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Critique de fbalestas


Voilà un excellent livre pour nous parler du peintre Francis Bacon, dont l'originalité vient du point de vue de la personne qui raconte sa vie : sa nourrice.

Francis Bacon naît effectivement le 28 octobre 1909 à Dublin en Irlande « de parents britanniques anglais alors que l'île est une région du Royaume-Uni » apprend on de Wikipédia. « L'enfant est maladif, asthmatique » mais l'autrice va surtout insister … sur la maltraitance paternelle. Celui-ci, éleveur de chevaux, semble prendre beaucoup de plaisir à ridiculiser et à battre son fils comme plâtre.

L'annonce par Francis de son homosexualité n'est pas faite pour apaiser les colères paternelles : bien au contraire. C'est à coup de cravache, devant ses palefreniers, que le père tyran s'acharne sur le fils.
Le tout sous l'oeil affectueux de Jessie Lightfoot, la bien nommée, sa nourrice providentielle.

C'est par la voix de celle-ci qu'on parcourt toute la vie du peintre, balloté entre Berlin et Londres, mais qui va ensuite l'accompagner partout où il ira : Paris, puis Londres encore, puis la campagne anglaise pour échapper aux bombardements pendant la première guerre, puis plus tard Monaco, l'Afrique du Sud … Cette voix, à la fois pleine de gouaille et de bon sens paysan, nous fait partager le quotidien d'un Irlandais dans la première moitié du XXème siècle.

Ce qui fait la force de « La Nourrice de Francis Bacon » c'est aussi les chapitres consacrés aux tableaux du peintre : « Homme à genoux dans l'herbe », « Autoportrait », « Triptyque inspiré par le poème de T.S. Eliot » … , le livre se lit un oeil sur un moteur de recherche pour se replonger dans l'oeuvre du peintre irlandais.

De Maylis Besserie, je connaissais « Les amours dispersées », que j'avais chroniqué, à propos du poète Yeats (et c'était déjà le récit par une femme qui a vécu près du lieu de son enterrement qui menait l'enquête) et « le Tiers Temps » que j'avais aussi chroniqué, à propos de la dernière partie de la vie de Samuel Beckett.

Ici, à travers le regard de l'affectueuse Jessie, la Nanny, c'est le portrait d'un peintre tourmenté, déchiré, parfois ivre d'alcool et de sexe, fasciné par Diego Vélasquez, Vincent van Gogh ou Pablo Picasso, avant-gardiste incompris, homosexuel invétéré, qui ne cherche rien d'autre que d'apprivoiser ses fantômes sur des toiles grand format. Des fantômes qui proviennent sans doute de l'enfance maltraitée contée par Jessie.

Celle qui tentera jusqu'au bout d'apaiser sa douleur et de le consoler de ses cauchemars aura grandement contribuer à mettre de l'affection dans une vie bouleversée. Perdant progressivement la vue, elle gagne en humanité au fil des errances de son protégé. Et par la plume de Maylis Besserie, parviendra encore, par-delà la mort, à parler d'une voix d'outre-tombe pour conseiller Francis Bacon dans le choix de ses compagnons, lui enjoignant de quitter celui qui est si violent avec lui malgré son attachement névrotique.
Un grand merci donc à Merik qui a attiré mon attention sur ce livre. Un excellent portrait donc, avec un personnage de nourrice très attachant, qui donne très envie de (re)découvrir l'oeuvre du célèbre peintre irlandais, justement célébré en France, ou bien encore d'écouter les très nombreux entretiens et documentaires audio et vidéo (par exemple avec le photographe Francis Giacobetti), où il exprime avec clarté ce que fut pour lui l'art de la peinture.
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