Les procès sont devenus rares, mais dans les très grandes occasions ils ont lieu devant les caméras et recueillent des taux d'audience proches de ceux des pornos dans lesquels des tops models en fin de carrière se font violer par des bourrins en treillis. Hyperchic et ultraviolence, le seul cocktail qui produit encore une étincelle dans le regard des masses, Antoine dixit.
Les procès sont devenus rares, mais dans les très grandes occasions ils ont lieu devant les caméras et recueillent des taux d’audience proches de ceux des pornos dans lesquels des top models en fin de carrière se font violer par des bourrins en treillis. Hyperchic et ultraviolence, le seul cocktail qui produit encore une étincelle dans le regard des masses, Antoine dixit.
La plupart des quartiers de la ville ne sont pas encore déserts à cette heure : un vieux y prend l’air, assis sur la marche d’une bicoque ; une musique serpente à travers les ruelles, crachotée depuis le fond les âges par un transistor antédiluvien ; debout derrière les arabesques d’un moucharabieh, une jeune femme mélancolique regarde des chiens se disputer le cadavre d’un enfant ; des bordels souterrains résonnent des cris étouffés de filles vendues aux huiles des râqi d’Héliopolis. Dans la nuit bleue et l’indifférence triomphante de la pleine lune, Le Caire n’en finit jamais de se digérer lui-même.
Mais alors qu’il ajuste sa visée, une balle du Luger fracasse la base de son nez et son maxillaire supérieur pour entrer dans la boîte crânienne par une faible oblique. Le corps décapsulé du jeune homme se dresse un instant sur toute sa hauteur.
Pour eux, fréquenter le collège revenait surtout à éviter le bagne à ciel ouvert de Potosi : cirer les chaussures, porter des colis plus lourds qu’eux, laver les voitures à s’en geler les doigts, déambuler dans fin dans les rues et sur les marchés pour vendre des broquilles à de rares touristes. Ceux dont les familles respectaient l’obligation légale de scolarisation bénéficiaient d’un crédit supplémentaire de quelques années de bonne santé. Les autres n’atteignaient presque jamais cinquante ans. Quant à ceux, parois les mêmes, qui étaient enrôlés pour l’extraction des minerais de tungstène, d’antimoine ou d’étain dans les boyaux de Cerro Rico, ils mourraient vers trente ans, avec la bénédiction de Tio Jorge, grotesque divinité bariolée qui servait de guichet à la porte de cet enfer.