Les parents ne donnent pas seulement la vie en mettant au monde un enfant; ils doivent donner envie de vivre, d'être en vie. (p. 88, Laffont, coll. Réponses, 2000, p. 88)
Les deuils nous font mourir et renaitre à nous-mêmes. Tous les deuils font renaitre à la vie. A condition de les vivre : de les accepter, de les comprendre, ensuite de les dépasser. Accepter de les vivre, c'est accepter de vivre. Accepter la mort, c'est accepter la vie.
Adulte, la hiérarchie n'existe bien souvent que dans notre esprit. S' il est des personnes que nous devons respecter, nous ne devons pas nous soumettre à toutes leurs volontés. C 'est une marque de respect que de dire à l'autre ce que nous avons à lui dire. Et il faut prendre le risque d'être irrespectueux pour se faire respecter.
Persister dans le respect de ceux qui ne nous respectent pas les encourage eux même dans la voie de l'irrespect. Ceux qui se permettent des écarts ne cesseront que si on leur intime l'ordre d'arrêter......l'essentiel est que ces limites puissent être dites et entendues.
J'avais jusque là été épargnée de cette proximité avec la mort ; cette experience et cette souffrance qui nous font devenir autres. Plus rien n'est pareil, même si la vie continue en apparence identique.
"Faisons la paix. Dis moi des choses gentilles et j'oublierai tout. Le danger est là : plus l'autre nous atteint, plus nous sommes dans l'attente d'une bonne parole de sa part".
Il est bien regrettable cependant qu'il faille atteindre ces moments extrême s pour ouvrir notre coeur comme nous ne nous permettions jamais de le faire.
J'ai souffert, j'ai grandi. La vie a desormais un prix qu'elle n'avait pas. Elle était naturelle, évidente, donnée comme un du que l'on ne remet pas en question. Mes parents sont partis. D'autres aussi que j'aimais s'en sont allés. Je les suivrai un jour. Dans ce temps qui me reste à vivre, je veux profiter de tous les instants. C'est un devoir et non plus un du, que de bien les vivre. Je ressens comme une nécessité intérieure de faire honneur à la vie, telle qu'elle m'est donnée de vivre.
Nous trouvons la force de repartir ; nous ne sommes plus seuls. Des mots font écho à ce déchirement intime que nous pensions être seuls à vivre.
Nous existons puisqu'il est écrit que ce que nous ressentons existe aussi pour d'autres. Notre douleur de vivre y trouve une légitimité. Accompagnés dans notre désespoir, nous retrouvons l'espoir.
Les êtres aimés ne sont plus visibles. Je me souviens avoir éprouvé un vertige en sortant dans la rue : le monde continuait à vivre, sans eux. Dans ces lieux dont ils avaient fait partie, si longtemps toute ma vie, ils étaient effacés à jamais.
Si on ne sait pas d'où on vient, on ne sait pas où on va. (Laffont, coll. réponses, 2000, p.73)