AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Les mutations de la lecture (37)

Plus on avance en âge, plus on devient sensible à ce qui disparaît et on est moins apte à repérer ce qui apparait.
Commenter  J’apprécie          40
Comment la littérature peut-elle survivre quand le plaisir n'est plus lié à la tonification du "muscle cérébral", à la découverte toujours plus fine du monde, mais au refus de penser, à la plongée rassurante dans des idées simples, ses sous-produits anesthésiants ?
Commenter  J’apprécie          50
L'individu post-moderne a oublié que la liberté était autre chose que le pouvoir de changer de chaîne (de télévision).
Commenter  J’apprécie          10
(Alexandre Gefen est chargé de recherche au CNRS, spécialiste d'édition électronique, de cyberlittérature, de littérature de réseaux, il a fondé un site internet et une plateforme d'édition numérique, il est aussi auteur de nombreux articles ...)

Loin d'être clair et univoque, le concept de littérature numérique superpose nombre de questions que l'on gagne à distinguer : celles des nouvelles formes de littérarité et de poéticité en ligne, intentionnellement ou non littéraires ; celle de l'influence de ces formes sur les poétiques littéraires contemporaines ; celle des modalités d'appréhension, de socialisation et d'évaluation de la littérature dans les mondes connectés ; celle du devenir du support imprimé et de la lecture ; celle, enfin et surtout, des mutations possibles de nos catégories critiques et de l'idée même de littérature.
La sphère de la littérature numérique recouvre des pratiques sociales, des réalités technologiques et des valeurs symboliques qui ne sont pas nécessairement corrélées et coordonnées (...)

"Nous lisons encore, mais plus rien ne s'inscrit. Les phrases fulgurent, flashs, éclairs, fusées. Nous en faisons profit dans l'instant, comme de toute chose, en consommateurs impatients et fébriles, déjà séduits et tentés par une autre proposition", écrit Eric Chevillard sur son blog, non peut-être sans quelque nostalgie.

Libérant la littérature d'un formalisme médusant accentué par la patrimonialisation déjà ancienne de la littérature française, internet encourage une littérature pensée comme programme, dispositif, installation, occasion ou laboratoire.
Commenter  J’apprécie          100
(Hervé Bienvault)

La lecture numérique est plurielle ; il serait absurde de vouloir pour l'instant la réduire à tel ou tel support de lecture. Chaque segment présente ses qualités et ses défauts, en termes de fonctionnalités, de mobilité, de connectivité, d'autonomie et de confort. La tablette numérique a sa place sans aucun doute dans l'univers de l'ordinateur et de ses usages, mais elle reste un écran "de plus". (...) Ce marché atteindra sans doute rapidement ses limites de développement ; un seul acteur, Apple, y est en position dominante.
Les grands libraires, Amazon, Barnes and Noble, Kobo (lié à la Fnac), ont bien compris désormais que les deux types de terminaux, readers ou tablettes, s'avèrent parfaitement complémentaires. L'offre est double maintenant
Commenter  J’apprécie          20
(Hervé Bienvault)

Voyons maintenant quels sont les premiers constats de ceux qui vendent des contenus sur les deux types de terminaux, readers et tablettes.
Si Amazon ne communique pas sur le sujet, nous avons eu récemment un premier bilan de l'un des acteurs nord-américains, la société canadienne Indigo, très présente aux Etats-Unis et au Canada par le biais de son lecteur Kobo. La firme a révélé un certain nombre d'éléments intéressants lors des rencontres Tools of Change for Publishing qui se sont déroulées en février 2011 à New York. Quatre types de lectorats ont ainsi pu être repérés par la firme canadienne :

- Les lecteurs sur readers sont de gros lecteurs et de gros acheteurs de livres ; c'est la clientèle la plus appréciée. (...) il revient pour acheter des titres en moyenne sept fois par mois. Ce sont des amateurs de fiction, des clients fidèles qui achètent 100% de ce qu'ils lisent. Leur mode de lecture passe par le web mais surtout via le reader Kobo. Chez ces clients, la consommation de livres numériques se développe. (...) Kobo pense que cela est lié au fait que les readers séduisent un public de lecteurs assidus, motivés par l'amélioration de l'environnement numérique, des systèmes de recommandation et de commercialisation. Les lecteurs sur readers sont les plus gros consommateurs de livres numériques.

- Les lecteurs sur Smartphones sont des lecteurs occasionnels, plus nombreux que les autres. (...) Ils consomment pour moitié des titres gratuits et pour une autre moitié des titres payants ; c'est une clientèle volatile avec un taux de désabonnement élevé. C'est le moins bon canal de vente selon Kobo.

- Les lecteurs sur iPad sont de moins gros consommateurs de livres que les lecteurs sur readers. (...) Ils achètent moins fréquemment des textes, quatre à cinq fois par mois, c'est une clientèle moins fidèle, plus insaisissable.

- Les lecteurs adeptes du tout-gratuit ne dépensent rien par définition et se fournissent en contenus piratés sur le web : ils résistent "scandaleusement" à la commercialisation, ce sont de gros lecteurs qui lisent essentiellement sur readers.
Commenter  J’apprécie          60
(Hervé Bienvault : ancien élève du Pôle des métiers du livre de l'IUT Michel de Montaigne (université de Bordeaux-III) et de l'école Estienne, Hervé Bienvault a longtemps travaillé dans les services techniques de l'édition, il est aujourd'hui spécialiste des questions numériques, consultant indépendant et enseignant, anime un blog sur l'actualité de l'édition électronique et a réalisé une étude sur le coût d'un livre numérique)

Les dispositifs de lecture de livres électroniques sortis sur le marché dès 2007 n'ont pas grand-chose de commun avec les ordinateurs. Leurs fonctions et la puissance de leurs processeurs sont beaucoup plus limitées. Alors pourquoi s'encombrer d'appareils moins performants ? Pour la simple raison que le confort de lecture y est bien meilleur. En effet, l'écran de ces lecteurs - uniquement en noir et blanc - utilise la technologie de l'encre électronique.

Contrairement à un panneau LCD classique qui est le commun des écrans qui nous entourent, celui-ci ne fonctionne pas par rétro-éclairage. Imitant l'apparence d'une feuille de papier imprimé, purement réflexif, il n'est lisible que s'il est éclairé par une source de lumière externe. Extrêmement fin et souple, composé de microscopiques capsules contenant des particules blanches et noires qui se déplacent en fonction du champ électrique auquel on les soumet, l'affichage y est plus doux, moins fatigant, moins agressif pour l'œil.
La lecture est très agréable à l'extérieur, à la lumière du jour, ou chez soi, avec une lampe de chevet. L'amateur de livres peut passer des heures à lire sur ces supports, alors que cela s'avère beaucoup plus difficile sur ordinateur ou tout autre support rétro-éclairé. Autre qualité, une fois le texte affiché, le papier électronique ne consomme plus d'énergie. L'autonomie y est très importante, plusieurs semaines, contre quelques jours au mieux pour des supports rétro-éclairés.

L'adoption de ces véritables "machines à lire" par des acteurs aussi importants que Sony (leader mondial de l'électronique grand public), Amazon (premier libraire mondial en ligne), Barnes and Noble (premier libraire traditionnel américain) qui ont très vite perçu l'intérêt de cette technologie a été déterminante. Des fabricants chinois ont suivi, pressentant le marché de masse à venir. Malgré cela, force est de constater que c'est le géant Amazon qui, grâce à son catalogue de plusieurs centaines de milliers de titres anglo-saxons, est devenu en quelques années seulement aux Etats-Unis le leader incontesté sur ce marché émergent, s'arrogeant 75% des ventes.
Commenter  J’apprécie          45
(Joanna Thibout-Calais, étudiante dans les métiers du livre)

Aucune lectrice n'est identique à aucune autre. Mais le lectorat féminin est un public qui doit être, et qui est, étudié par les professionnels de la lecture pour pouvoir cerner au mieux ses besoins, ses attentes et ses envies afin de développer une offre adaptée.

Selon un sondage Ipsos-Livres Hebdo réalisé en octobre 2006, 54% des personnes qui se rendent en librairies (...) sont des femmes (...) Elles sont également plus nombreuses à acheter des ouvrages : les femmes constituent 58% des acheteurs. Sur le terrain, les libraires sont unanimes : leur clientèle est majoritairement féminine, jusqu'à 70%, estiment certains.

Cette évolution des pratiques a de grandes conséquences dans le monde du livre. En 2009, c'est le secteur éditorial des romans qui enregistre le plus d'exemplaires vendus et réalise le meilleur chiffre d'affaires (...) Les deux autres domaines qui enregistrent des résultats importants sont ceux de la jeunesse (...) et du livre pratique (...) Encore une fois ce sont des secteurs directement liés aux femmes. Ce sont elles qui achètent les livres, soucieuses d'amener les enfants à la culture. Et ce sont elles qui valorisent les livres pratiques qui les aident au quotidien (...)

Sur les 30 meilleures vente de l'année 2009, 23 sont des titres "féminins", d'après ce que l'on sait des goûts des femmes - romans, livres de cuisine, etc.
(...) D'une part, les femmes sont plus nombreuses parmi les acheteurs de livres ; d'autre part, ce sont les titres qui leur plaisent qui réalisent les meilleures ventes. L'édition et la librairie ne peuvent se permettre de négliger un tel lectorat. Du reste, le fait que 23 des meilleures ventes soient directement destinées à des femmes n'est pas le fruit du hasard. C'est le signe de politiques éditoriales spécifiquement menées à destination du lectorat féminin.
Commenter  J’apprécie          40
(Etudiante du Pôle des métiers du livre de l'IUT Michel de Montaigne, Joanna Thibout-Calais se forme aux métiers de la librairie ... elle a travaillé entre autres à Paris ... cette étude sur la féminisation du lectorat est le fruit d'un travail d'enquête et de réflexion mené auprès de lectrices et de professionnels du livre)

La reconnaissance de la lecture des femmes a été longue. Il a fallu plusieurs siècles avant qu'elle ne soit acceptée, permise, voire encouragée par l'éducation. Alors que les femmes ont fait évoluer la littérature - grâce aux salons à partir du XVIIe siècle ou aux productions des auteurs (...) - leur place dans l'histoire des lettres a toujours été minorée. Lectures légères, lectures faciles, lectures illégitimes. Les femmes ont su redoubler de courage pour faire accepter leurs romans et faire admettre l'importance de la lecture dans la formation de tous.

Grâce à ce passé difficile, les femmes ont tissé un lien fort, intime, avec la lecture qui est devenue une véritable nécessité pour les plus ardentes d'entre elles.

Aujourd'hui, l'ensemble des enquêtes sur les pratiques culturelles des Français ne peuvent plus faire l'impasse sur le phénomène en cours dans les pratiques de lecture : la lecture s'est féminisée en France dans les années 1980 et ce lectorat s'affirme et acquiert toujours plus d'influence.
Les femmes sont majoritaires dans l'ensemble des activités liées à la lecture de livres. Elles lisent plus, elles aiment davantage cette plongée dans les mots, elles sont plus nombreuses en librairie à acheter des livres, elles partagent leurs lectures entre elles et fréquentent les bibliothèques. Mais surtout, ce sont les femmes qui détiennent le privilège majeur de la transmission de la lecture aux enfants, que ce soit par leurs métiers -elles sont plus nombreuses à travailler dans les sphères de l'éducation - ou par leur rôle de mères. Les femmes sont ainsi les garantes de la lecture et de la culture en général. (...)
Commenter  J’apprécie          00
(François Gèze)

Le latin, le grec, la philosophie sont la base des humanités. Il est certain que nous avons changé de modèle. Le baby-boomer est curieux, mais il n'est pas porté par la culture des humanités. Il l'a été bien davantage par une culture beaucoup plus politique, un air du temps, une ébullition intellectuelle qui ont encouragé à lire. (...)

Ce second modèle culturel a ensuite disparu chez les jeunes générations : dans les années 1980 s'est imposé un modèle utilitariste de rapport à la connaissance en général, à l'écrit et au livre en particulier. C'est celui qui domine encore aujourd'hui chez les étudiants.
Depuis trois décennies, ce changement s'est donc assez logiquement traduit par le déclin de la part des grands lecteurs chez les jeunes.

Mais également, c'est le paradoxe de la situation, par la multiplication des faibles et moyens lecteurs, qui a permis un élargissement spectaculaire de l'accès au livre. Les statistiques sur le nombre de livres vendus en France en témoignent : nous sommes passés de quelque 300 millions de volumes vendus dans les années 1980 à 450 millions aujourd'hui. La population n'ayant pas autant augmenté, nous vendons donc plus de livres par habitant.

Il conviendrait toutefois de faire des analyses plus fines que celles du ministère sur les pratiques culturelles, bien que celles-ci soient très utiles, en se focalisant en particulier sur les pratiques de lecture - de lecture et pas seulement d'achat, car on lit plus de livres qu'on n'en achète puisque ceux-ci se prêtent, s'empruntent.
Ce que montre le sociologue Bernard Lahire dans son ouvrage La Culture des individus, c'est que nous n'avons plus de culture dominante, la culture des humanités ainsi que la culture engagée des baby-boomers ayant disparu. (...)
Ce qui me frappe depuis maintenant quinze ans, c'est ce que me disent les libraires de façon constante : "Nous ne comprenons plus ce qui se passe dans notre clientèle." Et plus le temps passe, plus ce phénomène s'accentue.
Commenter  J’apprécie          20






    Lecteurs (23) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

    Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

    amoureux
    positiviste
    philosophique

    20 questions
    851 lecteurs ont répondu
    Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

    {* *}