Idriss est un des narrateurs de la fiction à la suite de laquelle sont présentées des photographies qui montrent son visage, son village au Mali, sa famille, etc. Les images venant après le texte semblent assurer le passage de la fiction à la réalité. C’est bien, en un sens, ce qu’elles font, produisant ainsi un curieux dédoublement : Idriss est à la fois, dans le même livre, un être de fiction et un être réel, un personnage inventé par l’écrivain et une personne réelle rencontrée par la photographe. Les photographies, ici, attestent d’une certaine réalité, mais elles s’insèrent en même temps dans un processus de dédoublement et de suspension de l’identité.
[…] Dans le cas d’Idriss, ce que fait le livre d’Arno Bertina et Anissa Michalon c’est ouvrir pour lui d’autres possibles, répondant par là à son désir, à sa recherche d’une issue, déployant et inventant des directions neuves par lesquelles, en un sens, continuer à vivre – un livre pour, malgré tout, sauver cette vie…
Jean-Philippe Cazier, Mediapart, mars 2013
(C'est Raymond qui disait cela souvent : "à la mode d'Ahmed". Du jour où il m'a expliqué cette expression je l'ai beaucoup aimée. J'ai cru pouvoir la rapporter, mais Ahmed est devenu sombre : peut-être Raymond se moquait-il de lui... J'avais l'impression, moi, que c'était la marque des amis, ces détails qui font des surnoms - un truc qui enveloppait l'amitié.)