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EAN : 9782848053868
200 pages
Sabine Wespieser (04/02/2021)
3.95/5   20 notes
Résumé :
Tout ramène le père et le fils, dont les récits alternent dans cet envoûtant roman, au drame qui a fait éclater leur famille.
Le père est en prison. Dans une longue mélopée adressée à la femme qu’il est parvenu à épouser et qu’il aime encore aveuglément, il convoque les prémices enchantées de leur histoire et les souvenirs des jours heureux, mais également l’engrenage des mensonges et de la jalousie. Pour elle, le jeune étudiant issu d’une tribu nomade était ... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Le père. le fils, Deux discours pour dire le passé. Pour que l'on comprenne pourquoi le père est en prison et le fils hébergé par des amis de la famille.
Qu'est devenue la bien- aimée, celle à qui s'adressent ces pages de louange et d'amour ? Comment cette union maudite, l'impossible alliance des bédouins et des sédentaires, s'est-elle achevée, laissant deux enfants séparés, et un homme en prison ? Alors que l'enfant s'acoquine avec les gosses des quartiers pauvres, où les rapines font partie de la règle du jeu, il tente d'approcher sa soeur, se fait chasser, s'échappe de la férule des nomades, incapable de supporter la rigueur de l'école coranique .

Les deux récits alternent, bien marqués par leur style d'écriture.
Le long poème désespéré du prisonnier, qui exprime ses regrets pour un passé de malheur, un amour qui a volé en éclat, souillé par la trahison et la jalousie. le quotidien misérable de la prison n'est pas le plus difficile à vivre.
Et la voix du fils, encore teintée de naïveté, mais qui porte malgré tout les stigmates de l'enfance brisée, et qui cherche à comprendre.


Le drame s'habille de poésie, et l'écriture tient ses promesses. L'histoire reste centrée sur le destin de cette famille, sans élargir le propos au contexte historique , mais quand même bien imprégnée d'une ambiance locale spécifique.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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C'est un très beau roman que nous offre Beyrouk.
Deux belles histoires qui s'entrecroisent, deux personnages qui se volent la vedette.
D'un côté nous avons le père, en prison, qui s'adresse à sa femme. Ses souvenirs défilent, dans une expression très poétique, il relate le début de leurs amours. Il a tout quitter: sa famille, son désert, sa vie itinérante pour pouvoir avoir la chance de vivre à ses côtés, elle la citadine, sa princesse, il la couve de son amour débordant. Mais la belle famille ne l'entend pas de cette oreille.
De l'autre côté, nous avons leur fils qui a été recueilli par une famille modeste, en périphérie de la ville où est emprisonné son père. Il ne souhaite que deux choses : voir son père, lui parler, mais aussi pouvoir approcher sa petite soeur Malika, que son oncle-le-frère-de-sa-mère lui interdit de voir. En attendant il traîne ses guêtres en compagnie de son copain Momo, chef de leur bande. C'est un gosse de la rue.
Au fur et à mesure des chapitres, on en apprend un peu plus sur cette famille déchirée.
Une rencontre de choc entre deux cultures, celle des bédouins du désert et celle de la vie citadine.
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Parias est un roman où la voix du père et du fils s'entremêlent. le père est en prison, on apprend à la fin pourquoi, il écrit à sa défunte épouse. le fils est élevé par une famille où il vit de petits larcins.
Beyrouk a le talent de changer de style : le père écrit de manière très poétique, il parle de sa rébellion contre sa famille et celle de sa femme, le fils écrit lui de manière plus orale. Il ne comprend pas pourquoi son père ne veut plus le voir aux parloirs et il n'arrive pas à nommer la mort de sa mère. Pour lui c'est "ça".
J'ai beaucoup aimé ces Parias, me plonger dans l'âme de ce père et du fils.


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Mbarek Ould Beyrouk est un écrivain mauritanien. Son roman est très poétique malgré la dureté de la vie et des propos de ces personnages. Un récit à deux voix (celle du père prisonnier et celle du garçon qui ne doit pas être bien vieux) qui raconte l'horreur vécue par une famille et ses conséquences : la disparition de la mère, la mise aux arrêts du père et la séparation des deux enfants, l'une chez un oncle et le deuxième chez des voisins. Misère, pauvreté, violence et malgré tout poésie. Un roman singulier par le ton, la forme et le contenu.
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Le père et le fils alternent leurs propos après "ça" qui a bouleversé leur vie.
Un peu agacée par le chant d'amour du père qui s'adresse à celle qu'il a aimée comme si elle était toujours là; il finit quand même par donner les raisons de son acte. Aveuglé par son amour, il ne se rend pas compte du fossé qui le sépare de la femme qu'il a réussi à épouser au mépris des traditions. Il a menti tout le temps promettant la richesse à cette femme futile (je l'ai trouvée antipathique et tellement superficielle.) Il a quitté sa vie de nomade, sa famille élargie et ses bêtes qu'il a vendues, ce qui est impensable chez les bédouins, les peuls, les nomades en général...L'argent ne les intéresse pas, leur richesse, c'est le troupeau qu'ils mènent dans le désert vers un point d'eau ou de quoi se nourrir.
Les propos du fils m'ont beaucoup plus émue: il ne comprend pas: sa mère est morte, son père est en prison; on le sépare de sa petite soeur (reprise par la famille de la mère) lui ne parvient pas à se faire à la vie nomade qu'on veut lui imposer ainsi que le Coran, il fuit pour retrouver le quartier où il a vécu avec sa famille et ses copains, même si la vie est loin d'y être facile.
Le style du père est souvent poétique, celui du fils naïf et prosaïque. Les vies des pauvres, nomades ou sédentaires sont bien vues.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Juste après mon arrestation, les dirigeants de l’entreprise ont publié ma photo, portant casque, souriant, levant haut les bras comme pour répondre à une ovation, et au-dessous il y avait écrit : « Nous sommes heureux, parce que nous créons. » La photo était sur tous les sites du pays et d’ailleurs. Ces messieurs de la pub avaient choisi une photo parmi des centaines, ils ne savaient pas qui j’étais, juste un ouvrier parmi des milliers d’autres. Ils avaient été trompés par ma bonne mine, par le sourire que j’avais large à ce moment-là (peut-être qu’à cet instant j’étais heureux parce que je pensais à toi). Ils ne lisent jamais les journaux du pays, les patrons, ils n’en parlent pas la langue. Ils ne savaient donc pas pour moi. Bien sûr, ils ont été obligés de retirer la photo et même de s’excuser auprès du public. On n’affiche pas un criminel. Mes amis voulaient que je porte plainte pour la photo, et pour les excuses : ils n’avaient pas le droit de reproduire ma photo sans mon autorisation et ils n’avaient pas non plus le droit de s’excuser comme si j’avais été condamné, alors que je n’avais pas encore été jugé et que j’étais donc présumé innocent. Des millions à gagner, m’ont-ils expliqué. Non, je n’ai pas l’esprit à ça, je n’ai pas le cœur à mener un combat futile que je perdrai sûrement, et je n’ai pas envie de profiter de la fatuité des autres, même celle des puissants, je vis trop à l’intérieur de moi-même pour revendiquer, pour protester encore. Non ! Et d’ailleurs, que ferais-je de ces millions ? Même libre, je n’ai jamais été boulimique d’argent, sauf quand il s’agissait de te satisfaire.
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Diallo vient de m’offrir un verre de thé, il est venu s’asseoir à coté de moi, et il me l’a tendu, subrepticement, sous le boubou. Il est interdit de boire du thé ici, il est interdit de faire pénétrer un réchaud, d’allumer du feu, de fumer, de trop rire, de… Il y a tellement d’interdits ici, et aussi une telle permissivité. Diallo ne peut se passer de thé, il dit que c’est sa drogue à lui, il a un petit réchaud à gaz apporté là je ne sais comment et qui échappe chaque fois aux fouilles. Diallo, c’est un homme parfait, jamais de bagarres, jamais de grands cris, ami avec tout le monde, pieux même, surtout le vendredi, et puis il a une belle voix, il aime chanter tout bas, sa voix fluide rappelle les nuits de vide, d’absolue solitude, comme le soir au sommet d’une haute dune, quand partout tout se tait, sa voix me rappelle toi aussi, quand tu penchais la tête et chantais le tebbrae, cette poésie des femmes amoureuses que tu aimais tant.
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tous, je les aime, je pense à eux, et ça fait mal, je te jure, parce que c'est pas bon d'aimer beaucoup les gens, ça donne mal au ventre quand ils sont loin, ou qu'ils ont quelque chose, et puis ça rend trop malheureux, et puis tu sais pas, c'est trop dur, car moi, maintenant, chaque fois, j'ai envie de pleurer et c'est pas bien, ça, faut rester un homme, n'est-ce pas?
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Un jour, on jouait au moriba, moi je courais pour me cacher et Sara m'a vu, elle m'a mis le pan de son voile sur la tête. "Voilà, je te cache !". Elle sentait bon, j'étais comme évanoui, tellement j'étais heureux, et ma tête était près de son ventre, de ses aisselles, il m'est même arrivé quelque chose en bas, mais Momo, il m'a grondé après : "Faut plus te cacher sous les femmes, c'est pas bien", j'ai pas répondu.
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Je te parle de moi, comme si tu ne savais pas tout, comme si mon histoire ne t'avait pas écorchée vive, comme si tu ne comptais pas tes blessures comme autant de témoignages de mes mensonges, de ma suffisance, de ma folie à te vouloir à mes côtés, coûte que coûte.
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