Voyage passionnant dans l'édition littéraire (au sens le plus large) entre 1975 et 2005.
Publiée aux Presses Universitaires de Bordeaux en 2009, et sortie en poche (Agora) en 2012 avec une belle préface de
Pierre Jourde, cette "étude sur l'édition littéraire contemporaine" couvre, en 530 pages, la période 1975-2005, avec acuité et, sinon exhaustivité, en tout cas grand soin du détail.
Une rare occasion de parcourir les méandres des évolutions d'un métier oscillant plus que jamais entre consommation de masse, recherche de "coups", appétits financiers débridés, amour de la littérature, audace, ou encore élaboration patiente de cheminements ambitieux. Toutes les figures connues et souvent moins connues qui font le métier sont évoquées, et dans la durée, ce qui donne au propos sensiblement plus de sens que les occasionnels coups de projecteur journalistiques auxquels le lecteur est sans doute plus accoutumé.
Une lecture passionnante, et l'envie de citer in extenso la fin de la préface de
Pierre Jourde :
"C'est la possibilité même d'une rentabilité de l'édition littéraire qui est aujourd'hui mise en question, et elle ne pourra être maintenue que grâce, notamment, à un effort soutenu de l'Etat et des collectivités locales. La chance du livre en France, c'est l'existence d'un très dense réseau de libraires indépendants et passionnés, qui ne ménagent ni les efforts ni les sacrifices, de différentes structures d'aide à la création et à la publication (CRL et CNL, en particulier), d'un grand nombre de salons et de fêtes du livre, de toutes sortes d'activités dans les médiathèques et les bibliothèques. Mais Bessard-Banquy pose la question cruciale : "La France a de bons auteurs, de bons éditeurs, de bons libraires". Mais a-t-elle encore de bons lecteurs ? " Tout n'est pas perdu, et il en appelle à une politique volontariste. Souhaitons que cet appel soit suivi. Il y a, dans cette possibilité de sauvetage du livre, un lieu crucial : le système éducatif, de la maternelle à l'université. C'est là que va se jouer, pour une grande part, le destin de la littérature. Tout est encore possible, mais à voir de récentes (2011) orientations gouvernementales en matière de politique éducative, il y a lieu d'être inquiet."