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Critique de Floyd2408


Voilà une étrange découverte, lors de la lecture d'une critique du Stalker dans son blog au titre acerbe, dissection du cadavre de la littérature, La montagne morte de la vie de Michel Bernanos. Ce roman fantastique vient s'inviter à ma curiosité, celle, de la langue, de la prose envoutante, d'une histoire tourbillonnante.
Bernanos, ce nom plutôt associé à Georges, auteur incontesté de la langue française, avec Sous le soleil de Satan paru en 1926, Monsieur Ouine paru en 1943, Les enfants humiliés paru en 1940 et tant d'autres constellant une oeuvre littéraire riche et puissante de ce grand auteur du XXe siècle. Mais là, Bernanos se trouve uni à Michel, l'un des fils de Georges, poète, auteur de romans fantastiques, écrivant sous des pseudos divers comme Michel Talbert et Michel Drowin, pour rompre avec le nom de famille célèbre de son père, Michel est peu connu, certes, mais La montagne morte de la vie, roman source d'un cycle fantastique, paru à titre posthume ouvrira les portes de la notoriété à ce prénom.
Il est vrai que la littérature de nos jours souffre de la société de consommation et d'une propagande illusoire de certains auteurs formidables, ces écrivains sont la mode de certain, au détriment de l'écriture, mais du chiffre ; faire vendre. Regardons les prix de nos jours, offert à des pseudos écrivains de circonstances…. Mais la découverte reste la meilleure façon de pouvoir puiser dans une réelle littérature, sans artifice, pouvoir chiner dans des libraires indépendants, s'ouvrir à une véritable littérature, naturelle, comme La montagne morte de la vie, récit écrit en 1963, paru à titre posthume.
Ce roman, divisé en deux parties distinctes, emporte votre coeur dans une tourmente sans fin, une angoisse saisissante portée par une écriture incroyable, la peur de notre jeune narrateur s'infuse dans le périple de ce galion comme une malédiction entrainant l'équipage dans une folie furieuse, une expédition maudite pénétrant par fatalité dans l'enfer océanique en furie.
Un jeune garçon se retrouve, après une cuite mémorable, enroulé malgré lui dans une expédition maritime, à la conquête de l'or sud-américain, sur un galion en partance. Ce jeune homme subira l'agitation des hommes d'équipage pour presque le noyer lors d'un bizutage musclé et stupide, puis Toine un vieil homme, cuisinier, le prendra sous son aile. Cette aventure semble à chaque instant souffrir de mal chance, comme une inévitable circonstance basculant dans l'effroi d'une catastrophe, en entrainant une autre comme une chute sans fin.
La première partie parait nous chavirer dans une aventure maritime au siècle des pirates, celle de la conquête des Amériques, pour y troquer l'or. Dès le début, le jeune homme de 18 ans semble plongé dans un horrible cauchemar, encore grisé par l'alcool, agressé par l'odeur du goudron au-dessus de la cale, le voilà encré sur le pont d'un navire, enrôlé, dans cette expédition inconnue, commence son histoire qu'il nous conte.
Tout se déchaine comme une malédiction, une volonté de Dieu, comme à Job, pour tester notre jeune moussaillon, perdu dans le monde des adultes. le galion stoppe, pris dans un anticyclone, plus de vent, les vivres pourrissent, l'eau manque, l'équipage vire dans la folie, s'entretue, s'empoisonne de pommes de terre germées, mangées crues, se cannibalise pour se manger entre eux, s'enivre de rhum. Petit à petit, ces hommes glissent dans la bestialité humaine pour survivre et finir par s'exterminer un à un, aidé par la nature capricieuse.
Michel Bernanos dans une inertie troublante nous aspire dans ce tourbillon sans fin, comme ce coeur de la tempête entrainant le navire dans sa déchéance, le lecteur est happé dans ce chaos tel un automate prisonnier de ces mots hypnotiques, de ce mouvement s'ouvre la porte de l'enfer.
Cette deuxième partie, plus inquiétante dans l'immobilité où le rouge brule le paysage d'une chaleur de limbe, ce panorama saigne de sa curiosité et de son étrangeté, les deux survivants pensent être dans l'antre de l'enfer. L'histoire prend sa part de fantastique, tout parait d'un autre monde, l'atmosphère, le ciel, le silence alourdit la pesanteur de l'oppression, la végétation est hostile, la terre est instable. Cette survie est surtout un cauchemar de vie, Toine et le jeune narrateur s'imprègne de cette poussière, pour devenir statue de cette montagne, berceau de leur tombeau.
La mort demeure vaine, statufié de cette terre hostile, le jeune garçon narre cette histoire, comme si sa pensée devenait universelle pour être transcrite et lue. Ce roman est admirablement écrit, sa forme aimante l'attention pour l'aspirer dans ce tumulte sans fin.
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