Reviens

Nous attendons des nouvelles de nos enfants que nous sommes incapables de leur donner de nous même.

Je crois que le cœur ne ferme jamais ses portes, il laisse l'amour rentrer et sortir. C'est empli de courants d'air un cœur. C'est une tempête. C'est vivant.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas représenté l'organisme le plus vivant et énergique dans un groupe d'humains non décédés.

_Loin, j'en suis loin.
_Tu veux dire loin de l'écrire ?
_Non loin dans le roman.
_Je ne sais pas jusqu'où tu vas arriver, mais dans un comparatif année-lumière, si je regarde le moment où je t'ai donné ton avance et celui où tu as soi-disant commencé à écrire, tu devrais approcher de Jupiter, là !
_Ha ha ha (rire faux).
_C'est quoi le sujet ?
Je sortis mon sujet habituel, celui que doit avoir chaque auteur dans mon cas. J'avais eu cette idée sans jamais réussir à l'écrire.
_L'histoire d'un entrepreneur véreux qui achète un terrain pour y construire un lotissement de pavillons hideux à l'entrée d'une forêt magnifique dans le sud-est de la France. Alors que les travaux commencent, ils découvrent des ruines antiques à cet endroit. Les restes d'une citée romaine. Il essaie d'abord de cacher ces ruines, à la ville, à la population et à lui-même, mais une nuit, il reçoit la visite de Pline l'Ancien, qu'il finit par accompagner sur le site. Pline lui parle longuement de stoïcisme, des recherches de Juba II de Maurétanie, d'Homère et de Cicéron. Troublé, l'entrepreneur renonce à son projet de lotissement mais fait promettre à Pline l'Ancien de revenir le visiter encore une nuit. Pline accepte le marché. Quand il revient, l'entrepreneur réussit à le capturer et l'enferme dans une des caves de la cité romaine. Le site devient finalement un parc d'attractions et Pline l'Ancien, un prisonnier célèbre que les gens viennent regarder derrière des grilles, en buvant des sodas et en mangeant des chips.

[…] en plus de l'individualité croissante, le temps de l'action a tout aussi changé : désormais, il faut agir seul et vite...

J'avais l'impression de vivre dans un film d'horreur dans lequel le héros se réveille toutes les nuits à l'heure précise où un crime a été commis vingt ans plus tôt dans la maison.

Moi : Et il y a deux testaments !
Editeur : Pourrais-tu écrire le troisième ?
Moi : Il me faudra du temps et beaucoup d'argent.
Editeur : Mon assistante te prépare les contrats.
Dans la réalité […]

J'aurais facilement pu lui arracher, là, maintenant. Je n'avais pas un grand effort à faire, juste le lui prendre, me retourner et partir à une allure normale (ce qui équivalait à un sprint dans le coin).

Ce père est un type atroce. Tu te vois, toi, jamais parler à ton môme pendant quinze ans et ne lui dire qu'un seul mot avant qu'il parte des mois se geler dans la glace ?

Je m'en sortis en posant une question :
_A votre avis, quel mot unique dirait un père inuit à son fils de quinze ans qui part en voyage dans les glaces?
_Crève !
Je restais sans bouger à le fixer.
_Qu'est-ce que vous voulez qu'il lui dise à son gamin ? …
Il se mit à imiter un père inuit avec une voix d'enfant, c'était malsain.
_Fais attention à toi mon petit Inuit chéri, attention aux ours, fais des troutrous bien ronds dans la glace pour pêcher, fais attention à la méchante baleine, à l'homme blanc qui construit des fusées, attention au lapin magique qui veut t'emmener dans son terrier …
[…]
Il était en mauvais état et je ne voulais surtout pas que Suzanne me voie cogner un vieux de l'établissement.