Atar et ses habitants ne m'aimaient pas. Ils me dévisageaient, hilares, comme si je venais du ciel, ou d'une contrée bizarre, ils chuchotaient, ils ricanaient, je les entendais bien, "C'est une bédouine !", et alors ! répondais-je en moi-même, croyez-vous que j'en ai honte, croyez-vous que vos saletés de citadins, vos yeux perdus sans destin, les prisons où vous habitez, les montures sans vie que vous utilisez, croyez-vous que tout cela me tente, vous croyez-vous meilleurs, vous qui ne vous arrêtez pas pour parler, qui ne vous saluez même pas quand vous vous croisez, ou si peu, pressés pour survivre, seulement survivre, sans goûter au temps ?
Ma mère et moi, je me disais aussi, nagions dans deux mers séparées : nous ne nous rencontrerions jamais plus, nous n'aborderions jamais les mêmes vagues, nous ne saurions peut-être jamais plus nous regarder vraiment.
Pourquoi appeler des lendemains qui se taisent, des échos qui ne répondent pas, quémande des mains encore inconnues, tracer des sentiers aux ramifications infinies, réfléchir aux choses que refusait l'esprit.
- Je sais bien, vous les hommes, vous n'avez que ces mots à la bouche, "la loi et la religion", surtout quand cela vous sert....
La seule personne que laissa indifférente l’apparition des étrangers fut certainement ma mère. Mais rien ne la troublait plus, ma mère, ni les mauvais vents, ni les hivers rudes, ni les sécheresses. Elle avait, dirait-on, depuis longtemps traversé, sans se retourner, le Sahara des inquiétudes et des doutes.
Il m'amenait subrepticement à comprendre les travers des gens, leur fausseté.
Qui n’a su dominer sa femme dès la première nuit sera dominé par elle toute sa vie.
Le paradis de l’esclave est sous les pieds de son maître.
Elle plongeait chaque soir dans une mer houleuse pour recueillir les perles dorées de l'oubli, mais la pêche miraculeuse ne venait pas.