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Rien n'est aussi simple qu'il y parait dans ce bas-monde, et la grande distribution n'échappe pas à la règle. On la conspue, on la critique, on la dénonce, mais ce n'est pas aussi tranché que ça.
Et c'est ce que j'ai aimé dans cette BD, qui fait un état de cet hypermarché, véritable temple de la consommation qui est devenu une habitude et un lieu de vie.

C'est justement ça qui est fascinant : la façon dont ces lieux se sont inscrits dans nos vies, au point qu'on y reste si longtemps. Qu'ils deviennent le point de chute d'une sortie hebdomadaire.
Mais en même temps, par l'intervention des différentes personnes, on comprend que la réalité des choses est complexe : on ne peut en vouloir aveuglément à l'industrie qu'ils représentent, malgré les nombreux défauts que la BD pointe du doigt. C'est complexe, de tels sujets qui touchent à tant de choses.

Les auteurs arrivent bien à transmettre cette tendance double à travers le dessin, qui fait dans la simplicité et la lisibilité, peu de couleurs utilisées de manière très efficace, avec des planches parfois bien tournées sur le comparatif. C'est bien mené, et on en ressort avec pas mal d'interrogations sur ce qu'il faut en penser. Rien n'est évident, c'est sur, et les auteurs arrivent bien à retransmettre tout ce problème.
D'ailleurs, l'insertion du cahier d'explications à la fin est très intéressant (même si l'on n'a aucun doute sur l'enseigne caricaturée), renforçant l'avis des auteurs qu'on sent à travers la BD, même s'ils ont tenté d'avoir une certaine neutralité.

Bref, une BD bien faite, qui met en lumière tout ce que comporte une enseigne aussi grande, et tout ce qui est en jeu autour : la mort d'une ville, l'emploi, l'accessibilité de tout bien de consommation ... Une BD fortement instructive, qui laisse songeur.
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Les auteurs, Xavier Bétaucourt et Jean-Luc Loyer ont grandi dans le Pas-de Calais. Ils connaissent donc bien "le terrain" et les enjeux économiques d'un hypermarché, dans cette région sinistrée, avec un taux de chômage record, dû à la fermeture des Mines après qu'elles aient encouragé l'immigration en masse d'ouvriers et de mineurs Polonais, puis Italiens, puis Algériens et Marocains, ceux-là juste avant la fermeture de ces Mines.

Un hypermarché, du côté d'Hénin-Baumont, ville tenue par le FN qui surfe sur le racisme grandissant, les malheurs des centre-villes désertés par les commerces qui ne peuvent pas lutter... Un hypermarché, ville à la périphérie de la ville..

C'est une histoire de commerce. Les auteurs remontent loin, avec Pline l'Ancien, les Marchands du temple, planches du passé couleurs sépia..

Les auteurs passent ensuite de l'autre côté du miroir, pour en apprendre plus sur cette ville dans la ville. Les producteurs qui passent à la moulinette de la direction de l'hyper, les conditions de travail, les paris faits pour tenir les plus bas prix, ce qui entraine une disparition des petits commerces, les animations pour attirer les gens, qui viennent aussi là pour se distraire, les questions sur la qualité de l'alimentation, des fruits, des prix resserrés pour ne rien perdre, la surveillance, les vols, les employés corvéables à merci, la "motivation des troupes"... tout est abordé. C'est intéressant, touffu, tendre, et en bonne Chti que je suis, j'ai retrouvé la gentillesse et la chaleur des gens même dans l'adversité, le labeur, les pièges de la grande distribution.

Les couleurs utilisées sont sourdes, car l'on n'est pas du côté du clinquant, mais du côté de la vie cachée de l'hyper, qu'on aura reconnu : Auchan, né dans le Nord, de la famille Mulliez, inventeurs également de Décathlon, Kiabi et autres enseignes. Tout un monde dévoilé dans cette BD : la machine infernale à écrabouiller les petits, quels qu'ils soient.

Les auteurs ont rencontré un directeur d'hypermarché, qui leur a dévoilé tout ce qui se passe (ou presque). Ils ont également fait des recherches, et une annexe de 7 pages donne des explications sur certaines planches..

Un travail d'investigation fort bien mené, Messieurs.



Le grand A - Xavier Bétaucourt et Jean-Luc Loyer, ed Futuropolis, 2016, 135 pages, 20€.


Lien : https://melieetleslivres.wor..
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Sous titre : il mange 195 jours de votre vie

Les auteurs commencent leur récit avec les premiers commerçants : les Vikings. Puis en appellent à Jésus qui chassa les marchants du centre-ville, avant l'arrivée du Grand A, comprenez l'Hypermaché.

En 5 chapitres aux titres de romans de la littérature mondiale, il nous font découvrir les coulisses de ce magasin hors-norme, les rouages et les politiques d'expansion.

En fin de volume, des explications détaillées sur certaines pages, situant le récit dans son contexte historique, politique et social.

Moi qui ai travaillé dans un tel commerce étant étudiante, je n'ai rien découvert de nouveau, mais j'ai aimé découvrir l'évolution dans le temps du grand A.

L'image que je retiendrai :

Celle du rayon polonais très développé, une grande partie de la population locale étant d'origine polonaise.
Lien : http://alexmotamots.fr/le-gr..
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Une bande dessinée one-shot documentaire qui dépeint avec brio la longue histoire du rapport entre homme et consommation, et dans le cas présent, l'implantation d'un centre commercial dans une ville.

Tout commence en 1970 à Hénin-Beaumont qui refuse l'installation d'un hypermarché. L'enseigne, surnommée le grand A, arrivera finalement 2 ans plus tard dans une commune limitrophe, Noyelles-Godault. A partir de ce moment, nous suivons l'évolution de ce grand groupe depuis son ancrage jusqu'à maintenant, nous suivons notamment l'impact économique, social et politique que ce supermarché va avoir sur la vie de cette ville. Tout est abordé, des caissiers aux techniques de vols, du conseil municipal aux techniques de vente, de la période de noël au mouvement syndical, de la désertification des centres villes aux souvenirs d'enfance, bref cela donne un véritable aperçu de la machine « grande surface » et cela fait pas mal réfléchir sur notre propre rapport à la consommation.

J'ai clairement bien aimé le développement sur le fond, la forme nettement moins. Les différents chapitres sont présentés sous forme de récits plus ou moins accrocheurs et baisse parfois l'intérêt de la lecture. Néanmoins, les auteurs ont essayé d'insérer des anecdotes, des présentations différentes pour « casser » ce rythme d'interview, c'est bien trouvé, comme par exemple le passage sur l'invention du fameux caddie. J'ai appris énormément d'informations, on découvre ainsi les multiples processus mis en place par le grand A pour nous pousser à consommer, à venir fréquenter cette « ville » dans la ville, à devenir dépendant.
Côté dessin, c'est un peu chargé et figé, Jean-Louis Loyer ayant décidé d'utiliser un système de couleur unique pour l'arrière-plan et une couleur plus vive pour les personnages. J'ai un peu moins accroché l'illustration n'apporte parfois rien de plus au texte, dommage.
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L'introduction avec l'histoire du commerce depuis l'Antiquité est un peu déroutante. Les auteurs ont mené leur enquête en centre-ville (marché qui souffre, marché de noël déserté), auprès de la direction, des fournisseurs, des caissières. Autour de Lens, il y a trois pôles d'attraction aujourd'hui, «Racing-club de Lens, le Louvre Lens et la galerie marchande d'Auchan« . Les auteurs montrent comment l'hypermarché s'adapte à son public, avec un grand rayon de spécialités polonaises (c'est aussi le premier magasin qui a testé le hard discount au sein de ses rayons), comment il réussit à faire dépenser plus à des gens qui ont un faible pouvoir d'achat, organisant la pénurie d'un jouet à Noël (mais en mettant une palette de côté), une ouverture le 23 décembre de 5h à 23h… Si le sous-titre (Il mange 195 jours de notre vie) semble présenter tout un programme, les auteurs ont voulu garder une approche plutôt neutre, le directeur n'est pas mis face à son cynisme, en contrepoint sont interrogés des fournisseurs (avec quelques pages sur la filière de la volaille industrielle) ou les caissières. Ils auraient peut-être pu s'engager un peu plus sur l'aspect politique, même s'ils soulignent la contradiction du Front national [la suite sur mon blog]
Lien : http://vdujardin.com/blog/be..
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Une enquête implacable sur les dérives de l'hyper-consommation, la destruction du lien social, les conditions de travail dans les hypermarchés et l'impact désastreux du développement à outrance des zones commerciales en périphérie des centres-villes. Lu à quelques jours de Noël, le message n'en est que plus percutant.
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(MN976) Cet album s'intéresse à l'impact de l'implantation d'un centre commercial en 1972. Une ville, et pas n'importe laquelle, la municipalité FN d'Hénin-Beaumont, se transforme peu à peu.
Le commerce, la mondialisation, la société de consommation sont critiqués, conduisant à la perte de valeurs essentielles : la justice, l'entraide, la culture, la démocratie. le totalitarisme n'est plus très loin et les rayons uniformes , bien rangés et proprets des supermarchés deviennent plus rassurants que les centres-villes.
Cet album est très documenté. Les personnages, qui sont les clients, les employés, les producteurs, le directeur, tels des témoins, nous apportent leur vision de cette ville parallèle. L'auteur réussit la prouesse d'un scénario bien rythmé, tout en proposant un livre à la valeur documentaire. Finalement, c'est une vraie histoire, presque une fable moderne qui est racontée ici.
La densité et la sobriété de l'album pourront le rendre difficile d'accès pour certains, mais je le conseille tout de même fortement pour le lycée.
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