Juste une architecte un peu folle qui rêve de bâtir un foyer solide et prospère sans même être certaine de supporter d’y vivre.
j’ai parfois la sensation
de trahir
celle que j’ai été
en écoutant
celle que je suis
aujourd’hui
comme une dette infinie
envers la petite fille
que j’étais
j’ai parfois l’impression
que la santé mentale est une course
à qui aura le plus mal
qui verra le plus de spécialistes
et obtiendra le plus de diagnostics
et moi je suis là, en larmes
avec mes mécanisme psychiques déjà toxiques
à me persuader que la légitimité de la souffrance
se mesure au nombre de comprimés
qu’on avale pour supporter la vie
et parfois je voudrais hurler à mon cerveau détraqué
que je suis tout aussi légitime
que je n’ai pas besoin de plus
et que me faire du mal
ne m’apportera pas davantage
J’ai saccagé ma propre maison, parce que j’étais terrifiée à l’idée qu’on le fasse avant moi.
Il y a tant de violence partout : dans le monde qui nous entoure tapi d'ombre et de sévices dans les foyers, les chambres à coucher et le cœur des enfants mal aimés dans ces cris que l'on pousse la nuit hurlant l'indifférence et la cruauté et puis dans mon esprit aussi plus orageux que la violence elle-même.
[…] c’est à peine si certains jours
j’ai le courage de me lever
redevenir
juste un instant
l’enfant qui respirait
le parfum
dans le cou
de sa mère
les monstres chez moi
ils n’étaient pas seulement
sous mon lit
ils étaient aussi
dans mon esprit
on nous parle si peu
de la douleur de la rupture
lorsqu’elle n’est pas amoureuse
on ne nous en parle pas
on ne nous y prépare pas
à ces amitiés qui s’étiolent
à celles qui s’envolent
ou encore de ces personnes
qui arrachent un bout de nos cœurs
en quittant nos vies sans prévenir
on nous parle sans cesse
de l’amour amoureux
des papillons, de la chute
mais jamais de toutes ces autres formes
puissantes et destructrices
qu’il peut prendre aussi
mes plus grosses peines d’amour
n’ont jamais été amoureuses
le masque de mes larmes
posé sur mon visage
c’est plus facile de pleurer
c’est plus facile qu’affronter
ce qui me fait vraiment mal
alors je pleure et je hurle
parce que je ne supporte plus mon silence
mes blocages
ces mots qui ne viennent pas
ces pensées que je ne formule pas
tout reste coincé
à l’intérieur de ma tête
ils sont là
ils ne sortent pas
j’en suis incapable
alors je pleure
je n’ai que ça