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Critique de migdal


migdal
11 décembre 2023
Séduit par la superbe quatrième de couverture, je me suis plongé dans ce drame dont le dénouement est révélé dès la première page « trois jours plus tard, dans la nuit de jeudi à vendredi, Etienne tuerait sa femme ».

Pour quelle raison Etienne Lechevalier va-t-il envoyer ad patres Violette Jonquier, sa légitime épouse, que chacun prénomme Vive ?

En disséquant ces trois journées, en autopsiant les dits et les non dits du couple, en les insérant dans leur cadre social et professionnel, Claire Berest nous immerge parmi les Bobos qui hantent le Paris culturel et médiatique et adorent Greta Thunberg.

Elle est photographe, il est correcteur chez l'éditeur « L'instant fou ». C'est la quatrième enfant d'une famille provinciale aisée, il est fils unique d'une mère célibataire qui lui a légué, en décédant, un appartement et des biens. Ils y vivent, au milieu du quartier branché des Quinze-Vingt. Extravertie, elle boit, elle fume, elle aime « le pôle nord » ; introspectif, psychorigide, il ne boit pas, ne fume pas, ne drague pas, mais il dissèque les mots, les phrases et les expressions.

Leur vie sociale est d'autant plus active qu'ils n'ont pas de progéniture. Ils courent de cocktails en vernissages, et sont abonnés à un concert hebdomadaire de musique classique. En apparence, un couple sans histoire.

Mais Etienne classe sa bibliothèque par ordre alphabétique des titres des ouvrages !
Signe manifeste de folie … qui justifierait son internement immédiat en asile psychiatrique !
Voici la preuve qu'il est déséquilibré ; que le pire est à redouter !

Et le pire arrive, évidemment, dans l'indifférence des voisins qui se contentent de tapoter le plafond d'un coup de balai quand la folie ravage bruyamment et nuitament l'appartement du couple.

Ce roman m'a emporté. Moins « perché » que les textes de Hélène Gestern, il nous plonge dans la spirale de séparation décortiquée dans « Un vertige » et dans un microcosme parisien qui n'a rien de commun avec « Les pyromanes » et le fin fond de la normandie. Mais il est tout aussi passionnant.

Claire Berest jongle avec les mots et éblouit le lecteur avec un découpage de l'intrigue très cinématographique. Ses phrases, par leur articulation, créent une atmosphère parfois étouffante, voire irrespirable. Elle se singularise en innovant une mise en page déconcertante en passant à la ligne après une virgule. Dommage qu'Etienne Lechevalier n'ait pas relu ce manuscrit, je parie qu'il aurait collé un post it rouge à chaque bizarreté. Espérons que, après les délires de l'écriture inclusive, nous échappions à une épidémie d'écriture dégoulinante.

A cette petite réserve près, je recommande vivement cet ouvrage, que je range dans ma bibliothèque juste après « La carte Postale » de sa soeur Anne Berest … comme imposé par un classement par ordre alphabétique d'auteur.

PS : ma lecture de « La carte Postale »
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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