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Citations sur Paris sous la terre (7)

Le manchot, l'unijambiste ne sont pas des réguliers, mais j'ai bien le souvenir de cet homme-tronc parcourant le train en rampant sur la ligne 14. Il passait dans l'allée à la hauteur des genoux. Levant les yeux de nos Smartphones, nous le toisions d'un air gêné. Le sentiment du voyageur oscillait entre compassion et nervosité accusatoire. Le scandale semblait tenir à sa présence et non à son état. Nous ne supportons ni la laideur, ni l'infirmité. A la vision de l'homme sans jambes, la peur qui nous étreint est celle de notre propre mutilation.
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Officiellement, les musiciens du métro utilisent le réseau souterrain pour se faire connaître, comme des artistes en promotion. Dans les faits, ils adhèrent au label pour survivre. Vagabondage et misère artistique sont étiquetés, fléchés, les autochtones deviennent les pièces d'un musée de l'actuel, ce Paris touristique aux devantures humaines. Le joueur d'oud de Belleville, qui charme de son sourire mélancolique les travailleurs chaque matin sur les quais de la 11 en direction de Châtelet, est il officiellement "musicien de métro" ? Et le tout petit guitariste d'Amérique centrale qui entonne Guantanamera, avec son visage carré, à l'Hôtel de Ville ? Le son des cordes de l'instrument nous parvient aux oreilles sur ce quai de métro sans que l'on puisse savoir d'où il joue, la mélodie s'enroule aux sinuosités de la station, l'écho disperse ensuite les accords comme un liquide, la foule s'enduit d'un air portoricain, cubain, argentin, pour le temps qu'elle traverse cet espace souterrain.
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Ici, tout est déplacé. Mais n'est-ce pas exactement ce qui définit le mieux Châtelet-Les Halles, cet état de sabotage permanent des mémoires, ce mélange sans dessein, un vertige anarchique au ventre de Paris, ses viscères tourmentés?
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Au retour du périple, de nouveau sous la terre, dans le couloir de correspondance, un petit carrefour est soumis à la marée humaine, venant, se retirant. Les passagers échouent là par vagues comme des algues, foisonnent, viennent emplir l'espace en quelques secondes, quand leur train les y déverse. Silence, puis tout d'un couple tumulte, enfin nouveau silence.
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Les Parisiens existent, et ce ne sont pas les provinciaux arrivés à Paris, non. Ce ne sont pas, non plus, les banlieusards, si proches de nous soient-ils, compulsifs de Paris, y travaillant, y déjeunant et y sortant, y vivant leurs amours et leurs détestations. Ce sont les gens nés ici, dans la ville, dont les parents le sont aussi, les grands-parents parfois, ce sont les gens de Paris, dont Paris est le pays d'origine. L'arrogance qu'on leur prête n'est souvent pas la leur ; c'est le signe distinctif de ceux qui en font trop ; c'est celle des nouveaux venus, engoncés dans une manière d'orgueil qu'ils ne parviennent pas autrement à exprimer : l'arrogance parisienne est une névrose d'arrivistes. S'ils étaient des Parisiens ordinaires, les arrogants ne retourneraient pas "chez eux" à Noël, pour commencer. Ils apprécieraient, aussi, Paris pour ses abîmes ou sa médiocrité, pour sa stupidité, sa laideur, son commun des mortels. Paris pour son métro, la poussière noire dans ses recoins, jusqu'à la puanteur, à la pisse de ses caniveaux souterrains, et toutes les bizarreries, les dysfonctionnements de cette substructure qui mime la ville en soubassement.
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Le long couloir [de Montparnasse] et doté de 3 tapis roulant, on y croise les voyageurs venant de la gare ou s'y rendant, avec sur le visage une expression de vacances ou d'absence laborieusement raccorder à l'agitation métropolitaine.
Il faut un temps de latence avant de replonger dans le bain de Paris et se rendre à la gare c'est déjà voyager.
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On se promène dans Paris au gré d'une visite guidée a nulle autre pareille : celle du métro ! Transport en commun, utilitaire si jamais il en fut, que nous prenons trop rarement le temps d'observer, voire d'admirer !

D'une poésie peu commune, Solange Bied Charreton brosse le portrait d'un Paris cubiste, aux mille facettes, sur fond des 14 couleurs linéaires de la RATP 🤩

"Le long couloir [de Montparnasse] et doté de 3 tapis roulant, on y croise les voyageurs venant de la gare ou s'y rendant, avec sur le visage une expression de vacances ou d'absence laborieusement raccorder à l'agitation métropolitaine.
Il faut un temps de latence avant de replonger dans le bain de Paris et se rendre à la gare c'est déjà voyager. "

Alors, certes parfois, le tableau est plutôt triste, le spleen de Paris nous rattraperais presque, mais j'ai énormément aimé cette promenade incongrue, où le plus léger détail (du décor ou des voyageurs) permet le déroulé d'une poésie "du quotidien" !!

A déguster par petites touches ou avec gourmandise, sans modération !!
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