Le harcèlement moral

(p.117)

3.2 Harcèlement et résilience

pour pouvoir rebondir tout être victime d’une agression a effectivement besoin d’être reconnu socialement comme victime de cette agression

Le harcelé est surtout une personne qui résiste à l'influence collective, et refuse d'abdiquer sa personnalité au profit du groupe, dont il met en danger la survie. De plus, si le harcèlement moral se met en place, c'est que non seulement l'entourage ne réagit pas, mais encore que le harcelé n'a pas assez de soutiens d'envergure pour faire peur au harceleur, qui s'estimera alors sous le régime de l'impunité.

(p.79)

Les maltraitances que la société dénonce sont davantage des maltraitances physiques (coups, violations sexuelles) que des maltraitances psychologique qui, pourtant, répétées sur la durée, sont la mise en œuvre d’un véritable processus de harcèlement moral.

(p.70)

Le Processus
1.1 Agressions psychologiques directes.


[...] il y a les agressions qui jouent plus directement sur l’annihilation de la victime : intrusion dans l’intimité et la vie privée, déni de l’agression et de la souffrance

[...] par l’absence de compassion de l’ensemble du groupe qui assiste au harcèlement. C’est ce sentiment d’abandon qui peut conduire aux pires extrémités la cible d'un harcèlement moral. Il s’agit surtout d’exclure du groupe, et en cela, le harcèlement moral est proche de la torture

(p.104)

4.1 Responsabilité Civile et pénale

Quant à la responsabilité parentale, dans la vie privée, nous sommes encore et toujours confrontés à l’absence de reconnaissance du harcèlement moral dans la sphère professionnelle. Ainsi la sphère privée est la plus exposée à du harcèlement moral qui ne dit pas son nom.

Au fondement de toutes ces agressions, il y a une "crise de l'autorité". (...) D'une certaine façon, le futur harcelé n'a pas reconnu l'autorité du futur harceleur et ne l'a pas légitimée. De même, le futur harceleur dénie toute autorité au futur harcelé. Le véritable problème est que l'un comme l'autre n'entendent pas de la même façon le rapport d'autorité (...). Un harceleur entend par "autorité" ce qui est en réalité une forme de domination qui use à la fois de la persuasion et de la coercition. De cette définition, il ressort que le pouvoir, surtout s'il est incompétent, est toujours imposé au subordonné.
Un harcelé entend plutôt par "autorité" l'obéissance fondée sur la reconnaissance de compétence, par opposition à la contrainte et à la persuasion.

La séduction et l'apparente sociabilité sont les atouts d'un harceleur. La séduction est en effet une technique de manipulation qui aliène autrui, dans un rapport de dépendance.

(p.82-3)

4. l’État harceleur
4.1 Le système totalitaire.

Le harcèlement étatique vise toujours une seule partie de la population (par exemple les femmes chez les talibans) qui peut varier au fil du temps, mais jamais une population toute entière. Il s’agit de trouver un bouc émissaire sur lequel rejaillira la folie et/ou la lâcheté collective : minorités, juifs, bourgeois…,

Tout harcèlement moral entraîne chez le harcelé une perte d'estime de soi.
La perversion à l'oeuvre dans le harcèlement moral réside dans cette spécificité : la manipulation est telle que la personne harcelée, si elle ne réagit pas ou si son entourage ne l'aide pas, est vouée à plus ou moins long terme à non seulement consentir à son harcèlement moral, mais à le cautionner en le justifiant.