J' ouvris l' un des livres du colis. Non pas pour le lire, mais pour garder ma place assise dans le métro bondé, et ne pas prêter attention à la vieille qui, debout près de moi , me regardait d' un mauvais oeil en faisant semblant de tomber à chaque secousse.../...Je n' aimais pas cette tradition de la hiérarchie de la place assise dans les transports en commun. Qui peut décider quel est le passager le plus piteux méritant de s' asseoir confortablement? J' étais moi-même convaincu d' être moins en forme que la vieille, qui, maintenant, tentait lamentablement d' attirer l' attention par une crise de suffocation.(p138)
En repensant à mon rêve je le trouvai ridicule. Et je me dis que j'étais aussi con dans mes rêves que dans la vie. Et que ça m'aurait bien arrangé d'être un génie dans mes rêves. Que ça m'aurait reposé de ma connerie éveillée.
Vautré dans un nouveau fauteuil, je voyais la fin du film pris en cours et son long générique final. Pourquoi tous ces noms ? Rarement lus ou si vite oubliés. Si vous achetez une armoire, il n' y a pas écrit les noms de chaque personne qui a servi à sa fabrication.( p 49/50)
J.-F. c'était un démodé. Des trains il avait dû en rater toute sa vie. Des gares, il ne devait connaître que des quais déserts. Il avait bien cinquante ans de retard.
Et je ne sais pas pourquoi, j'ai pensé à la lune. A être seul sur la lune. Protégé des pleureurs et de leurs complaintes. Regarder la terre et lui gueuler : je t'emmerde !
De toute façon les machins d' art faut pas s' en mêler. Les gens qui achètent ce genre de tableau, ça fait des lustres qu' ils suivent l' évolution de la peinture. Eux ils savent bien pourquoi un type peint des taches bariolées cinq cent ans après un autre qui peignait des anges super appliqués.(P110)
Elle devait penser à des souvenirs d'avant et moi je pensais à des souvenirs d'après. Où à des trucs qu'ont jamais existé.
J'avais entendu dire qu'un peuple avait la nostalgie de ce qu'il n'avait pas vécu. De ce qui aurait pu se passer.
Ça me convenait assez bien comme philosophie.
Moi du travail j'en avais pas.
On m'avait dit qu'il était impossible d'en trouver alors j'avais pas insisté.
Question diplôme, j'étais pas trop décoré non plus.
En repensant à mon rêve, je le trouvai ridicule. Et je me dis que j'étais aussi con dans mes rêves que dans la vie.
Dans la file d'attente du magasin, c'était à mon tour de déposer mes boîtes pour le chien sur le tapis roulant de la caissière qui faisait un concours d'acné avec sa caisse.