J'ai fantasmé pour combler les lacunes de mon existence, compris que l'être humain peut faire de grand rêves sur un petit oreiller
C'était par un clair matin
il y a de cela bien longtemps?
Ils suivaient tous deux le chemin
face au soleil levant
et la main dans la main,
Face au soleil levant
chacun songeant à sa propre route,
Ils suivent maintenant chacun sa voie
en se tenant par la main.
Se tenant par la main
Par ce clair matin.
Stefan HÖRDUR GRIMSSON (Eux - 1989)
A croire parfois qu'on peut inculquer n'importe quelle idiotie à l'être humain, tant il est crédule et démuni.
On ne peut juger un malade comme on le ferait d'un bien portant.
Ici, à la campagne, j’ai eu de l’importance. Et si ce n’est qu’une idée, au moins aurai-je eu l’impression d’en avoir. Voilà une différence qui compte. (…)
Ça ne les dérange pas, les gens des villes, de n’être pas en prise avec le monde, d’être insensibles et amorphes et de chercher la consolation dans la drogue ou l’adultère ; d’avoir seulement à se demander s’ils doivent se supprimer, ou pas. Ou bien attendre un peu. Y a-t-il rien de plus terrible que d’attendre que la vie s’écoule ? Au lieu de mettre la main à la pâte et d’amasser des vivres. Et puis ils composent des poèmes et écrivent des romans sur la froidure et la solitude de la ville. Pourquoi donc ont-ils quitté la campagne ? Qui les en a priés ? Si la vie toute entière n’est que fiction, comme ils disent, n’y avait-il pas plus de vitalité, plus de bonté dans les prés, une clarté plus intense et un sentiment de liberté plus vif dans l’atmosphère d’ici ? Tu sais, Helga, j’ai entendu dire que d’anciens poètes du temps des Grecs et des Romains ainsi que de grands philosophes et des sages du monde comparent la vie au rêve et à la fiction. Mais chez nous, pas la peine de cherche midi à quatorze heures. On trouve la même sagesse en se tournant vers sa grand-mère qui, sans savoir lire ni écrire, pouvait réciter un poème dont elle ignorait l’auteur, et qui n’avait jamais été jugé digne d’être couché par écrit.
"La vie n’est que transe et rêve,
calme plat et dur ressac,
écueil et courant rapide,
tempête, neige et brouillard.
Avec fleurs et soleil aussi.
Mais derrière les hautes montagnes –
personne n’est encore allé voir."
Je ne veux pas dire que tout est tellement merveilleux par ici, ni que les gens sont des anges. Bien sûr, ici il y a les ragots, la jalousie, et toutes sortes de conneries qui vont avec l’espèce. Mais ces gens-là vous dépanneront d’un pneu de tracteur en cas de besoin.
Et tandis qu'on célébrait la trouvaille de Gisli, de fumer la défunte, Hjörtur sortit une bouteille de rhum de son grand manteau d'hiver et proposa qu'on porte un petit toast funéraire à la mémoire de Sigridue.
Je me rappelle comme si c'était hier l'émotion que j'éprouvais en voyant avec quel soin le vieux Gisli avait fait les choses, dans la cabane à fumer. Je m'étais dit sur le coup qu'il faudrait faire de cette méthode une coutume funéraire typiquement islandaise, comme ça, pendant que les gens sont en deuil et pleurent ceux qui leur sont chers. D'autant que la fumée aide les larmes à couler. Mais ce ne serait pas commode de fumer tout le monde à Reykjavik. Il faudrait que se soit une sorte de luxe réservé à la province.
Le choix t'appartenait.
Le choix t’appartient.
Et je suis à toi.
Toujours.
.. je compris que le mal, dans cette vie, ce n'étaient pas les échardes acérées qui vous piquent et vous blessent, mais le doux appel de l'amour auquel on a fait la sourde oreille.
Et de fait, il me semble parfois que mon esprit a, comme l'oiseau, essayé de prendre son envol pour échapper au quotidien laborieux de la vie terrestre et que j'ai, tout comme lui, tenté de planer dans le ciel des poètes à la faveur de mes écrits indigents. Si les dieux me l'accordent, c'est justement comme ça que je m'envolerai vers toi finalement, sur les ailes de la poésie.
L'année suivante fut la plus merveilleuse de toute mon existence. L'année que j'ai appelée la saison des amours de ma vie.