer tous les personnages ? Et si la littérature, experte en personnages, s'invitait dans l'affaire ?
Roman ingénieux, bien écrit et bien construit, donnant à divertir autant qu'à s'instruire et à réfléchir, une lecture que je recommande vivement.


Lien : https://leschroniquesdepetit..
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