AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur L'horizon a pour elle dénoué sa ceinture (21)

Elle voudrait avertir toutes les femmes, les prévenir que rien n'est acquis. Que l'on peut aimer follement, et puis que l'amour se perd, et avec lui ce sentiment de complétude, sans quoi le corps se consume à petit feu.
Commenter  J’apprécie          00
[ Epilogue--Chana Orloff a sculpté le - Retour -pour se délivrer des années noires, mais elle attendra dix-sept ans avant de l'exposer. c'est en 1962, à la galerie Katia Granoff, à Paris, qu'elle le fera pour la première fois ]

L'homme qu'elle sculpte est assis sur une surface indéfinie, les coudes contre ses cuisses et le visage appuyé sur ses mains jointes. Il ne prie pas, il songe. Il s'interdit d'interroger le ciel. au lieu de cela, il fixe le sol, le monde des hommes. Il semble moulé dans la boue. Il est une somme d'aspérités et d'entailles.
Est-il seulement un homme ?
Cet être porte dans sa chair les noms de tous les oubliés. Sur lui se réfléchit la lumière de tous les soleils noirs. Il sera son exutoire. Il signera sa renaissance, son retour à l'art. Grâce à lui, elle redeviendra maîtresse de ses mains. Et cet hymne à la nuit, à la vie, elle l'appellera - Le Retour- (p.281)
Commenter  J’apprécie          40
(...) ma famille perdait Claire, une de ses matriarches. En Chana j'ai retrouvé un peu de sa force et de sa chaleur maternelle.
J'ai la naïveté de croire que cette rencontre n'était pas le fruit du hasard. Qu'au moment où nous nous sentions orphelins de Claire, je me suis consolée dans les bras de Chana, de la force de la filiation, de toutes ces choses que l'on se transmet de mère en fille, de grand-mère en petite-fille. Et dans la perte de mon équilibre, puis dans la quête d'une nouvelle harmonie, je suis enfin devenue adulte. (p. 291)
Commenter  J’apprécie          20
[Otto Rank, psychanalyste ]
- Pourquoi l'art du portrait ?
(...)
" Je suis fascinée par tous les matériaux dans lesquels l'esprit se moule, par les mille et une façons dont il se manifeste sur un visage, confie-t-elle. Le visage ne triche pas. Du moins , pas longtemps. Nos métiers se rejoignent, docteur Rank. Vous et moi sommes des spéléologues de l'âme". (p. 177)
Commenter  J’apprécie          100
Métèque, étrangère, nantie, race maudite. Des mots qu'on lui lance comme des pavés sur une vitrine.
(...) Cette idéologie, elle se crie, elle se crache en pleine figure, elle éclabousse tout. Imbibés de leur venin, les mots changent. Ils se tordent, se déforment. Le langage est une arme que certains savent manier à la perfection: leurs idées entachent bientôt la poésie, la littérature, le théâtre et tous les arts. (p. 200)
Commenter  J’apprécie          10
Chana ne croit plus en des jours meilleurs. Elle sait les conséquences de la haine. Elle a reçu la peur des hommes en héritage, et la conviction qu 'en tant que juive elle ne pourra s'ancrer durablement nulle part, car les vieux démons antisémites ne disparaissent jamais. (...) Aux yeux du monde, elle n'est plus femme ni mère ni artiste. Elle est juive, elle n'est plus que cela. (p. 223)
Commenter  J’apprécie          10
Pendant que le célèbre critique d'art André Warnod décrit son retour à la villa Seurat, à la "paix retrouvée", Chana se lamente : que sont devenus mes amis ? Que reste-il de Montparnasse d'autrefois ? Elle dit n'avoir retrouvé personne...Comment créer après tant de barbarie ? (p. 276)
Commenter  J’apprécie          10
Visiter la maison-atelier de Chana Orloff, qu'elle surnommait son "travailloir", c'est pénétrer dans un lieu qui suinte la force créatrice de sa propriétaire par tous les pores. (...) C'est un lieu qui touche par sa simplicité. Cinquante ans après la mort de Chana, tout ici respire encore sa présence.
(...)Ce n'est ni la maison du père ni celle du mari. Ce n'est ni une mise sous tutelle ni une prison domestique. C'est un lieu choisi et non subi. Pour une femme, en 1926, ce n'est pas monnaie courante. (p. 165-166)
Commenter  J’apprécie          80
A celles que Chana ne connaît pas, Miss Barney claironne qu'elle n'est pas une artiste ordinaire, qu'elle lit dans les visages, les rides, les sourires et les larmes, comme on lit dans les cartes.
(...)Poser pour Chana, c'est accepter un duel.
-Un duel ? répètent les invitées.
-Parfaitement, un duel, insiste Barney. Pour insuffler la vie dans la pierre, elle devine tout ce que vous ne voulez pas livrer (...) (p. 158)
Commenter  J’apprécie          140
"L'art a frappé à ma porte sans que je l'appelle, ni que je lui fasse signe. Oui, mesdames. Pour celles qui ont faim de liberté, tout arrive. Oui, il faut de la force physique pour sculpter, pour modeler, pour tailler. Il faut des bras puissants pour soulever des sacs de terre, pour déplacer des blocs de pierre. Il faut aussi se salir les mains, chérir la terre, la respecter, surtout quand elle n'est ni polie ni induite d'une brillante patine, quand elle est boueuse, rugueuse et humide, à ce moment où, justement, tout est possible. Elle colle aux mains, s'effrite sous nos doigts. Sculpter, c'est jouer avec la lumière. Car les ombres et les couleurs bougent sans cesse sur la pierre, si bien que chaque fois que vous regardez une oeuvre, elle n'est ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre. C'est une métaphore de nos existences. Pour sculpter, mesdames, il faut aimer la vie. " (p. 160)
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (22) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Quiz des 501, défi Babélio Ado 2024 : Elles

    Comment se prénomme le personnage principal ?

    Lise
    Her
    Elle
    Élise

    10 questions
    1 lecteurs ont répondu
    Thème : Elles, tome 1 : La nouvelle de Kid ToussaintCréer un quiz sur ce livre

    {* *}