Chaque homme à qui j'ai fait lire mes textes a tenté de changer mon écriture. Ecrire comme un homme ne m'intéresse pas. Je veux écrire comme une femme. Je dois plonger loin de la rive pour trouver les mots...sous la mer des mensonges.
Je n’écrirai jamais comme un homme.
Je veux écrire comme une femme.
Écrire les choses indicibles, les intuitions, les frissons.
Je veux faire de ma vie une œuvre d’art et inventer le langage pour la raconter.
Je crois en ma magie.
- Écrire ! Mais il faut VIVRE !
- Je vis, Henry. Je vis même doublement, triplement car, quand j'écris et réécris, je vis plus intensément encore.
Chaque homme fait émerger en moi de nouvelles émotions, de nouvelles idées. Chaque relation fait naître une nouvelle Anaïs et un nouvel univers. Et chaque Anaïs existe uniquement pour celui qui l’a révélée, tout en inspirant toutes les autres.
"Non."
Sans excuse, sans mensonge, sans justification.
Jamais, jusqu'à présent, je n'avais réussi à le dire à un homme.
Les gens souffrent de leur folie parce qu'ils ne savent qu'en faire. Les artistes y plongent, s'en parent comme d'un costume, y découvrent d'autres vies.
Une fois de plus, je suis paralysée par l’écriture de mon roman. Ce qui, hier encore, vibrait et palpitait semble mort aujourd’hui. Artificiel. Un collage maladroit. Suis-je réellement incapable d’écrire autre chose que mon journal ? Incapable d’opérer l’alchimie qui transformerait cette matière brute en un récit révélateur ? J’ai rendez-vous avec un éditeur qui semble intéressé par mon essai sur Lawrence. Mais je me sens faible et fragile et aujourd’hui. Mes nerfs ne me laissent pas en paix. Je voudrais disparaître. Quand je le repousse en lui disant que, pour moi, ça ne peut être sans amour, il ne me croit pas. Il dit qu’avec mon visage sophistiqué et ma défense de Lawrence, je ne peux être si innocente. Aucun homme ne croit jamais à mon innocence. Il est vrai que j’avais accepté son baiser. Om me fait asseoir sur le canapé et présente son sexe à ma bouche. Je me relève comme si on m’avait giflée et il rit de moi. Il maîtrise la technique du baiser mieux qu’aucun homme que j’aie connu. J’ai pitié du désir que j’ai provoqué et je le laisse se soulager en se frottant à mes cuisses. Je lui devais bien ça. Je ne dis pas tout à Hugo. J’ai séparé mon journal en deux… L’un d’eux devra rester secret ! Et pourtant, je me sens innocente… Je continuerai donc à tenir deux journaux. Le faux dans lequel j’écris ce que je présente à Hugo comme des fantaisies, un exutoire à mon imagination trop féconde. Je ne le laisse pas pour autant le lire. Et le vrai dont je lui lis des passages comme je l’ai toujours fait, et qui maintient mon idéal de pureté, même si j’y laisse paraître mes questionnements.
Ma mère est danoise et cubaine, mon père espagnol et cubain, et j’ai grandi entre la France et New York. J’ai dû inventer mon propre langage.
Les gens souffrent de leur folie parce qu’ils ne savent qu’en faire.
Les artistes y plongent, s’en parent comme d’un costume, y découvrent d’autres vies.
Les gens souffrent de leur folie parce qu’ils ne savent qu’en faire.
Les artistes y plongent, s’en parent comme d’un costume, y découvrent d’autres vies.