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3,7

sur 321 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Depuis le temps, Tahar Ben Jelloun sait nous tresser de belles (parfois tragiques) contes Ca qui me rapelle des fois Amin Maalouf. Comme" le Mariage de plaisir", qu'il nous livre de sa plus belle plume.
Ses mots sont si révélateurs des maux qui rongent notre vie quotidienne. Il y a à chaque fois chez Tahar Ben Jelloun une mécanique d'écriture qui détonne, ne s'épuise pas. Bien au contraire se renouvelle au gré des sujets. Dans son roman, il y a de splendides paragraphes. Dans ce dernier roman, il est question des relations des hommes avec les femmes, du racisme entre Africains (basanés et noirs), les rivalités entre femmes, la jalousie, la violence. L'auteur s'interroge comment "la couleur d'une peau détermine à ce point le destin des hommes, pourquoi elle sauve certains, tandis qu'elle envoie d'autre directement en enfer".
Tout commence par le récit d'un conteur. Il est vrai que chez Ben Jelloun, la notion de conteur prend toute sa mesure, il y a toujours de la magie et du mystère dans la voix de ces hommes à la mémoire profonde. Ce conteur donc est un sage qui raconte l'histoire d'Amir, un enfant issu d'une famille de commerçants qui, dit-on, descend du prophète (encore une ?). Bel homme, commerçant de son état à Fès, Amir s'est marié très tôt à Lalla Fatma avec qui il a eu quatre enfants (trois garçons et une fille). le bonheur, suggèreront certains. le dernier, Karim, n'était toutefois pas comme les autres enfants. Il était particulièrement vif, néanmoins il avait un peu de retard. Coeur pur comme il n'y en a que rarement, il faisait cependant le bonheur des siens. Karim ne lâchait jamais son père qui l'emmenait partout. Un jour il l'emmène au Sénégal où Amir se rendait plusieurs fois par an pour ses affaires commerciales. Sous le soleil de ce pays, Amir avait rencontré Nabou, une ravissante Peule avec qui il avait contracté un mariage de plaisir. L'islam lui permet ce mariage à durée déterminée puisqu'il est en voyage. Et à chacun de ses voyages donc, il l'a retrouvait.
Cette belle peule à la peau noir d'ébène faisait vibrer Amir. Il en était fou. Un jour Amir a décidé de la ramener avec lui au Maroc auprès de sa première épouse et ses enfants. C'est là que tout se gâte. Que l'histoire s'ébranle. Pour la jeune Peule c'est la descente aux enfers. Personne ne voulait de cette Sénégalaise. Lalla Fatma et ses enfants lui rendaient la vie impossible. La vie de seconde épouse vire au cauchemar. Seul Karim au grand coeur se refusait de lui faire le moindre mal. L'ambiance dans la famille était devenue irrespirable. Insupportable, surtout pour Nabou. Laquelle avait tenu bon et a accouché de jumeaux. Un blanc et un noir. L'histoire de ces deux enfants était comme écrite sur la couleur de leur peau. Dans une société rétrograde, conservateur qui n'admet pas la différence, leur destin était inévitable. Si le blanc s'en tire, Salim à la peau noir sera victime comme sa mère de la couleur de sa peau.
"Le mariage du plaisir" est un voyage dans les pratiques de la société d'hier tout en nous rappelant que celles-ci perdurent aujourd'hui. le mépris de l'autre, le racisme, le jugement de son prochain sur la simple couleur de sa peau…

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C'est une histoire magnifique qui commence comme un conte. J'ai découvert le Maroc au fil du XXe siècle, ses traditions et ses "curiosités" (le mariage de plaisir). J'ai été très touchée par les personnages et surtout Nabou toujours digne et courageuse quelque soi la situation, Karim l'être de "lumière" et Salim au destin tragique à la recherche de ses racines puis écoeuré par un système qui le met au ban de la société. La naissance de deux jumeaux: un blanc et un noir met en lumière la condition des noirs au Maroc au fil du temps. Ce roman est aussi l'occasion d'évoquer le racisme que subissent les personnes de couleur, considérés comme des esclaves au début du roman puis comme des migrants à la fin.
Un roman dont on ne sort pas indemne.
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Une fresque familiale sur fond de tensions économique, sociale et raciale au Maroc et au Sénégal. L'histoire avait pourtant bien commencé, où un mariage de plaisir devient un mariage d'amour. D'Amir et Nabou naîtront deux jumeaux, l'un noir et l'autre blanc. Un "détail" apparent mais qui, malgré la position sociale du père commerçant n'empêchera pas l'un des fils de connaître le même sort que bon nombre de Subsahariens.
Une histoire contemporaine marocaine servie par une plume enchantée.
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L'esclavage n'a été aboli qu'en 1922 au Maroc, autant dire, que nos grands-parents s'en souviennent. Qu'en est –il advenu de ces anciens esclaves, ont-ils été affranchis ? Certains d'entre eux oui, mais pas tous. Avant tout pour des questions de coutumes et, bizarrement aussi, parce que les esclaves (ou du moins ceux qui étaient nés ainsi) avaient tellement intégrés leur statut, qu'ils pouvaient avoir du mal à envisager leur autonomie…

Cette petite introduction est là pour poser le décor dans lequel évolue « le mariage de plaisir » dernier-né du grand Tahar Ben Jelloun.

Il n'est nulle question d'esclavage, le livre nous conte l'épopée familiale d'une famille fassie (de Fès) du milieu des années 50 (juste avant la fin du protectorat) à nos jours. Mais dans l'esprit de tous, à l'époque, un noir, ne peut être qu'un esclave.
Amir commerçant prospère, marié à Fatma. Leur mariage était-il heureux ? On ne se posait pas la question. Elle lui a donné des enfants. Les apparences étaient sauves. Dans cette ville de Fès, renfermée sur elle-même, creuset de la civilisation arabo-andalouse, on ne plaisantait pas avec les convenances.

Dans l'islam, il est permis à un homme qui part en voyage de contracter un mariage à durée déterminée, « mariage de plaisir - زواج متعة ». C'est dans ces conditions qu'Amir, a pour habitude d'épouser temporairement Nabou, une magnifique Peule de Dakar, où il part s'approvisionner.

Amir accompagné de son fils Karim, simple d'esprit, mais un personnage attachant et lumineux, entame un ultime voyage à Dakar. Les choses se corsent quand l'amour fait des siennes, Amir tombe éperdument amoureux de Nabou, cette femme libre en matière d'amour, que le poids de la religion ne bloque pas. Il la ramène à Fès en tant que seconde épouse.
Deux grandes portent s'ouvrent grand : celle de la jalousie (que l'on comprend) et celle du racisme. Dans un pays où le noir est perçu comme le décrit Fatma : « Jamais, jamais de la vie je ne supporterai d'avoir été supplantée par une Négresse, une étrangère sale et qui ne sait même pas parler. Elle a ensorcelé mon mari elle lui a jeté un sort et moi aussi je suis sa victime. Ce sont des gens sauvages qui nous détestent parce que Dieu nous a faits blancs et propres et eux sont des déchets de l'humanité ».
Une preuve éclatante d'un racisme presque inconscient qui n'offusquait personne à part ses victimes. Mais personne ne bougeait, personne ne réagissait dans un Maroc encore sous protectorat, à la veille de l'indépendance.

Le temps ne fait pas toujours oublier les douleurs, mais il coule… Nabou met au monde des jumeaux, Hassan et Houcine, l'un blanc, l'autre noir. La seconde partie du livre y est consacrée. Devenus adultes, ils ont suivi des chemins différents, le blanc est intégré, le noir Hassan défaitiste, vit beaucoup moins bien sa condition et ne parvient pas à offrir à son fils Salim, noir également, de meilleurs horizons.
Salim le rebelle, se retrouve arrêté dans une rafle avec d'autres subsahariens et est renvoyé au Sénégal….
Je n'en dévoile pas plus.

A la manière d'un conte, Tahar Ben Jelloun, nous dépeint un racisme ordinaire qu'on tait, et les humiliations subies, dans la société marocaine de ces 60 dernières années. Il nous parle aussi de deux tabous que sont la sexualité et l'amour dans une société fassie conservatrice, du courage qu'il faut pour affronter le regard des autres. Un livre choc, violent, cette détresse surgie d'une double identité, quand votre destin est esquissé par la couleur de votre peau, et qui amène à une envie viscérale de retrouver ses racines.
Lien : http://leeloosenlivre.blogsp..
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Au début du printemps de chaque année, un conteur vient s'installer à l'entrée de la ville ; cette année-là, il va raconter l'histoire de l' amour impossible d'une famille marocaine, le début se déroulant dans les années 1940 pour se terminer de nos jours. Tout démarre avec "le Mariage de plaisir", un contrat à durée limitée, que permet l'islam à tout homme se déplaçant de chez lui pour une durée assez longue, de contracter afin de lui éviter la tentation des prostituées. Notre héros va donc épouser une sénégalaise.... Ce qui va advenir de cette union qui se voulait... éphémère, à vous de le découvrir !
Transformation de la situation politique du Maroc ; racisme ; problèmes familiaux .... C'est un livre captivant.
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Ce conte nous emmène en Afrique du Nord, au Maroc et au Sénégal. Amir a une femme légitime et quatre enfants à Fès, mais il contracte un "mariage de plaisir" avec la belle et jeune Nabou, chaque fois qu'il se rend à Dakar pour affaires. L'usage étant que les hommes éloignés de leur foyer quelques temps prennent une maîtresse attitrée, plutôt que de fréquenter des prostituées... C'est un récit à la fois historique, spirituel et philosophique. L'on voyage à travers un Maroc en pleine mutation, politique, sociale et idéologique, où se mêlent jalousie, intolérance, et racisme.
A.Raballand
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Wouah, coup de coeur!

Un livre que je n'ai pas lâché de la première à la dernière page.

Amir, un commerçant de Fès au Maroc, part, pour affaires, au Sénégal. Comme lors de chaque voyage, il y contracte un "mariage de plaisir" avec Nabou. Mais, cette fois, l'homme, fou amoureux, est bien décidé à ramener Nabou au pays afin d'en faire sa deuxième femme. Bien sûr, la première épouse ne l'entend pas de cette oreille et va mener la vie dure à cette femme rivale et noire de peau - jalousie et racisme au quotidien. La seule arme pour Nabou: donner un enfant à Amir! de leur union naîtront des jumeaux, l'un blanc et l'autre noir. Ce récit se prolonge de génération en génération avec, comme trame de fond, le racisme entre ces Africains à la peau plus ou moins claire ou foncée.

Un roman dramatique magnifiquement écrit, une petite perle pour Noël.

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Un voyage initiatique en Afrique du Nord et de la corne ouest, très instructif sur les hiérarchies entre les peuples. On y découvre les coutumes ancestrales relatives aux unions entre hommes et femmes, tout cela décrit dans cette langue si agréable que propose Tahar Ben Jelloun. le texte dérange parfois par ce qu'il nous révèle mais il n'y a aucun voyeurisme dans cette histoire qui emprunte, sans doute, à bien des situations réelles.
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"Tu sais je n'ai pas fait de grandes études, mais je sais une chose : la vie m'a appris un truc simple, on se plaint du racisme des Blancs contre nous... C'est vrai, ils sont racistes, colonialistes, arrogants, humiliants. Mais, sache une chose, nous ne les aimons pas non plus. Nous somme aussi racistes, c'est normal, on ne va pas leur baiser les pieds... Sauf que nous, nous n'avons pas les moyens d'aller les coloniser. Va, ne nous oublie pas." Page 65.

J'ai été véritablement transportée tout au long de ce roman. À la fois bouleversants et choquants, la situation des différents personnages ainsi que le rapport à la religion et au racisme sont très bien travaillés. L'auteur décrit et dénonce avec une fluidité déconcertante, on ne ressort pas indemne de ce roman. En tout cas j'ai adoré ce roman et le style de son auteur que je réessayerai sans aucun doute !
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Le mariage de plaisir de Tahar Ben Jelloum

Ce livre de 260 pages façon saga s étale sur trois générations.

Dans l Islam un homme qui part en voyage peut contracter un mariage a durée déterminée ce qui lui évite de fréquenter des prostituées.

C est ainsi qu Amir commerçant prospère de Fès épouse Nabou une magnifique femme noire Sénégalaise dont il tombe éperdument amoureux.

Il décide de la ramener a Fés ou elle sera confronter au racisme et a la jalousie de la première femme d Amir qui la traitera comme une esclave.

De cette nouvelle union naîtra des jumeaux l ' un noir l 'autre blanc.

Je ne vais pas vous raconter la suite de cette histoire mais je regrette qu elle ne soit pas plus développée tant j ai eu du mal a poser ce livre .


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