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sur 85 notes
''Hildur, je suis encore morte''. Tels auraient pu être les derniers mots de Siggý à sa fille dans la lettre qu'elle vient de recevoir. Car Siggý, mère et femme fantasque, aimait mourir...d'ennui, de chagrin, d'autre chose. Pour mieux renaître...dans les rires, les chants, les danses. Cette fois pourtant, sa mère est vraiment morte et Hildur sent les souvenirs l'envahir : Siggý dansant dans la salon en riant et elle couchée dehors dans la neige pour ne plus la voir; Siggý toute habillée dans son bain, le rimmel lui coulant sur les joues tandis que l'eau refroidit; Siggý laissant les chats envahir sa maison et leur donnant plus d'attention et d'amour qu'à ses propres enfants; Siggý triste ou joyeuse, mais jamais maternelle. En se rendant sur l'île de Flatey dans la petite maison jaune qu'elle lui a légué, Hildur revit son enfance, les extravagances de cette mère qui n'en fut pas une, la fuite de son père, les moments de répit auprès de Láretta, sa grand-mère. Comment, après tout cela, aurait-elle pu être mère à son tour ? le mal qui la rongeait, l'impossibilité d'assumer la maternité et une maison isolée, voilà les legs de Siggý à Hildur qui doit elle aussi renaître pour se retrouver.

Etrange et onirique, ce premier roman au titre poétique exerce une sorte d'envoûtement sur le lecteur, un peu comme l'Islande ensorcelle les voyageurs. Entre rêve et réalité, souvenirs pesants et moments de grâce, les pensées d'Hildur s'envolent des excentricités d'une mère bipolaire au prosaïsme d'une grand-mère plus terre-à-terre, de la difficulté d'être mère à l'espoir d'être heureuse un jour. Sur cette terre isolée, on se laisse porter par la beauté des lieux, la solitude d'Hildur, le poids de ses souvenirs et l'espoir qui renaît grâce aux yeux vairons d'un pêcheur de l'île. J'ai toujours ton coeur avec moi est un roman d'amour, l'amour d'une fille pour une mère imparfaite mais terriblement vivante qui lui lègue une clé, celle de sa maison jaune ou celle d'un avenir moins sombre. Un très beau roman, sauvage et sensible.
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Coup de coeur pour ce premier roman de l'écrivaine islandaise Soffia Bjarnadottir !

Novembre 2018, Hildur est en route pour l'île de Flatey, une île perdue au large de l'Islande, pour rejoindre la petite maison jaune que vient de lui léguer Siggy, sa mère, qui n'est plus de ce monde. Une mère dont elle dit: "Qui était cette femme? Ce n'était pas ma mère. Pourtant elle m'avait mise au monde.Voila pourquoi il m'arrive de l'appeler maman. Je la vénère et je la crains, comme le dieu Shiva qui façonne et défait toute chose".
Siggy était une marginale, " un touareg solitaire", " qui portait en elle une blessure profonde qui parfois se rouvrait"....une blessure qu'héritera aussi sa fille. Une relation mère-fille d'une force indéfectible, pourtant apparemment inexistante. le titre du livre , d'ailleurs, qui vient d'un très beau poème de E.E. Cummings fait référence à cette blessure de la mère ressentie par la fille à l'évocation du cerf du poème qui meurt dans la forêt," je sens la blessure de Siggy qui gonfle, s'embrase comme une forêt et disparaît..."
D'autres personnages insolites peuplent ce récit émouvant, Grand-mère Laretta, "vierge" pudique, seul refuge d'Hildur, Kafka, le voisin de maman,sensible et introverti,son coéquipier " d'équipes de secours", Théofilus ,l'homme à tout faire, David, l'homme aux yeux vairons et bien sûr ,Tumi.......je vous laisse le découvrir.
C'est une histoire douloureuse et très triste, mais la plume pétillante ,pleine d'humour et de poésie de l'auteur la rend unique dans son genre.C'est ce que j'appelle Littérature !
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Hildur qui n'a pas vu sa mère depuis de nombreuses années, apprend que celle-ci vient encore de mourir mais cette fois pour de bon. Elle se rend donc à ses obsèques et alors qu'elle est en route, le passé s'abat sur elle comme "un tas d'ordures sur un royaume de ruines fumantes ". Son esprit dérive, elle se souvient de Siggý , cette femme qui l'a mise au monde mais dont la santé mentale défaillante l'a empêchée d'être un mère aimante. Un trouble émotionnel important ravive chez Hildur des plaies profondes et mal cicatrisées. La douleur qu'elle en ressent provoque une reviviscence de ses propres troubles névrotiques qui ne lui ont pas permis à elle non plus d'être une mère comme les autres.
Le roman de Soffía Bjarnadóttir est tout simplement envoûtant. L'errance d'Hildur à l'ouest de la réalité au gré du souvenir , de l'imagination et du rêve est à l'image de l'Islande, pays isolé à la beauté sauvage, pétri de contes et de surnaturel depuis la nuit des temps.

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C'est un livre sombre qui parle surtout de la perte d'un être cher, notion exprimée avec poésie. le roman approfondit le rapport mère-fille dont le lien est ici empêché par un contact à la réalité inexistant ou excentrique de la maman, Siggy. La fille, Hildur, a cherché à fuir son foyer, les visions, ces sensations étranges de la mère, car elle se sentait oppressée par tout cela, tout ce qu'elle ne comprenait pas, puisqu'elle avait besoin d'autre chose. En effet, la maman, Siggy, voyait des morts partout, des têtes dans les réfrigérateurs, elle croyait aux elfes, et n'avait pas développé de lien maternel avec sa fille au sens maman-poule. Hildur en a souffert. « L'espace entre la réalité et moi s'élargissait ». Aujourd'hui, Hildur travaille sur un site archéologique à Kerijoki en Finlande. Elle apprend la mort de Siggy qui lui a laissé une lettre dans laquelle elle lui parle de sa maison jaune sur une île. Hildur prend le ferry jusque là, et une fois dans la maison, elle repense à son passé difficile avec elle.

Dans ce livre, il se passe peu de chose, mais il est superbement bien écrit. Etonnant, pas classique du tout.
Voilà, j'ai passé un beau moment, en compagnie de ces deux âmes ayant si peu pied dans le monde, en qui je ne me suis pas reconnue, mais qui m'ont surtout charmée grâce à la tonalité étrange du récit.

Merci aux Editions Zulma et à Babelio pour ce livre reçu grâce à Masse critique.
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magnifique écriture, l'Islande, la brume, la pluie, un hommage à la mère, et à la mer, très beau portrait de femme. Petit bijou à mon sens.
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Siggy est morte. Siggy est devenue stardust (excusez le jeu de mots en hommage à qui vous savez). Et Hildur, sa fille, éloignée depuis longtemps de cette mère excentrique et, pour dire les choses comme elles sont, quelque peu cintrée, débarque sur la petite île de Flatey pour ses funérailles. Difficile de dire quelque chose d'autre d'une trame narrative particulièrement floue, qui évoque aussi bien des souvenirs d'enfance que des rencontres incongrues avec des insulaires qui ne le sont pas moins sans compter les fantômes de créatures plus ou moins imaginaires. Pas étonnant, puisque nous sommes en présence d'un roman islandais, le premier de Soffia Bjarnadottir. On aimerait bien se laisser aller aux sortilèges de J'ai toujours ton coeur avec moi, et c'est parfois le cas, le temps de quelques passages réussies sur la réconciliation tardive, puisque post-mortem, de Hildur avec sa mère. Et le fait, qu'en fin de compte, elles se ressemblent, dans leur comportement erratique et leur incapacité à se faire comprendre de leur descendance. Cependant, malgré un charme évanescent, on navigue un peu à vue dans ce court roman qui n'offre que peu de prise au lecteur fréquemment dérouté.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Une femme va enterrer sa mère au nord de l'Islande et va prendre possession de sa maison perdue sur une petite île. Lui remonte alors les souvenirs douloureux de sa relation tourmentée avec sa mère.

Dit comme ça, cela pourrait donner l'impression d'un roman un peu triste. Et bien non ! Car nous sommes au coeur de l'Islande sauvage et que Soffia Bjarnadottir réussi à nous faire ressentir les forces invisibles de la nature et la poésie tellement particulière à ce pays. Mais la lumière vient aussi du fait que l'auteur nous parle de résilience et de comment aller de l'avant, même quand la vie n'est pas tendre...

Un très beau premier roman !
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Voilà un texte étrange car il résiste un peu, la narratrice entremêle passé et présent (un présent situé en 2018-2019, mais aucun effet d'anticipation, plutôt un élément de plus dans le côté décalé de ce premier roman), elle (ou sa mère ?) semble avoir des hallucinations bizarres, des mouches, des vers, des plumes collées, des cheveux gris, une tête dans un évier. Et puis il y a ce personnage de Siggy, une mère qui ne l'a jamais vraiment été et n'a donné aucune clé à sa fille pour devenir à son tour femme et mère. Elle lui a plutôt transmis un mal-être dont on découvre la nature à la fin et qui fait partie de la « résistance » : j'avoue que je n'avais rien lu ou presque sur ce roman, je n'aurais pas pensé à cela (je suis naïve, je me laisse raconter une histoire) et je préfère ne pas le révéler ici (le roman ne fait que 142 pages).

Une fois cette explication donnée, on comprend mieux comment la mort de sa mère pèse sur la jeune femme mais elle fait quand même passer Hildur de la résistance à la résilience, à travers un parcours semé de souffrance, de tristesse, d'incompréhension, d'angoisse. Et on se dit que cette jeune auteure a un don pour raconter la folie, le deuil, pour se glisser avec empathie dans la peau d'une petite fille ou d'une femme adulte qui n'ont pas les codes « normaux » pour affronter la réalité. Tout cela est raconté par petites touches, par courts chapitres et finit par créer le portrait attachant de Siggy et de Hildur, entourées par quelques hommes qui leur tiennent la main ou balisent leur chemin, le temps de quelques pages ensorcelantes.
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
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Hildur vient de perdre sa mère Siggy. Une femme excentrique qui l'a à peine élevée. Arrivée sur l'île, dans la maison léguée par sa génitrice, elle laisse peu à peu les souvenirs remonter. Les moments passés avec sa grand-mère Laretta, ce fils qu'elle a abandonné à son père juste après l'accouchement, son grand frère Pétur, le vieux Kafka, voisin fou amoureux de Siggy. Et puis David, colosse aux yeux vairons croisé pendant la traversée et qui vient de l'inviter à dîner. Après l'enterrement, Hildur erre, se cherche, divague, croise quelques fantômes : « Elle était morte. La femme qui m'avait mise au monde. […] Morte comme l'amour dans mes veines. Comme la montagne dans ma tête. Morte. Elle n'était plus mon nord ni mon sud, ni mon est ni mon ouest. »

Un premier roman étrange, inclassable, traversé d'une profonde mélancolie. Un texte halluciné à la construction éclatée où la voix d'Hildur résonne avec magnétisme et sensibilité : « J'ai envie de vivre et mourir à la fois. D'être et de partir. Nous sommes tous bipolaires. le désir d'un retour aux sources vit en chacun de nous, en lui s'unissent les balbutiements et la fin. »

Un roman de saison. le roman idéal pour un mois de janvier où la pluie cingle les carreaux et le vent entraîne les arbres sans feuilles dans une danse macabre. Un roman typique de ce qu'est la littérature islandaise d'aujourd'hui, il me semble. Un roman comme je les aime.

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Trop d'étrangeté pour moi dans cette histoire d'une fille de mère délirante (au sens "maladie mentale") qui nous propose ses pensées suite à sa venue dans une île perdue d'Islande, en novembre, parce que sa mère, après l'avoir répété un certain nombre de fois, a fini par mourir vraiment. Un mélange d'images sombres, de références spirituelles, d'où ressort un amour qui détruit... et un livre à côté duquel je suis passée.
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