Il règne une telle agitation à l'intérieur du château que personne ne remarque l'entrée d'Emilie. Des seigneurs en pourpoint de velours bordé d'hermine viennent visiblement d'arriver à cheval en compagnie de noble dames.
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Voyons, ma mie ! Nous allons passer des vêtements qui conviennent à une damoiselle non point ces effets de pauvresse !
Cette fois-ci dit-elle, pas de blague. Il faut que j'arrive à lui faire respirer mon gaz. Je sens que je ne vais pas tenir le coup longtemps, avec cette armure mal fixée...
Lorsqu'elle arrive de l'autre coté des douves, elle s'arrête, stupéfaite: au lieu de pénétrer dans sa chambre, comme elle s'y attendait, elle est en pleine campagne. Une campagne du Moyen-Age, avec des choumines, d'autres châteaux-forts sur des collines éloignées et d'immenses forêts. "Ce n'est pas possible", murmure-t-elle, prise d'une angoisse terrible. Elle vient de comprendre que, sans son crayon et sa gomme magique, elle est prisonnière de son dessin et du Moyen Age.
"Je suis un crayon magique, répète le crayon avec orgueil.
- Parce que tu sais parler ? demande Emilie qui s'habitue peu à peu à l'idée qu'elle ne rêve pas.
- Oh ! pas seulement, répond le crayon d'un air important. Les dessins que je fais deviennent vrais. (p.11)