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Critique de Eve-Yeshe


Encore une critique sur ce roman, me direz-vous, il y en a déjà plus de 1000
Le train Intercités N° 5789, train de nuit, corail, comme on préfère, est sur le point de démarrer en direction de Briançon. Il embarque à son bord des personnages d'horizons et de motivations divers. On rencontre ainsi, Alexis, médecin qui retourne dans sa ville natale pour vider la maison de sa mère décédée il y a peu de temps. Dans le même compartiment que lui, Victor, hockeyeur sur glace qui est allé consulter un spécialiste dans une clinique du sport à Paris, pour des problèmes de ménisques et qui a raté son TGV, la consultation s'étant trop prolongée.

On fait également la connaissance d'un couple de séniors, Catherine et Jean-Louis qui est atteint d'un cancer. Ils ont décidé de prendre une semaine de « congé », et à côté d'eux une bande de jeunes : Manon, Dylan, Leïla, Hugo et Enzoqui s'offrent une parenthèse. Dans un autre compartiment, Julia, une jeune femme en instance de divorce, qui fuit un époux violent avec ses deux enfants, Chloé et Gabriel, pour aller rejoindre ses parents.

On découvre aussi Serge, voyageur de commerce, au bagout et à la lourdeur extraordinaire, qui ne pense qu'à séduire les femmes, pour des aventures sans lendemains tout en étant marié.

"Ce qui est certain, c'est que Serge est un tchatcheur, comme on dit. D'autres préfèrent l'expression « beau parleur » (Les admiratifs) ou « baratineur » (les à qui on ne la fait pas). Pourtant, il partait avec un sacré handicap : enfant, il butait sur les mots mais son père avait dit : pas de ça chez nous et lui avait payé pendant des années des séances chez l'orthophoniste…"

Tout ce petit monde embarque pour un voyage, une aventure dont nous prévient l'auteur, deux seront morts l'arrivée, profitant de quelques lignes pour nous présenter très brièvement un autre personnage, Giovanni, dont il ne nous révèlera rien sinon qu'il va jouer un rôle dans le drame annoncé.

Si chacun reste sur la réserve au début, c'est la fièvre de Gabriel le fils de Julia qui va amorcer les rencontres : Alexis entend qu'il est malade, l'examine, pose son diagnostic, tandis que Serge dans le couloir entend et s'approche de la mère et Victor commence à parler avec Alexis : effet domino, on n'a rien à se dire et tout à coup on se met à parler…

Bref, un huis-clos savoureux, où des personnes qui n'ont rien de commun entre elles vont se découvrir et livrer des choses importantes sur leurs vies : les blessures, les regrets, ce que l'on n'a pas fait, le temps qui est passé trop vite, ou la vie qui s'ouvre comme une page blanche à remplir pour d'autres, des choix à faire l'état de la planète ou le combat pour une société plus juste ou simplement la solitude…

J'ai bien aimé ce roman qui nous décrit en fait la société actuelle, et comment on peut se remettre en question, le temps d'une nuit au cours d'un voyage, au gré d'une rencontre qui fait prendre conscience que la vie n'est pas conforme aux rêves que l'on pouvait avoir… Mais aussi à quoi tient un destin : un TGV qu'on a raté par exemple et lorsque toutes les « planètes s'alignent », des personnes qui ne se connaissaient pas n'avaient rien de commun, entre elles ou qui n'auraient jamais dû se croiser vont être percutées avec violence …

Ce sont des thèmes qui me plaisent, j'ai aimé tous les personnages, y compris Serge et sa lourdeur de gros nounours malmené, mal aimé, qui doit son prénom à des parents qui vouaient un culte à Serge Gainsbourg qu'il se rassure (ils ne sont pas les seuls), Philippe Besson parvient comme toujours à si bien creuser la personnalité de ses héros, qu'on retrouve en chacun d'eux une petite partie de nous à laquelle s'identifier nous les rendant ainsi tous très proches.

Une mention particulière à Enzo mélenchoniste convaincu, souvent moqué par ses amis qui m'a plu par son côté engagé… qui nous rappelle qu'à vingt ans on a encore envie de changer le monde et de lutter contre l'injustice.

" Enfin, Enzo est le seul de la bande qui soit politisé. Il ne jure que par Jean-Luc Mélenchon et attend la révolution qui fera rendre gorge aux puissants, aux riches…"

J'ai lu beaucoup de romans de Philippe Besson, le dernier étant « Arrête avec tes mensonges » que j'ai bien aimés, mais curieusement les derniers ne m'ont pas donné l'envie de les découvrir, celui-ci par contre me tentait alors qu'importe mes réticences je me suis lancée dans la version audio proposée par NetGalley, mais ce support ne me convient pas alors j'ai emprunté le livre à la bibliothèque et j'ai fait une lecture à deux voix, lire un ou deux chapitres, puis les écouter, ce qui fut une belle expérience… sinon, je ne me souviens plus des noms, et je n'arrive pas à sélectionner des extraits…

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Audio qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteur.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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