Un Italien, qui vendait des tapis à Calcutta, m’a donné l’idée de venir ici ; il m’a dit (dans sa langue) :
– Pour un persécuté, pour vous, il n’y a qu’un endroit au monde, mais on n’y vit pas. C’est une île. Des Blancs y ont construit, vers 1924, un musée, une chapelle, une piscine. Les bâtiments sont terminés, abandonnés.
Je l’interrompis, sollicitant son aide pour le voyage ; le marchand reprit :
– Ni les pirates chinois ni le navire peint en blanc de l’Institut Rockefeller ne la touchent. Elle est le foyer d’une maladie, encore mystérieuse, qui tue de la surface vers le dedans. Les ongles, les cheveux tombent, la peau et la cornée meurent, puis le corps, au bout de huit à quinze jours. Les membres de l’équipage d’un vapeur qui avait mouillé devant l’île étaient écorchés, chauves, sans ongles – tous morts – quand le croiseur japonais Nomura les trouva. Le vapeur fut coulé à coups de canon.
Pourtant, si horrible était ma vie que je résolus de partir… L’Italien voulut me dissuader ; j’obtins qu’il m’aide.
Son attitude me paraît ignoble. J'en conviens, ce jardinet est de mauvais goût. Pourquoi le faire piétiner par un barbu? Ne suis-je pas, déjà, assez piétiné moi-même?
Una explicación podría ser que no se le hayan creído, que Morel estuviera loco, o, mi primera idea, que todos estuviesen locos, que la isla fuera un sanatorio de locos.
Une explication pourrait être qu'on ait pas cru Morel, qu'il soit fou, ou bien, j'en reviens à ma première idée, qu'ils soient tous fous, que l'île soit un sanatorium pour lunatiques.
A celui qui, se fondant sur ce rapport, inventera une machine capable de rassembler les présences désagrégées, j'adresserai une prière : qu'il nous cherche Faustine et moi, qu'il me fasse entrer dans le ciel de la conscience de Faustine. Ce sera là une action charitable.
J'insiste: il n'y a aucune preuve décisive que Faustine éprouve de l'amour pour Morel. Peut-être l'origine de mes soupçons se trouve-t-elle dans mon égoïsme?
A la fin, la crainte de la mort me libéra de la superstition de mon incompétence ; ce fut comme si je m'en étais rapproché à l'aide de verres grossissants [...].
Se considérer comme mort pour ne pas mourir.
Le lecteur attentif a pu retenir de mon rapport une énumération d'objets, de situations, de faits à tout le moins surprenants ; le dernier est l'apparition des actuels habitants de la colline.
Aujourd’hui, dans cette île, s’est produit un miracle. L’été a été précoce. J’ai disposé mon lit près de la piscine et je me suis baigné jusque très tard. Impossible de dormir. Deux à trois minutes à l’air suffisaient à convertir en sueur l’eau qui devait me protéger de l’effroyable touffeur. À l’aube, un phonographe m’a réveillé. Je n’ai pas eu le temps de retourner chercher mes affaires au musée. J’ai fui par les ravins. Je suis dans les basses terres du sud, parmi les plantes aquatiques, exaspéré par les moustiques, avec la mer ou des ruisseaux boueux jusqu’à la ceinture, me rendant compte que j’ai précipité absurdement ma fuite. Je crois que ces gens ne sont pas venus me chercher ; il se peut, même, qu’ils ne m’aient pas vu. Mais je subis mon destin : démuni de tout, je me trouve confiné dans l’endroit le plus étroit, le moins habitable de l’île, dans des marécages que la mer recouvre une fois par semaine.
Un livre unique. La référence du fantastique sud-américain