- Peter Coin, mort de vieillesse, 1983.
- Roger Stone, crise cardiaque, 1954.
- Katarina Stone, morte de vieillesse, 1971.
- Mary Livcam, accident de voiture, morte en 1992.
- Joséphine Le Riche, emportée par la crue de 1812.
- Colin Lalande, emporté par celle de 1796.
- Beryl Lalande, morte dans mon sommeil, de vieillesse, en 1814.
- Clemency Puff, cancer, 2002.
C'était le tour des consolateurs. Elles se contentèrent de donner leurs noms.
un grand calme s'était fait en elle, pas celui qu'on ressent quand on est bien, mais celui qu'on doit adopter lors d'une épreuve. En effet, un fantôme, tatoué d'une ancre sur chaque joue, chaque avant-bras et chaque mollet, vêtu de sabots, d'un large pantalon de velours et d'une chemise trouée et tachée de sang ou de vin, s'était assis dans les airs entre les tables et examinait ses ongles.
La mort avait cela de cruel sur la vie qu'on pouvait décliner, descendre, mais on ne s'écroulait jamais, on ne disparaissait pas, aucun néant ne s'ouvrait dans lequel s'abîmer enfin avec ses peines.
Je ne vais jamais y arriver toute seule. Je ne pourrai jamais tous vous voir et tous vous écouter, et même si j'y arrivais, je ne saurais pas quoi dire pour aider ceux qui le veulent à trouver le véritable repos.
– Bien, dit Georges Dandy, je rappelle pourquoi nous sommes réunis. Notre futur consolateur veut nous aider à résorber le nombre de fantôme en attente d'une résolution définitive. Pour ce faire, elle voudrait que les fantômes se forment à écouter et à consoler des groupes entiers. Je vais donc vous expliquer comment nous allons procéder. Chaque personne se présentera, dira son nom, la date et la raison de sa mort. Je vous demanderai d’être bref, l’idée est d’abord de faire connaissance. Ensuite, je voudrais qu’un volontaire raconte ce qu’il a ressenti quand il a découvert qu’il était mort, puisqu’il était un fantôme. Vous voyez, c’est très simple. Toutefois, je vais être totalement honnête avec vous. Nous allons nous inspieré des groupes de parole mis en place par les vivants après une catastrophe. Ils appellent ça du defusing plutôt que du debriefing, pour bien transmettre l’idée d’un déchocage immédiat, car ces gens sont pris en charge très vite. Or certains d’entre vous ont vécu ça il y a des siècles et s’y sont habitués. Ce que nous allons explorer aujourd’hui n’est peut-être pas adapté à nos cas.
Si tu restes sur Jersey, on va faire de ta vie un enfer. Lentement. Jusqu'à ce que tu craques. Jusqu'à ce que tu ne puisses plus nous ignorer.
Être consolé signifie faire la paix avec le fait qu'il faut partir, et ce n'est pas toujours une joie.
Je peux vous le dire sincèrement, j'aime Jersey. Après les clichés, j'ai bien peur que ce soit le moment des banalités. J'aime Jersey c'est parce que c'est joli et parce que c'est beau.