La parole coulait comme un flot tumultueux trop longtemps retenu derrière un lourd barrage de solitude.
Nous avons mis bien assez de temps à sortir de l’obscurantisme religieux pour ne pas replonger dans ce genre d’impostures, colportées par de pseudo-médecins comme Lacan.
La vie des malades passionnait le village, chaque anecdote représentant une véritable monnaie d’échange. Gaultier songeait parfois qu’il lui serait possible de vivre ici comme un prince, rien qu’en échangeant des histoires sordides, véridiques ou non, se déroulant à l’hôpital. Finalement, chacun se fichait bien de la véracité des récits, pour peu qu’ils divertissent, qu’ils fassent causer, qu’ils permettent au temps de s’écouler plus vite.
En réalité l’ombre importe peu, c’est le monstre le sujet. Un monstre qui terrifie la mère et le fils, les mettant au défi de le regarder. Un monstre qui les terrifie au point qu’ils n’osent plus regarder quiconque dans les yeux, même lorsqu’on le leur demande. Deux patients, un même symptôme.
La médecine, c’est avant tout le corps. Une fracture, une appendicite, tout vient du corps et, ne vous en déplaise, il en va de même pour les affections mentales. Lésion, inflammation cérébrale, les origines du mal sont nombreuses, mais croyez-moi, ce n’est pas avec la parole qu’on les traitera.