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Citations sur Un Nègre à Paris (34)

Partout se dresse un Dieu coléreux ayant à sa gauche le fouet et à sa droite les bonbons. Un Dieu à l'image du Blanc chez nous, avec ses médailles d'une main et sa prison de l'autre.
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Lorsque tout le monde a fini de parler, on arrive à l'acte suprême qui décide du sort du gouvernement, on vote. D'un côté ceux qui veulent que le gouvernement meure et avec lui tous ses servants, et de l'autre, ceux qui veulent le reconduire. Le plus souvent ce sont ces derniers qui l'emportent. Lorsqu'il arrive aux premiers de gagner la partie, le gouvernement tombe puis se reforme, mais qu'y voit-on ? Les mêmes hommes ayant simplement changé de siège, c'est-à-dire de fonctions.
Il y a des gens qui sont pour le gouvernement ce que sont les pique-bœufs chez nous, ils ne l'abandonnent jamais, et toujours lui survivent, ils le piquent, le piquent jusqu'à ce qu'il meure.
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Si nous confions la garde de nos villages à des génies, les Parisiens laissent ce soin à des espèces de guerriers d'une importance considérable. Personne n'entreprend une action, ne fait un geste sans penser à eux. On les appellent journalistes. Une race turbulente, à l'origine obscure. […] Des gens à l'esprit fort curieux et à la plume hardie, alerte, faisant uniquement métier d'écrire. En somme des espèces de paresseux ne sachant absolument rien faire de leurs dix doigts, mais dont la tête toujours travaille, travaille si bien qu'elle est toujours chaude. Ces journalistes qui se posent en censeurs et s'arrogent le droit de trancher de tout, de tuer un homme ou de le porter aux nues selon leur humeur du jour, ne sont point crieurs publics, ni batteurs de tam-tams. La complexité de leur caractère autorise à dire qu'ils sont les deux à la fois car souvent un seul article fait plus de bruit que huit tam-tams déchaînés et lorsqu'ils se mettent en tête d'orchestrer une affaire, ils n'y vont jamais de main morte. […] Au demeurant des gens doux, pacifiques, bavards par profession, inquisiteurs par déformation, et silencieux par calcul. Ne sont-ils pas souvent dans les secrets d'État ? Un ministre apposant une signature ne pense-t-il pas d'abord à cette race de guêpes-maçonnes qui d'un coup d'ailes jette à terre le plus bel édifice ministériel ? Nous avons nos génies ; ils ont ici leur journalistes : et tous nous font trembler parce que nous ne savons jamais ce qu'ils pensent. Une affaire les intéresse-t-elle ? Ils la montent en épingle. Dans le cas contraire ils font autour d'elle la grande conspiration du silence.
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Des femmes poussent leur lourde poitrine devant elles, avec dessus le poids de tous les regards des hommes.
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Sous notre ciel à chaleur constante il y a des parties de chasse difficiles, celles qu'on livre aux trafiquants, aux margouillats, aux papillons et aux idées, parce qu'on ne sait presque jamais où ils se couchent et comme dit le proverbe, « ce ne sont pas toujours les porteurs de tam-tams qui sont les bons danseurs ». Eh oui ils ont tellement d'attaches qu'il est parfois difficile de les exterminer. Tu ne comprends pas. Je sais, ça ne fait rien ; l'essentiel étant plutôt de constater que de comprendre. Et l'on croit parfois arrêter une danse parce qu'on s'est emparé du porteur de tam-tam. Que fait-on de la chanson qui trottine dans la tête des gens ? Peut-on l'arrêter, lui dire : Euh ! toi, sors de cette demeure ? Lavage de tête, de cervelle, on en parle ! dans ce domaine, que la tête soit blanche ou noire, blonde ou brune, voire chauve, on perd toujours sa lessive.
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Et pendant que tout un peuple suit son héros télévisé, photographié, est-ce que je sais, je crois lire en certains regards de l'angoisse. Les Parisiens mènent leur existence trépidante faite de privations, de refoulement. Ils se demandent où cette civilisation les mène, au rythme de ses machines, lorsque malgré l'abondance, il y a des gens mal nourris, mal vêtus. Les machines, lancées, tournent et tout le pays avec elles, comme pris de vertige. Le mal du siècle est de tourner, de produire le plus possible, de créer des richesses. L'homme est devenu un rouage ; et on lui donne tout juste ce qu'il faut pour jouer son rôle, tourner aussi.
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Ne pense pas que le Parisien qui regarde poétiquement couler la seine en suivant sa ligne, soit quelqu'un de simple. Il est un tissu de contradictions. Euh, n'y a-t-il pas en lui du Wisigoth, du Goth, de l'Alaman, du Franc, et du Parisien? Lorsque vous l'abordez de face, de dos, de gauche ou de droite, c'est l'un ou l'autre de ces aspects que vous rencontrez. Et c'est pourquoi les jugements qu'on émet sur lui sont si contradictoires.
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Paris a contaminé la Parisienne qui se touche constamment les cheveux, se regarde dans les vitres, les glaces. Et je tourne telle épaule, et j’examine mon rouge. C’est qu’elle veut être à la page, dans le ton, à jour, la Parisienne ! dont le principal souci est de voiler ses rides, de tenir harmonieusement son rang. Pour cela, elle donne des tuteurs à ses seins en les enfermant dans des soutien-gorge, et passe en laissant sur sa trace une trainée persistante de parfum. Elle est dangereuse surtout par sa démarche calculée pour vous troubler et vous lancer à sa poursuite. Depuis qu’elle s’est émancipée en acquérant le droit de se lier librement à l’homme de son choix et de le quitter lorsque le cœur le lui commande, elle a horreur des chaines, … même du collier … elles sont « franches du collier «
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Tout est mis en œuvre pour faire circuler l'argent, fouetter le commerce, déchaîner les appétits, aigrir les gens, activer les compétitions, creuser les fossés entre les différentes classes. Les uns manquent de tout et les autres ne savent que faire du superflu.
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Que sont cent ans dans le cours des choses ? Nous naissons, nous vivons et nous mourons. Point besoin n'est de se tracasser avec les mois et les ans. Que l'on compte ou non, on mourra. C'est une fatalité. Mieux vaut s'en aller en ne sachant même pas combien de temps on a passé sur la terre.
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